Animēshon + Play it Again !
semaine 3

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13.09 19.09

Troisième semaine du cycle « Animēshon ».
Début du festival Play it Again !
Du 13 au 19 septembre

Animēshon, notre cycle consacré à l’animation japonaise continue pour la troisième semaine consécutive mais est entrecoupé par les films sélectionnés par le Conseil de programmation dans le cadre du Festival Play it Again ! Des films de patrimoine à regarder aujourd’hui…

Cette semaine, c’est aussi le début du Festival Play it Again ! : des films de patrimoine dans les salles d’aujourd’hui, avec cette année, une édition placée sous le signe des héroïnes. Dans ce cadre, en plus d’autres films passionnants, Le Cosmos accueille un focus sur la comédienne et réalisatrice Delphine Seyrig et également une séance inclusive ouverte à tous·tes autour du film Peau d’Âne.

Temps fort de la semaine :

• Un atelier manga (en deux sessions dédiées à deux catégories d’âge différentes) le mercredi 13 septembre.
• Un atelier pour les adultes (c’était une demande de votre part) pour découvrir les secrets de la pellicule le samedi 16 septembre, dans le cadre des Journées européennes du Patrimoine.
• Une séance inclusive autour du film Peau d’âne pour les personnes mal, non-voyantes, sourdes et malentendantes, mais aussi pour celles et ceux qui souhaitent découvrir un film autrement, toujours le samedi 16 septembre. Une séance soutenue par l’ADRC, dans le cadre du Festival Play it Again !
• Les visites racontées du Cosmos édition n°2, pour celles et ceux qui n’avaient pas pu en profiter avant l’ouverture, dans le cadre des Journées européennes du patrimoine – c’est gratuit !

Toutes les infos sont ci-dessous !

ATTENTION :
La venue de Bulle Ogier et Jean-Pierre Kalfon initialement prévue le 17 septembre, qui était sous réserve, est annulée afin de préserver les comédien·nes.

INFOS :

  • La particularité de ce cycle c’est que de nombreux films sont accessibles aux jeunes publics, plutôt que de faire une section et des séances dédiées, nous avons pour chaque film donné les âges à partir desquels ils sont accessibles.
  • Afin que les enfants puissent voir les films dans des conditions adaptées, les films seront tous montrés (sauf La Belladonne de la Tristesse et Millennium Actress, films disponibles uniquement en VOST) en VF les mercredis après-midi (séances de 13h à 18h) et les samedis et dimanches (séances entre 10h et 16h). Toutes les autres séances seront en VOST.

ACCESSIBILITÉ :

Le film Ponyo sur la Falaise (VF) et les films Peau d’Âne, Vivre sa Vie et L’Amour fou sont disponibles en audiodescription. Des boîtiers ainsi que des casques peuvent être récupérés à la billetterie. Appelez nous au 03 88 52 09 35 pour réserver votre boîtier et afin que nous puissions préparer votre venue et vous accueillir dans les meilleures conditions.

> Voir la suite de la programmation : semaine 4, du 20 au 26 septembre

MER. 13.09

(Presque) Tous les films du cycle Animēshon sont accessibles aux jeunes publics selon leurs âges. Les âges à partir desquels les films sont visibles sont en verts.

  • 13h30 | Petite salle | Le Mystère des Pingouins d’Ishida HIROYASU
    (JAP – 2019 – VF – 1h48)
    Animation
    Dès 6 ans
  • 14h00 | Grande salle | L’Amour fou de Jacques RIVETTE
    (FR – 1968 – 4h14)
    Version restaurée
  • 15h30 | Petite salle | DOUBLE-PROGRAMME Une Histoire d’Eau de Jean-Luc GODARD et François TRUFFAUT (court-métrage) suivi de Vivre sa Vie de Jean-Luc GODARD (long-métrage)
    (FR – 1958 – 0h12) + (FR – 1962 – 1h23)
    Long-métrage en version restaurée
  • 17h15 | Petite salle | DOUBLE-PROGRAMME Aspirational de Matthew FROST (court-métrage) suivi de Sois Belle et tais-toi ! de Delphine SEYRIG (long-métrage documentaire)
    (US – 2017 – VOST – 0h03) + (FR – 1976 – 1h52)
    Long-métrage en version restaurée
  • 18h30 | Grande salle | Akira de Katsuhiro ÔTOMO
    (JAP – 1988 – VOST – 2h05)
    Animation
    Dès 14 ans
  • 19h20 | Petite salle | La Belladonne de la Tristesse d’Eiichi YAMAMOTO
    (JAP – 1973 – VOST –  1h42)
    Animation
    Int. aux – de 12 ans
  • 20h50 | Grande salle | Le Garçon et la Bête de Mamoru HOSODA
    (JAP – 2016 – VOST – 2h00)
    Animation
    Dès 10 ans
  • 21h15 | Petite salle | Memories de Katsuhiro ÔTOMO, Koji MORIMOTO et Tensai OKAMURA
    (JAP + KOR – 1997 –  VOST – 1h54)
    Animation
    Dès 14 ans
    LES SÉANCES SPÉCIALES ET ANIMATION
  • MERCREDI 13 SEPTEMBRE
    Atelier dessin : Initiation au manga | Studio
    À 15H30 pour les enfants/ados de 9 à 13 ans
    À 17H dès 14 ans
    ____________________________________________
    Intervenante : Saehan Parc

    5 € par personne | Dans la limite de 12 personnes par créneau
    Durée : 1 heure | Réservation par téléphone ou en billetterie
    ____________________________________________
    Saehan Parc a toujours été fan des mangas et des animēs japonais. Autrice et illustratrice (notamment aux Éditions 2024 implantées à Strasbourg), elle vous invitera lors de cet atelier à vous initier à la forme du manga en créant de toute pièce une illustration – du squelette au croquis jusqu’au crayonné
    et l’encrage. Vous allez pouvoir découvrir comment vos artistes de manga préférés procèdent pour composer leurs images.→ Atelier en prolongement des séances du Mystère des Pingouins le même jour à 13h30 et d’Akira, le même jour à 18h30

La programmation en détail

LE MYSTÈRE DES PINGOUINS, d’Ishida HIROYASU
(JAP – 2019 – VF – 1h48)
Quand des pingouins apparaissent partout dans sa petite ville, semant au passage une joyeuse pagaille, le jeune Aoyama se dit qu’il y a là une enquête à mener.

Quand des pingouins jaillissent de bouteilles de Coca-Cola, envahissent la ville, puis sont aimantés vers une mystérieuse sphère aqueuse apparue dans un champ, Aoyama est bien décidé à percer ces phénomènes surnaturels grâce aux méthodes scientifiques. Débute pour le jeune garçon et ses amis une véritable odyssée, support d’une fable écologique mais surtout d’un délire surréaliste au sein de mondes abracadabrants. (N.B.)

> Regarder la bande-annonce

L’AMOUR FOU, de Jacques RIVETTE
(FR – 1968 – 4h14)
avec Bulle Ogier, Josée Destoop, Jean-Pierre Kalfon, Dennis Berry…
Le film-fleuve mythique de Rivette dissèque la désagrégation d’un couple pendant les répétitions d’Andromaque de Racine, à l’aide d’une caméra pseudo-documentaire et d’un couple inoubliable : Bulle Ogier et Jean-Pierre Kalfon.

Serge Daney disait (au sujet de la sortie de La Bande des Quatre en 1989) : « Ce qui est beau dans ce film, dans sa durée, c’est qu’on n’est jamais totalement pris et en même temps on ne peut pas ne pas avoir envie de voir la séquence d’après. » Oui L’Amour fou marche comme ça aussi. Il nous met sur une chaise dans la salle de spectacle où se déroulent les répétitions, nous émeut, nous perd. Mais on attend la suite, porté par la vérité des longues improvisations et l’alternance de scènes qui se jouent entre l’art et la vie, deux natures d’image, des regards, des émotions qui se croisent. Claire (Bulle Ogier) dérive, aime, dérive, … s’enregistre, les mots d’Hermione mêlés à ceux de son désespoir. André S. Labarthe interroge les comédiens, micro tendu, voix basse : « Les gens de théâtre n’accordent que peu d’importance à leur vie? » Sébastien lui aussi aime, doute et cherche un rythme nouveau à la langue de Racine, celui de la parole pour « faire que les gens se parlent ». Plasticité du théâtre, plasticité de l’amour et de la création dans la société de 1968 qui aime, se déchire et invente.
Ce film presque introuvable, a été restauré cette année en version intégrale, c’est un événement, un film rare ! (N.M.)

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UNE HISTOIRE D’EAU, de Jean-Luc GODARD et François TRUFFAUT
(FR – 1958 – 0h12)
avec Jean-Claude Brialy, Caroline Dim, Jean-Luc Godard…
Un couple veut rejoindre Paris. Il y a des inondations. Ils rencontrent quantité de difficultés qui sont prétextes à divertissement.

Ce film, tourné par Truffaut et monté par Godard est un petit bijou : un maître-étalon de la Nouvelle Vague qui présage À Bout de Souffle. L’histoire est bête comme chou : une étudiante, coincée par les inondations, tente de rejoindre Paris, elle est prise en stop par un jeune homme qui la séduit. Le génie se situe ailleurs : dans le montage frénétique, les faux-raccords, le son qui cavale, les images d’un road trip charmeur entrecoupé par celles de d’eau et ce texte, logorrhéique et sublimement écrit, dit à la fois par Caroline Dim et Jean-Luc Godard. (C.B.)

ASPIRATIONAL, de Matthew FROST
(US – 2017 – VOST – 0h03)
avec Kirsten Dunst, Lauren Robertson, Maria Blasucci…
Kirsten Dunst est abordée par deux fans, plus intéressées par des selfies, des partages et des likes que par un vrai échange avec la star…

Associer un court-métrage à un long-métrage aussi disert, révoltant et admirable que Sois Belle et tais-toi ! n’est pas chose aisée. Nous avions d’abord pensé au court-métrage récompensé Maria Schneider, 1983, une de ses interviews rejouées par plusieurs femmes. La redondance de la forme interview nous aura dissuadé·es. Quand soudain, Aspirational, tout petit film de Matthew Frost, est réapparu : si le propos du film de Delphine Seyrig est toujours d’une sidérante actualité, transposer ce Sois Belle et tais-toi ! à la culture de l’image contemporaine fait émerger un nouveau discours : et si notre regard de spectateur·rices conditionnait le regard qu’on nous offre au cinéma ? Et si nous nous interrogions avec plus de force encore sur la condition de comédienne ? (C.B.)

AKIRA, de Katsuhiro ÔTOMO
(JAP – 1988 – VOST – 2h05)
En juillet 1988, une mystérieuse explosion détruit Tokyo, déclenchant la troisième guerre mondiale. 31 ans plus tard, en 2019, Néo Tokyo a retrouvé sa prospérité d’antan et se prépare à accueillir les Jeux olympiques de 2020. 

Akira n’est pas seulement un film, c’est la genèse d’un genre. Le classique cyberpunk de Katsuhiro Otomo a bouleversé les frontières de l’animation japonaise. On pense à 2001, Blade Runner, Les Guerriers de la Nuit, La Planète interdite…C’est l’un des plus grands films d’animation jamais réalisés, son influence sur le cinéma tout entier est énorme. Le film aborde la délinquance, la conscience psychique, l’agitation sociale, la réaction du monde face à un holocauste nucléaire, la corruption, la volonté de puissance de l’enfance à la maturité, à la fois chez les individus et l’espèce humaine elle-même. Premier long métrage d’Otomo, Akira se caractérise par une qualité d’animation jamais vue à l’époque. Même si les personnages humains sont purement bidimensionnels, la métropole elle-même est un merveilleux enchevêtrement d’autoroutes, de bidonvilles, de gratte-ciel et de passages labyrinthiques, tandis que les dessins imitent les zooms, travellings et gros plans pyrotechniques des caméras de prise de vue réelle (à vingt-quatre images par seconde, fait rare jusqu’alors). L’intrigue est admirablement complexe, imaginative et chargée d’une ironie glaçante. (J.-F.P.)

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LA BELLADONE DE LA TRISTESSE, d’Eiichi YAMAMOTO
(JAP – 1973 – VOST – 1h42)
Jeanne, abusée par le seigneur de son village, pactise avec le Diable dans l’espoir d’obtenir vengeance. Métamorphosée par cette alliance, elle se réfugie dans une étrange vallée, la Belladonna…

Loin d’être réservée aux enfants, l’animation japonaise est un laboratoire qui regorge d’inventivités narratives et stylistiques. Pour preuve : Belladonna La Sorcière, œuvre fascinante, subversive et féministe qui clôt la trilogie de films érotiques d’Eiichi Yamamoto. Inspiré par La Sorcière (1862) de Jules Michelet, Belladonna narre les persécutions sexuelles subies par une jeune femme, violée par le seigneur de la contrée qui affame et torture ses serfs. Pour survivre et se venger, elle vend son corps à un diable érotomane. Muée en Belladonne de la tristesse, elle sème les graines du désir aux quatre vents, dérange l’ordre établi et finit brûlée sur le bûcher. Tour à tour gracieux, sensuel ou sanglant, ce poème lascif propose un voyage halluciné à travers de sublimes tableaux à l’encre, à l’aquarelle ou au fusain, quand il ne s’agit pas de collages de différents styles (citant Gustav Klimt, Egon Schiele, Odile Redon, l’Art nouveau, l’expressionnisme allemand, etc.). Une vraie curiosité dont on ne sort pas indemne. (N.B.)

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LE GARÇON ET LA BÊTE, de Mamoru HOSODA
(JAP – 2016 – VOST – 2h00)
Un garçon solitaire et une Bête seule vivent chacun dans deux mondes séparés. Un jour, le garçon se perd dans le monde des Bêtes où il devient le disciple de la Bête Kumatetsu. Cette rencontre fortuite est le début d’une aventure qui dépasse l’imaginaire…

Soit les puissances de l’imaginaire pour panser des blessures trop humaines, par l’un des phares de l’animation japonaise qui a exploré les relations familiales sous toutes les coutures. Un orphelin en fugue erre dans Tokyo avant de dénicher un passage secret qui le mène vers un autre monde – celui des Bêtes –, peuplé de créatures expertes en arts martiaux. À défaut de famille dans la vie réelle, Ren – rebaptisé Kyuta – trouve un maître et un père de substitution auprès d’un ours anthropomorphe, qui lui apprend à encaisser les coups et à se relever. (N.B.)

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MEMORIES, de Katsuhiro ÔTOMO, Koji MORIMOTO et Tensai OKAMURA
(JAP + KOR – 1997 – VOST – 1h54)
Trois petites histoires composent « Memories ». Dans la première, Magnetic Rose, deux voyageurs de l’espace sont aspirés dans un monde parallèle sur un astéroïde. Dans Stink Bomb, un jeune assistant dans un laboratoire se transforme accidentellement en une arme biologique humaine. Cannon Fodder, relate un jour de la vie d’une ville qui a pour unique préoccupation d’anéantir ses ennemis.

Trois segments, trois univers et trois styles visuels très différents. Le tout sous la supervision de Katsuhiro Otomo (Akira) d’après son manga paru en 1990 Kanojo no Omoide – Ses souvenirs.
La rose magnétique, réalisé par Koji Morimoto reçoit le renfort de Satoshi Kon au scénario et à la direction artistique. Techniquement stupéfiant, plus réaliste que les deux suivants, ce récit de science-fiction est porté par un puissant souffle romanesque. On pense à Solaris de Tarkovski.
La bombe puante du réalisateur Tensai Okamura apporte un contraste comique. Un jeune chimiste se transforme accidentellement en une arme biologique imparable qui se dirige directement vers Tokyo. Les tentatives démesurées pour l’en empêcher vont crescendo. On rit et on tremble un peu…Covid oblige.
Chair à canon, réalisé par Otomo lui-même, met en scène une société ultra-militarisée qui vénère un gigantesque canon. Huis clos asphyxiant et tour de force visuel (le film imite un découpage en plans-séquences), il rappelle jusqu’à la nausée le goût des humains, grands et petits, pour la guerre.
Un formidable film omnibus (voir aussi Robot Carnival et Manie Manie). (J.-F.P.)

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JEU. 14.09

(Presque) Tous les films du cycle Animēshon sont accessibles aux jeunes publics selon leurs âges. Les âges à partir desquels les films sont visibles sont en verts.

  • 13h30 | Grande salle | Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles de Chantal ACKERMAN
    (BEL + FR – 1975 – 3h14)
    Version restaurée
  • 13h45 | Petite salle | Tatouage de Yasuzo MASUMARA
    (JAP – 1966 – VOST – 1h26)
    Version restaurée
    Int. aux – de 12 ans
  • 15h30 | Petite salle | High School de Frederick WISEMAN
    (US – 1968 – VOST – 1h15)
    Documentaire
    Version restaurée
  • 17h00 | Grande salle | Peau d’Âne de Jacques DEMY
    (FR – 1970 – 1h29)
    Version restaurée
    À partir de 6 ans
  • 17h00 | Petite salle | Le Voyage de Chihiro de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 2002 – VOST – 2h06)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 18h35 | Grande salle | Les Petites Marguerites de Věra CHYTILOVÁ
    (CZ – 1966 – VOST – 1h17)
    Version restaurée
  • 19h15 | Petite salle | Ponyo sur la Falaise de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 2009 – VOST – 1h42)
    Animation
    Dès 5 ans
  • 20h05 | Grande salle | Millennium Actress de Satoshi KON
    (JAP – 2001  – VOST – 1h26)
    Animation
    Dès 10 ans
  • 21h10 | Petite salle | Le Vent se lève de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 2014 – VOST – 2h07)
    Animation
    Dès 11 ans
  • 21h45 | Grande salle | Le Château de Cagliostro de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 1979 – VOST – 1h40)
    Animation
    Dès 8 ans

La programmation en détail

JEANNE DIELMAN, 23, QUAI DU COMMERCE, 1080 BRUXELLES, de Chantal AKERMAN
(BEL + FR – 1975 – 3h14)
avec Delphine Seyrig, Jan Decorte…
Ce film-phare de la modernité, montrant l’aliénation d’une ménagère qui se prostitue pour subvenir à ses besoins, détaille en lancinants plans-séquences un quotidien qui s’apprête à dérailler.

Je me demande comment les spectateur·rices de 1975 ont réagi à ce film ? Au cinéma, à l’époque, on oscille entre femme transie d’amour, femme préparant le dîner en attendant le retour de l’homme repu de sa journée à faire tomber le fric sur le foyer ou à la tromper. Femme maman ou putain la plupart du temps assignée à résidence ou à l’homme. Jeanne est seule. Elle a une adresse. Elle répète les mêmes gestes. L’espace domestique est ritualisé, filmé presque chirurgicalement. À l’intérieur : le tout pour le tout pour s’en sortir. Voilà ce que peut être la vraie vie des femmes. Voilà aussi ce qui peut se passer quand la coupe est pleine et c’est pas joli-joli. J’imagine le choc à la hauteur du mien. Il paraîtrait même que c’est le meilleur film de tous les temps et je n’ai rien pour affirmer le contraire. (C.B.) 

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TATOUAGE, de Yasuzo MASUMARA
(JAP – 1966 – VOST – 1h26)
avec Ayako Wakao, Akio Hasegawa, Gaku Yamamoto, Kei Satō…
La sublime Ayako Wakao incarne une jeune noble déclassée devenant « femme-araignée » criminelle, dans ce film érotique gore façon années 1960, mis en scène comme un opéra flamboyant.

Otsuya et son amant fuient la maison familiale et se retrouvent chez un escroc qui vend Otsuya à un tenancier d’une maison de geishas. L’homme lui tatoue une araignée à tête humaine. Censée l’annihiler, cette araignée va au contraire donner toute la force à Otsuya de briser tout système oppressif la bridant, l’entourant, la surplombant même. Scènes de nuit magnifiques et extermination d’hommes au menu ! Masumura considérait les hommes comme « inefficaces » et « stupides » et les femmes comme puissantes. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour nous… (C.B.)

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HIGH SCHOOL, de Frederick WISEMAN
(US – 1968 – VOST – 1h15)
1968. Dans un grand lycée public de Philadelphie, les cours de langue, de cuisine, de mathématiques et de sport rythment le quotidien des élèves. Au fil de rencontres entre enseignants, étudiants, parents et responsables administratifs, l’idéologie et les valeurs sociales de l’École se révèlent.

Dans High School, on explore, on s’étonne, on sourit et on grince des dents ! La caméra, souvent en gros plans, observe impitoyablement les corps en rythme ou les expressions des élèves, hésitant·es ou bien décidé·es, face à celles des parents ou de l’autorité scolaire. En cours, des mots émergent : « Obéir, être un homme, mort de [Martin Luther] ‘King’, inégalités, système matriarcal, femelle passive, blessé, mines… » Les séquences s’enchaînent et constituent lentement la carte mentale qui s’exerce sur ces jeunes esprits aux prises avec une guerre et pris dans une grande vague de mouvements contestataires. (N.M.)

> Regarder le trailer (en VO)

PEAU D’ÂNE, de Jacques DEMY
(FR – 1970 – 1h29)
avec Catherine Deneuve, Delphine Seyrig, Jacques Perrin, Jean Marais…
Delphine Seyrig est l’exquise fée des Lilas volant au secours de la princesse sa filleule : le rayonnement de Deneuve, la musique de Legrand et la mise en scène de Demy font de ce conte cruel un enchantement.

La situation mérite attention. Plus de 50 ans après sa sortie, Peau d’Âne reste un chef-d’œuvre absolu, drôle et méchant, subversif, kitsch et nageant en pleine vague flower power. Un cake d’amour, une robe couleur du temps, un perroquet et un hélicoptère dans la forêt de Chambord, une rose qui parle et une sorcière qui crache des crapauds… Franchement, que demande le peuple ! Le film se termine d’ailleurs par les vers du conte original de Charles Perrault : « Le conte de Peau d’Âne est difficile à croire, mais tant que dans le monde on aura des enfants, des mères et des mères grands, on en gardera la mémoire. » (G.G.)

> Regarder la bande-annonce

LE VOYAGE DE CHIHIRO, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 2002 – VOST – 2h06)
Chihiro, une fillette de 10 ans, est en route vers sa nouvelle demeure en compagnie de ses parents. Au cours du voyage, la famille fait une halte dans un parc à thème qui leur paraît délabré. Lors de la visite, les parents s’arrêtent dans un des bâtiments pour déguster quelques mets très appétissants, apparus comme par enchantement…

Le film de la reconnaissance internationale (acclamé par la critique, Oscar du meilleur film d’animation, Ours d’or, des recettes à faire pâlir bien des blockbusters d’aujourd’hui). Chihiro brille par sa capacité à inventer un monde magique, fou et poétique, peuplé d’esprits du Japon (fleuves, sources, montagnes) venus se purifier des souillures qui leur sont infligées par les humains. L’aventure est spirituelle, chargée d’une vision shintoïste du monde. On en sort comme on finit un rêve étrange et pénétrant. Un chef-d’œuvre (de plus) ! (J.-F.P.)

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LES PETITES MARGUERITES, de Věra CHYTILOVÁ
(CZ – 1966 – VOST – 1h17)
avec Jitka Cerhová, Ivana Karbanová…
Un poème punk féministe, débridé et loufoque, aussi psychédélique et pop que subversif et audacieux. Un film majeur des sixties !

Dans les cieux de l’Histoire du cinéma, cette œuvre – fondamentale, séditieuse, à jamais nécessaire – est un feu d’artifice. De ces feux qui nous illuminent sans jamais s’éteindre. Voilà une véritable destruction créatrice : patriarches de tous les pays, sachez qu’une marguerite est une fleur corrosive, qui explose les cadres et remonte le réel dans un tourbillon de couleurs, de sons, et d’affronts jouissifs. Et retenons une leçon : puisque le monde est si mauvais, il faut être aussi mauvais que lui. (R.S.)

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PONYO SUR LA FALAISE, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 2009 – VOST – 1h42)
– Alors qu’il joue sur la plage, le petit Sosuke découvre une petite fille poisson rouge nommée Ponyo, piégée dans un pot de confiture. Sosuke la sauve et décide de la garder avec lui. Le petit garçon lui promet de la protéger et de s’occuper d’elle, mais le père de Ponyo, Fujimoto la force à revenir avec lui dans les profondeurs. 

On porte un regard naïf sur un sujet complexe : celui, cher à Miyazaki, d’une confrontation entre le monde des Hommes et le monde naturel. Le réalisateur, habitué des fables écologiques, propose ici une lecture plus simplifiée qu’à son habitude : il souhaite s’adresser à des enfants et proposer une histoire dans laquelle les petit·es tiennent les premiers rôles. Simplifiée mais pas simpliste ! On est loin du monde manichéen occupé par des gentil·les et des méchant·es.
Ponyo, c’est une créature mi-enfant mi-poisson au caractère bien trempé, dotée d’un coeur pur et ayant parfois des agissements aux conséquences bien lourdes… Sosuke, c’est cet enfant solitaire mais pas farouche qui aime d’un amour tendre celles et ceux qui l’entourent. Il fait partie du monde humain qui a plutôt tendance à occuper et abimer les profondeurs aquatiques.
De leur rencontre s’en suit un voyage initiatique qui permettra à nos personnages de grandir sans jamais perdre la bonté qui les caractérise. Simple, touchante et naïve jusque dans ses traits de crayons, cette histoire vous entraînera au plus profond de l’océan dans un conte qui parvient à saisir l’absolue beauté de l’enfance. (M.F.)

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MILLENNIUM ACTRESS, de Satoshi KON
(JAP – 2001  – VOST – 1h26)
Chiyoko Fujiwara, ancienne gloire du cinéma japonais, vit recluse chez elle. Un journaliste, fervent admirateur, vient l’interviewer sur son passé. L’actrice révèle son secret : une vie de passion, passée à rechercher un étrange inconnu, celui-là même qui lui a un jour remis une clé…

Après Perfect Blue, Satoshi Kon, maître de la mise en abyme et du trompe-l’œil, construit un poème d’amour au cinéma en dressant le portrait fragmenté de Chiyoko. L’actrice légendaire raconte à un documentariste comment sa carrière dans le cinéma s’est déroulée parallèlement à sa recherche d’un amour insaisissable. Chiyoko, le documentariste et son cameraman sont projetés dans les souvenirs et les séquences filmiques de la star, comme des fantômes du présent. La grande et la petite histoire, l’histoire du cinéma s’entrelacent, les espaces-temps s’entrechoquent en un déluge de citations : la science-fiction et l’époque féodale, la guerre sino-japonaise en Mandchourie et les décombres d’Hiroshima, Kurosawa et Ozu. Mille ans d’histoire et cent ans de cinéma, fragiles comme un souffle. L’ensemble est unifié par la présence mélodramatique et intemporelle de l’actrice. La progression graduelle d’images simples à complexes, ainsi que l’utilisation créative de textures et de couleurs pour exprimer l’émotion, enveloppent lentement le/la spectateur·rice. C’est l’animation elle-même qui construit le drame. Satoshi Kon est un génie du récit. (J.-F.P.)

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LE VENT SE LÈVE, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 2014 – VOST – 2h07)
Jiro rêve de voler et de dessiner de magnifiques avions. Mais sa mauvaise vue l’empêche de devenir pilote. Il se fait engager dans le département aéronautique d’une importante entreprise d’ingénierie en 1927 où son génie est reconnu.

L’une des obsessions de Hayao Miyazaki, dont le père livrait des gouvernails pour les avions kamikazes de la Seconde Guerre mondiale : comment la plus belle des inventions, offrant aux hommes la possibilité de voler dans le ciel comme les oiseaux, s’est-elle retournée en engin de mort ? C’est cette question ambiguë qu’explore son film le plus « réaliste », Le vent se lève, biopic romancé de Jirô Horikoshi. Cet ingénieur passionné a donné vie – presque à son corps défendant – aux chasseurs-bombardiers Zéro qui ont fait tant de dégâts. Fresque historique s’offrant des échappées oniriques, Le vent se lève contient une tragique histoire d’amour, mais est surtout une ode à la création malgré les aléas de l’Histoire. Le tout résumé par ce vers polysémique du Cimetière marin de Paul Valéry, qui donne son titre au film : « Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre ! » On y découvre enfin l’une des origines du nom du fameux studio, inspiré du bimoteur Ca. 309 Ghibli façonné par l’Italien Caproni, avec qui Jirô converse en rêve. (N.B.)

> Regarder la bande-annonce

LE CHÂTEAU DE CAGLIOSTRO, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 1979 – VOST – 1h40)
Bien que séduire les plus jolies femmes du monde soit son passe-temps favori, Edgar, gentleman-cambrioleur, vient de dévaliser avec succès un casino très protégé. C’est alors qu’il découvre que tous les billets de banque qui constituent son butin sont faux.

Inspiré de la bande dessinée Lupin III (« petit fils » du Lupin créé par Maurice Leblanc) du mangaka Monkey Punch, aventureux, bondissant, le premier long métrage d’Hayao Miyazaki porte déjà sa poésie personnelle, son sens du décor (les paysages comme les plus petits détails), sa mise en scène de l’action dans l’espace, étourdissante, et sa fascination pour les machines volantes. C’est aussi une mine de références littéraires et filmiques : Dumas et Leblanc, Paul Grimault, James Bond et Bébel, mafieux et samouraïs. Un coup de maître. (J.-F.P.)

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VEN. 15.09

(Presque) Tous les films du cycle Animēshon sont accessibles aux jeunes publics selon leurs âges. Les âges à partir desquels les films sont visibles sont en verts.

  • 13h15 | Grande salle | DOUBLE-PROGRAMME Aspirational de Matthew FROST (court-métrage) suivi de Sois Belle et tais-toi ! de Delphine SEYRIG (long-métrage documentaire)
    (US – 2017 – VOST – 0h03) + (FR – 1976 – 1h52)
    Long-métrage en version restaurée
  • 15h20 | Grande salle | India Song de Marguerite DURAS
    (FR – 1975 – 2h00)
    Version restaurée
  • 17h30 | Grande salle | Tatouage de Yasuzo MASUMARA
    (JAP – 1966 – VOST – 1h26)
    Version restaurée
    Int. aux – de 12 ans
  • 17h50 | Petite salle | High School de Frederick WISEMAN
    (US – 1968 – VOST – 1h15)
    Documentaire
    Version restaurée
  • 19h10 | Grande salle | Memories de Katsuhiro ÔTOMO, Koji MORIMOTO et Tensai OKAMURA
    (JAP + KOR – 1997 –  VOST – 1h54)
    Animation
    Dès 14 ans
  • 19h20 | Petite salle | La Chance sourit à Madame Nikuko d’Ayumu WATANABE
    (JAP – 2021 – VOST – 1h36)
    Animation
    Dès 12 ans
  • 21h10 | Petite salle | Akira de Katsuhiro ÔTOMO
    (JAP – 1988 – VOST – 2h05)
    Animation
    Dès 14 ans
  • 21h15 | Grande salle | Le Vent se lève de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 2014 – VOST – 2h07)
    Animation
    Dès 11 ans

La programmation en détail

ASPIRATIONAL, de Matthew FROST
(US – 2017 – VOST – 0h03)
avec Kirsten Dunst, Lauren Robertson, Maria Blasucci…
Kirsten Dunst est abordée par deux fans, plus intéressées par des selfies, des partages et des likes que par un vrai échange avec la star…

Associer un court-métrage à un long-métrage aussi disert, révoltant et admirable que Sois Belle et tais-toi ! n’est pas chose aisée. Nous avions d’abord pensé au court-métrage récompensé Maria Schneider, 1983, une de ses interviews rejouées par plusieurs femmes. La redondance de la forme interview nous aura dissuadé·es. Quand soudain, Aspirational, tout petit film de Matthew Frost, est réapparu : si le propos du film de Delphine Seyrig est toujours d’une sidérante actualité, transposer ce Sois Belle et tais-toi ! à la culture de l’image contemporaine fait émerger un nouveau discours : et si notre regard de spectateur·rices conditionnait le regard qu’on nous offre au cinéma ? Et si nous nous interrogions avec plus de force encore sur la condition de comédienne ? (C.B.)

SOIS BELLE ET TAIS-TOI !, de Delphine SEYRIG
(FR – 1976 – 1h52)
avec Jane Fonda, Maria Schneider, Shirley MacLaine, Ellen Burstyn…
Delphine Seyrig interroge une vingtaine d’actrices sur leur métier et les stéréotypes qu’on leur a imposés, dont Maria Schneider, Juliet Berto, Jane Fonda et la percutante Ellen Burstyn.

Déjà sorti en salles en 2023, déjà passé sur Arte, déjà vu peut-être, et vous pensez que ça suffit ? Sérieusement ? Sois Belle et tais-toi ! devrait être programmé dès le collège et être revu régulièrement, comme les leçons de secourisme. Histoire que ça ne s’évapore pas complètement à l’approche du premier blockbuster qui passe. Ce film est rare et surprenant. Plus que l’on imagine. Plus que la bande-annonce ne le laisse présager.
Chaque homme de plus de 35 ans qui viendra au Cosmos pour cette séance, se verra offrir un cadeau… (A.B.)

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INDIA SONG, de Marguerite DURAS
(FR – 1975 – 2h00)
avec Delphine Seyrig, Claude Mann, Michael Lonsdale, Mathieu Carrière…
Dans son plus beau film, avec des moyens dérisoires, Duras évoque une histoire d’amour impossible dans l’Inde des années 1930, dissociant image et voix off sur la musique de Carlos d’Alessio.

Imaginé suite à la création d’une pièce radiophonique, India Song est un cri d’amour désespéré, un film sensoriel, musical, et ne respectant aucune trame narrative classique. Conçu en seulement 73 plans et en ayant uniquement recours à la voix off (parce que Duras n’y connaissait rien en mixage), India Song retranscrit la moiteur de Calcutta à Boulogne-Billancourt, tout racontant le trou noir qu’est le désir. Mais India Song est aussi une chanson, une mélodie de Carlos D’Alessio immortalisée par Jeanne Moreau et qui est, pour paraphraser Michael Lonsdale, vice-consul de Lahore, « un air qui donne envie d’aimer, alors que l’on a jamais aimé. » (G.G.)

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TATOUAGE, de Yasuzo MASUMARA
(JAP – 1966 – VOST – 1h26)
avec Ayako Wakao, Akio Hasegawa, Gaku Yamamoto, Kei Satō…
La sublime Ayako Wakao incarne une jeune noble déclassée devenant « femme-araignée » criminelle, dans ce film érotique gore façon années 1960, mis en scène comme un opéra flamboyant.

Otsuya et son amant fuient la maison familiale et se retrouvent chez un escroc qui vend Otsuya à un tenancier d’une maison de geishas. L’homme lui tatoue une araignée à tête humaine. Censée l’annihiler, cette araignée va au contraire donner toute la force à Otsuya de briser tout système oppressif la bridant, l’entourant, la surplombant même. Scènes de nuit magnifiques et extermination d’hommes au menu ! Masumura considérait les hommes comme « inefficaces » et « stupides » et les femmes comme puissantes. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour nous… (C.B.)

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HIGH SCHOOL, de Frederick WISEMAN
(US – 1968 – VOST – 1h15)
1968. Dans un grand lycée public de Philadelphie, les cours de langue, de cuisine, de mathématiques et de sport rythment le quotidien des élèves. Au fil de rencontres entre enseignants, étudiants, parents et responsables administratifs, l’idéologie et les valeurs sociales de l’École se révèlent.

Dans High School, on explore, on s’étonne, on sourit et on grince des dents ! La caméra, souvent en gros plans, observe impitoyablement les corps en rythme ou les expressions des élèves, hésitant·es ou bien décidé·es, face à celles des parents ou de l’autorité scolaire. En cours, des mots émergent : « Obéir, être un homme, mort de [Martin Luther] ‘King’, inégalités, système matriarcal, femelle passive, blessé, mines… » Les séquences s’enchaînent et constituent lentement la carte mentale qui s’exerce sur ces jeunes esprits aux prises avec une guerre et pris dans une grande vague de mouvements contestataires. (N.M.)

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MEMORIES, de Katsuhiro ÔTOMO, Koji MORIMOTO et Tensai OKAMURA
(JAP + KOR – 1997 – VOST – 1h54)
Trois petites histoires composent « Memories ». Dans la première, Magnetic Rose, deux voyageurs de l’espace sont aspirés dans un monde parallèle sur un astéroïde. Dans Stink Bomb, un jeune assistant dans un laboratoire se transforme accidentellement en une arme biologique humaine. Cannon Fodder, relate un jour de la vie d’une ville qui a pour unique préoccupation d’anéantir ses ennemis.

Trois segments, trois univers et trois styles visuels très différents. Le tout sous la supervision de Katsuhiro Otomo (Akira) d’après son manga paru en 1990 Kanojo no Omoide – Ses souvenirs.
La rose magnétique, réalisé par Koji Morimoto reçoit le renfort de Satoshi Kon au scénario et à la direction artistique. Techniquement stupéfiant, plus réaliste que les deux suivants, ce récit de science-fiction est porté par un puissant souffle romanesque. On pense à Solaris de Tarkovski.
La bombe puante du réalisateur Tensai Okamura apporte un contraste comique. Un jeune chimiste se transforme accidentellement en une arme biologique imparable qui se dirige directement vers Tokyo. Les tentatives démesurées pour l’en empêcher vont crescendo. On rit et on tremble un peu…Covid oblige.
Chair à canon, réalisé par Otomo lui-même, met en scène une société ultra-militarisée qui vénère un gigantesque canon. Huis clos asphyxiant et tour de force visuel (le film imite un découpage en plans-séquences), il rappelle jusqu’à la nausée le goût des humains, grands et petits, pour la guerre.
Un formidable film omnibus (voir aussi Robot Carnival et Manie Manie). (J.-F.P.)

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LA CHANCE SOURIT À MADAME NIKUKO, d’Ayumu WATANABE
(JAP – 2021 – VOST – 1h36)
Nikuko est une mère célibataire bien en chair et fière de l’être, tout en désir et joie de vivre – un véritable outrage à la culture patriarcale japonaise ! Après avoir ballotté sa fille Kikurin la moitié de sa vie, elle s’installe dans un petit village de pêcheurs et trouve un travail. Mais un secret du passé ressurgit…

Après Les Enfants de la Mer, Ayumu Watanabe se penche sur une relation mère-fille et dessine une famille minimale où la gêne le dispute à la tendresse. Kikurin aime-t-elle sa mère ou en a-t-elle honte ? Mme Nikuko est-elle pudique, apprêtée, discrète (toutes qualités attendues chez la femme nippone) ? Non ! Mme Nikuko parle, rit, ronfle haut et fort, boit sec et ne s’embarrasse d’aucune convenance. La beauté du film repose pour partie dans la manière dont Watanabe transpose sur le plan graphique le conflit moral de la jeune fille. Le corps brut, libre, expressionniste de Nikuko se heurte en permanence à un univers normé (trop beau pour être honnête ?). (J.-F.P.)

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AKIRA, de Katsuhiro ÔTOMO
(JAP – 1988 – VOST – 2h05)
En juillet 1988, une mystérieuse explosion détruit Tokyo, déclenchant la troisième guerre mondiale. 31 ans plus tard, en 2019, Néo Tokyo a retrouvé sa prospérité d’antan et se prépare à accueillir les Jeux olympiques de 2020. 

Akira n’est pas seulement un film, c’est la genèse d’un genre. Le classique cyberpunk de Katsuhiro Otomo a bouleversé les frontières de l’animation japonaise. On pense à 2001, Blade Runner, Les Guerriers de la Nuit, La Planète interdite…C’est l’un des plus grands films d’animation jamais réalisés, son influence sur le cinéma tout entier est énorme. Le film aborde la délinquance, la conscience psychique, l’agitation sociale, la réaction du monde face à un holocauste nucléaire, la corruption, la volonté de puissance de l’enfance à la maturité, à la fois chez les individus et l’espèce humaine elle-même. Premier long métrage d’Otomo, Akira se caractérise par une qualité d’animation jamais vue à l’époque. Même si les personnages humains sont purement bidimensionnels, la métropole elle-même est un merveilleux enchevêtrement d’autoroutes, de bidonvilles, de gratte-ciel et de passages labyrinthiques, tandis que les dessins imitent les zooms, travellings et gros plans pyrotechniques des caméras de prise de vue réelle (à vingt-quatre images par seconde, fait rare jusqu’alors). L’intrigue est admirablement complexe, imaginative et chargée d’une ironie glaçante. (J.-F.P.)

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LE VENT SE LÈVE, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 2014 – VOST – 2h07)
Jiro rêve de voler et de dessiner de magnifiques avions. Mais sa mauvaise vue l’empêche de devenir pilote. Il se fait engager dans le département aéronautique d’une importante entreprise d’ingénierie en 1927 où son génie est reconnu.

L’une des obsessions de Hayao Miyazaki, dont le père livrait des gouvernails pour les avions kamikazes de la Seconde Guerre mondiale : comment la plus belle des inventions, offrant aux hommes la possibilité de voler dans le ciel comme les oiseaux, s’est-elle retournée en engin de mort ? C’est cette question ambiguë qu’explore son film le plus « réaliste », Le vent se lève, biopic romancé de Jirô Horikoshi. Cet ingénieur passionné a donné vie – presque à son corps défendant – aux chasseurs-bombardiers Zéro qui ont fait tant de dégâts. Fresque historique s’offrant des échappées oniriques, Le vent se lève contient une tragique histoire d’amour, mais est surtout une ode à la création malgré les aléas de l’Histoire. Le tout résumé par ce vers polysémique du Cimetière marin de Paul Valéry, qui donne son titre au film : « Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre ! » On y découvre enfin l’une des origines du nom du fameux studio, inspiré du bimoteur Ca. 309 Ghibli façonné par l’Italien Caproni, avec qui Jirô converse en rêve. (N.B.)

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SAM. 16.09

(Presque) Tous les films du cycle Animēshon sont accessibles aux jeunes publics selon leurs âges. Les âges à partir desquels les films sont visibles sont en verts.

  • 10h00 | Grande salle | La Boîte à Malice de Koji YAMAMURA
    Programme de 5 courts-métrages – 38 min.
    Animation
    Dès 2 ans
  • 10h10 | Petite salle | Ponyo sur la Falaise de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 2009 – VF – 1h42)
    Animation 
    Dès 5 ans
  • 10h50 | Grande salle | Le Serpent blanc de Taiji YABUSHITA
    (JAP – 1958 – VF – 1h20)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 13h00 | Grande salle | India Song de Marguerite DURAS
    (FR – 1975 – 2h00)
    Version restaurée
  • 13h30 | Petite salle | High School de Frederick WISEMAN
    (US – 1968 – VOST – 1h15)
    Documentaire
    Version restaurée
  • 15h00 | Petite salle | Les Petites Marguerites de Věra CHYTILOVÁ
    (CZ – 1966 – VOST – 1h17)
    Version restaurée
  • 15h10 | Grande salle | Peau d’Âne de Jacques DEMY
    (FR – 1970 – 1h29)
    Version restaurée
    À partir de 6 ans
  • 16h30 | Petite salle | DOUBLE-PROGRAMME Une Histoire d’Eau de Jean-Luc GODARD et François TRUFFAUT (court-métrage) suivi de Vivre sa Vie de Jean-Luc GODARD (long-métrage)
    (FR – 1958 – 0h12) + (FR – 1962 – 1h23)
    Long-métrage en version restaurée
  • 18h00 | Grande salle | DOUBLE-PROGRAMME Aspirational de Matthew FROST (court-métrage) suivi de Sois Belle et tais-toi ! de Delphine SEYRIG (long-métrage documentaire)
    (US – 2017 – VOST – 0h03) + (FR – 1976 – 1h52)
    Long-métrage en version restaurée
  • 18h20 | Petite salle | Tatouage de Yasuzo MASUMARA
    (JAP – 1966 – VOST – 1h26)
    Version restaurée
    Int. aux – de 12 ans
  • 20h00 | Petite salle | Le Voyage de Chihiro de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 2002 – VOST – 2h06)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 20h10 | Grande salle | Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles de Chantal ACKERMAN
    (BEL + FR – 1975 – 3h14)
    Version restauréeLES SÉANCES SPÉCIALES ET ANIMATIONS
  • SAMEDI 16 SEPTEMBRE
    Atelier adultes : Découverte de la pellicule | Studio | 11 heures
    DANS LE CADRE DES JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE
    ____________________________________________
    Intervenant : Sébastien Ronceray

    5 € par personne | Dans la limite de 15 personnes
    Durée : 1h30 | Réservation par téléphone ou en billetterie
    ____________________________________________
    Sébastien Ronceray est co-fondateur de l’association Braquage installée à Paris. L’association sensibilise les publics au cinéma et aux outils argentiques et s’emploient à diffuser des films expérimentaux dans les salles indépendantes, les institutions, les festivals. Cinéaste, passionné (évidemment !) et critique, il travaille par ailleurs à La Cinémathèque française où il est en charge des activités pratiques et théoriques.
    2023 sonnant le centenaire du format 16 mm, l’occasion était trop belle de proposer un atelier permettant de découvrir de la pellicule. Sébastien présentera les différents formats d’images et les modes de prises de vue et révélera les mécanismes du projecteur.
    → Au sein de la programmation Animēshon, le film Le Serpent blanc est diffusé en pellicule 35 mm.
  • SAMEDI 16 SEPTEMBRE
    Séance inclusive : Peau d’Âne, de Jacques Demy | Grande salle | 15h10
    DANS LE CADRE DU FESTIVAL PLAY IT AGAIN !
    ____________________________________________
    Séance présentée par Eugénie Filho, critique de cinéma
    Tarifs habituels
    Le tarif de groupe peut s’appliquer pour les associations et structures sociales, renseignements et inscriptions obligatoires par téléphone.
    Pour les personnes mal et non-voyantes, sourdes et malentendantes, ou tout autre personne en situation de handicap, appelez-nous au 03 88 52 09 35 ou écrivez-nous à agora@cinema-cosmos.eu pour vous inscrire et pour que nous puissions vous accueillir dans les meilleures conditions (des bénévoles encadreront cette séance).
    20 personnes maximum pourront profiter de l’audiodescription (boîtiers et casques mis à disposition).
    ____________________________________________
    Le Programme Ciné inclusif, intégré au festival Play It Again !, est organisé conjointement avec Matmut pour les arts, l’ADRC et l’association Les Yeux Dits. Le film Peau d’Âne (accessible dès 6 ans) sera projeté avec des sous- titres adaptés pour les personnes sourdes et malentendantes et sera audio-décrit à l’aide de boîtiers mis à disposition pour les personnes mal ou non-voyantes. La rencontre sera signée.
    C’est aussi l’occasion de découvrir ces techniques qui, appliquées au cinéma, permettent d’apprécier un film autrement ! Cette séance, adressée à toutes et tous, sera présentée par Eugénie Filho, directrice de publication et critique au sein de la revues Revus & corrigés : découvrez ce grand classique du cinéma français sous un autre angle et tous ses secrets !

La programmation en détail

PROGRAMME DE COURTS-MÉTRAGES
LA BOÎTE À MALICE – 38 MIN., de Koji YAMAMURA
Les plus petit·es aussi ont droit à leur séance d’animation japonaise ! Dans cette série, réunie par Les Films du Préau, 5 courts-métrages poétiques et avant-gardistes sont présentés pour une durée totale de 38 minutes. Le format idéal pour les 2 ans et plus et pour les premières sorties au cinéma ! Koji Yamamura met en scène le quotidien avec beauté pour le plus grand bonheur des tout petit·es et des plus grand·es.

– Une maison
JAP – 1993 – Sans dialogue – 4 mn
En survolant un paysage enneigé, Karo l’oiseau bleu et Piyobuputo l’oiseau rose, découvrent un vieil arbre. Ils vont construire leur maison sur l’une de ses branches.

– Les sandwiches
JAP – 1993 – Sans dialogue – 4 mn 20
Confortablement installés dans leur nouvelle maison, Karo et Piyobuputo préparent des sandwiches pour un pique nique. Une préparation très festive…

– Imagination
JAP – 1993 – Sans dialogue – 4 mn 20
Il pleut averse. Karo rentre vite à la maison et raconte à Piyobuputo qu’il a croisé un poisson volant… Ce dernier éclate de rire et entraîne à son tour son ami dans un monde imaginaire.

– Kipling Junior
JAP – 1995 – VO – 15 mn
Kipling Junior vit avec ses parents dans une petite maison à la campagne. Il a pour amis une bande d’insectes musiciens et décide de les accompagner en ville pour un concert. Est-ce vraiment une bonne idée ?

– Quel est ton choix ?
JAP – 1999 – VO – 10 mn
Raoul l’alligator a mal aux dents, mais il a également besoin d’une coupe de cheveux. Il hésite : ira-t-il chez le coiffeur ou chez le dentiste ?

PONYO SUR LA FALAISE, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 2009 – VF – 1h42)
– Alors qu’il joue sur la plage, le petit Sosuke découvre une petite fille poisson rouge nommée Ponyo, piégée dans un pot de confiture. Sosuke la sauve et décide de la garder avec lui. Le petit garçon lui promet de la protéger et de s’occuper d’elle, mais le père de Ponyo, Fujimoto la force à revenir avec lui dans les profondeurs. 

On porte un regard naïf sur un sujet complexe : celui, cher à Miyazaki, d’une confrontation entre le monde des Hommes et le monde naturel. Le réalisateur, habitué des fables écologiques, propose ici une lecture plus simplifiée qu’à son habitude : il souhaite s’adresser à des enfants et proposer une histoire dans laquelle les petit·es tiennent les premiers rôles. Simplifiée mais pas simpliste ! On est loin du monde manichéen occupé par des gentil·les et des méchant·es.
Ponyo, c’est une créature mi-enfant mi-poisson au caractère bien trempé, dotée d’un coeur pur et ayant parfois des agissements aux conséquences bien lourdes… Sosuke, c’est cet enfant solitaire mais pas farouche qui aime d’un amour tendre celles et ceux qui l’entourent. Il fait partie du monde humain qui a plutôt tendance à occuper et abimer les profondeurs aquatiques.
De leur rencontre s’en suit un voyage initiatique qui permettra à nos personnages de grandir sans jamais perdre la bonté qui les caractérise. Simple, touchante et naïve jusque dans ses traits de crayons, cette histoire vous entraînera au plus profond de l’océan dans un conte qui parvient à saisir l’absolue beauté de l’enfance. (M.F.)

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LE SERPENT BLANC, de Taiji YABUSHITA
(JAP – 1958 – VF – 1h20)
Dans la Chine ancienne, un enfant achète au marché un petit serpent blanc. Mais ses parents n’en veulent pas. Il doit donc se résigner, la mort dans l’âme, à le relâcher. Quelques années plus tard, l’enfant est devenu un jeune homme, tandis que le reptile refait son apparition sous la forme d’une princesse…

Une pierre fondatrice… Le Serpent blanc est le tout premier long-métrage d’animation de la Tôei Dôga, fondée en 1956, qui aspire à devenir le « Disney de l’Orient ». Avant de s’attaquer aux classiques de la littérature jeunesse occidentale, le studio s’inspire de légendes chinoises : du Serpent blanc (1958) à la série Dragon Ball (1986-1989). Maintes fois porté à l’écran, le conte oppose une femme-serpent, amoureuse d’un simple mortel, à un moine qui pourfend les esprits. Objet de plusieurs adaptations en Chine, il met en scène une figure féminine plus ou moins ambivalente, amoureuse transie ou amante maléfique. Fourmillant de merveilles, la version animée de la Tôei met l’accent sur l’amour indéfectible du couple, par-delà ses différences. (N.B.)

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INDIA SONG, de Marguerite DURAS
(FR – 1975 – 2h00)
avec Delphine Seyrig, Claude Mann, Michael Lonsdale, Mathieu Carrière…
Dans son plus beau film, avec des moyens dérisoires, Duras évoque une histoire d’amour impossible dans l’Inde des années 1930, dissociant image et voix off sur la musique de Carlos d’Alessio. 

Imaginé suite à la création d’une pièce radiophonique, India Song est un cri d’amour désespéré, un film sensoriel, musical, et ne respectant aucune trame narrative classique. Conçu en seulement 73 plans et en ayant uniquement recours à la voix off (parce que Duras n’y connaissait rien en mixage), India Song retranscrit la moiteur de Calcutta à Boulogne-Billancourt, tout racontant le trou noir qu’est le désir. Mais India Song est aussi une chanson, une mélodie de Carlos D’Alessio immortalisée par Jeanne Moreau et qui est, pour paraphraser Michael Lonsdale, vice-consul de Lahore, « un air qui donne envie d’aimer, alors que l’on a jamais aimé. » (G.G.)

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HIGH SCHOOL, de Frederick WISEMAN
(US – 1968 – VOST – 1h15)
1968. Dans un grand lycée public de Philadelphie, les cours de langue, de cuisine, de mathématiques et de sport rythment le quotidien des élèves. Au fil de rencontres entre enseignants, étudiants, parents et responsables administratifs, l’idéologie et les valeurs sociales de l’École se révèlent. 

Dans High School, on explore, on s’étonne, on sourit et on grince des dents ! La caméra, souvent en gros plans, observe impitoyablement les corps en rythme ou les expressions des élèves, hésitant·es ou bien décidé·es, face à celles des parents ou de l’autorité scolaire. En cours, des mots émergent : « Obéir, être un homme, mort de [Martin Luther] ‘King’, inégalités, système matriarcal, femelle passive, blessé, mines… » Les séquences s’enchaînent et constituent lentement la carte mentale qui s’exerce sur ces jeunes esprits aux prises avec une guerre et pris dans une grande vague de mouvements contestataires. (N.M.)

> Regarder le trailer (en VO)

LES PETITES MARGUERITES, de Věra CHYTILOVÁ
(CZ – 1966 – VOST – 1h17)
avec Jitka Cerhová, Ivana Karbanová…
Un poème punk féministe, débridé et loufoque, aussi psychédélique et pop que subversif et audacieux. Un film majeur des sixties !

Dans les cieux de l’Histoire du cinéma, cette œuvre – fondamentale, séditieuse, à jamais nécessaire – est un feu d’artifice. De ces feux qui nous illuminent sans jamais s’éteindre. Voilà une véritable destruction créatrice : patriarches de tous les pays, sachez qu’une marguerite est une fleur corrosive, qui explose les cadres et remonte le réel dans un tourbillon de couleurs, de sons, et d’affronts jouissifs. Et retenons une leçon : puisque le monde est si mauvais, il faut être aussi mauvais que lui. (R.S.)

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PEAU D’ÂNE, de Jacques DEMY
(FR – 1970 – 1h29)
avec Catherine Deneuve, Delphine Seyrig, Jacques Perrin, Jean Marais…
Delphine Seyrig est l’exquise fée des Lilas volant au secours de la princesse sa filleule : le rayonnement de Deneuve, la musique de Legrand et la mise en scène de Demy font de ce conte cruel un enchantement.

La situation mérite attention. Plus de 50 ans après sa sortie, Peau d’Âne reste un chef-d’œuvre absolu, drôle et méchant, subversif, kitsch et nageant en pleine vague flower power. Un cake d’amour, une robe couleur du temps, un perroquet et un hélicoptère dans la forêt de Chambord, une rose qui parle et une sorcière qui crache des crapauds… Franchement, que demande le peuple ! Le film se termine d’ailleurs par les vers du conte original de Charles Perrault : « Le conte de Peau d’Âne est difficile à croire, mais tant que dans le monde on aura des enfants, des mères et des mères grands, on en gardera la mémoire. » (G.G.)

> Regarder la bande-annonce

UNE HISTOIRE D’EAU, de Jean-Luc GODARD et François TRUFFAUT
(FR – 1958 – 0h12)
avec Jean-Claude Brialy, Caroline Dim, Jean-Luc Godard…
Un couple veut rejoindre Paris. Il y a des inondations. Ils rencontrent quantité de difficultés qui sont prétextes à divertissement.

Ce film, tourné par Truffaut et monté par Godard est un petit bijou : un maître-étalon de la Nouvelle Vague qui présage À Bout de Souffle. L’histoire est bête comme chou : une étudiante, coincée par les inondations, tente de rejoindre Paris, elle est prise en stop par un jeune homme qui la séduit. Le génie se situe ailleurs : dans le montage frénétique, les faux-raccords, le son qui cavale, les images d’un road trip charmeur entrecoupé par celles de d’eau et ce texte, logorrhéique et sublimement écrit, dit à la fois par Caroline Dim et Jean-Luc Godard. (C.B.)

VIVRE SA VIE, de Jean-Luc GODARD
(FR – 1962 – 1h23)
avec Anna Karina, Sady Rebbot, André S. Labarthe, Guylaine Schlumberger, Brice Parain…
Godard filme un poème d’amour à Anna Karina en même temps qu’un constat social sur la déchéance d’une jeune femme, avec références à la Loulou de Pabst et à la Jeanne d’Arc de Dreyer.

Désormais Godard comme Karina sont deux figures tutélaires qui nous manquent et à qui l’on s’adresse en regardant des images depuis l’outre-monde des vivants. On a trop peu démontré que les œuvres godardiennes étaient celles de couple au travail (bien après Anna il y aura Miéville, et avant Miéville il y aura eu Gorin). Au fond, Vivre sa Vie est un essai d’impression du sublime sur pellicule : du fameux champ-contrechamp avec Renée Falconetti au Portrait ovale d’Edgar Poe, « après tout, tout est beau. » (R.S.)

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ASPIRATIONAL, de Matthew FROST
(US – 2017 – VOST – 0h03)
avec Kirsten Dunst, Lauren Robertson, Maria Blasucci…
Kirsten Dunst est abordée par deux fans, plus intéressées par des selfies, des partages et des likes que par un vrai échange avec la star…

Associer un court-métrage à un long-métrage aussi disert, révoltant et admirable que Sois Belle et tais-toi ! n’est pas chose aisée. Nous avions d’abord pensé au court-métrage récompensé Maria Schneider, 1983, une de ses interviews rejouées par plusieurs femmes. La redondance de la forme interview nous aura dissuadé·es. Quand soudain, Aspirational, tout petit film de Matthew Frost, est réapparu : si le propos du film de Delphine Seyrig est toujours d’une sidérante actualité, transposer ce Sois Belle et tais-toi ! à la culture de l’image contemporaine fait émerger un nouveau discours : et si notre regard de spectateur·rices conditionnait le regard qu’on nous offre au cinéma ? Et si nous nous interrogions avec plus de force encore sur la condition de comédienne ? (C.B.)

SOIS BELLE ET TAIS-TOI !, de Delphine SEYRIG
(FR – 1976 – 1h52)
avec Jane Fonda, Maria Schneider, Shirley MacLaine, Ellen Burstyn…
Delphine Seyrig interroge une vingtaine d’actrices sur leur métier et les stéréotypes qu’on leur a imposés, dont Maria Schneider, Juliet Berto, Jane Fonda et la percutante Ellen Burstyn.

Déjà sorti en salles en 2023, déjà passé sur Arte, déjà vu peut-être, et vous pensez que ça suffit ? Sérieusement ? Sois Belle et tais-toi ! devrait être programmé dès le collège et être revu régulièrement, comme les leçons de secourisme. Histoire que ça ne s’évapore pas complètement à l’approche du premier blockbuster qui passe. Ce film est rare et surprenant. Plus que l’on imagine. Plus que la bande-annonce ne le laisse présager.
Chaque homme de plus de 35 ans qui viendra au Cosmos pour cette séance, se verra offrir un cadeau… (A.B.)

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TATOUAGE, de Yasuzo MASUMARA
(JAP – 1966 – VOST – 1h26)
avec Ayako Wakao, Akio Hasegawa, Gaku Yamamoto, Kei Satō…
La sublime Ayako Wakao incarne une jeune noble déclassée devenant « femme-araignée » criminelle, dans ce film érotique gore façon années 1960, mis en scène comme un opéra flamboyant.

Otsuya et son amant fuient la maison familiale et se retrouvent chez un escroc qui vend Otsuya à un tenancier d’une maison de geishas. L’homme lui tatoue une araignée à tête humaine. Censée l’annihiler, cette araignée va au contraire donner toute la force à Otsuya de briser tout système oppressif la bridant, l’entourant, la surplombant même. Scènes de nuit magnifiques et extermination d’hommes au menu ! Masumura considérait les hommes comme « inefficaces » et « stupides » et les femmes comme puissantes. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour nous… (C.B.)

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LE VOYAGE DE CHIHIRO, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 2002 – VOST – 2h06)
Chihiro, une fillette de 10 ans, est en route vers sa nouvelle demeure en compagnie de ses parents. Au cours du voyage, la famille fait une halte dans un parc à thème qui leur paraît délabré. Lors de la visite, les parents s’arrêtent dans un des bâtiments pour déguster quelques mets très appétissants, apparus comme par enchantement…

Le film de la reconnaissance internationale (acclamé par la critique, Oscar du meilleur film d’animation, Ours d’or, des recettes à faire pâlir bien des blockbusters d’aujourd’hui). Chihiro brille par sa capacité à inventer un monde magique, fou et poétique, peuplé d’esprits du Japon (fleuves, sources, montagnes) venus se purifier des souillures qui leur sont infligées par les humains. L’aventure est spirituelle, chargée d’une vision shintoïste du monde. On en sort comme on finit un rêve étrange et pénétrant. Un chef-d’œuvre (de plus) ! (J.-F.P.)

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JEANNE DIELMAN, 23, QUAI DU COMMERCE, 1080 BRUXELLES, de Chantal AKERMAN
(BEL + FR – 1975 – 3h14)
avec Delphine Seyrig, Jan Decorte…
Ce film-phare de la modernité, montrant l’aliénation d’une ménagère qui se prostitue pour subvenir à ses besoins, détaille en lancinants plans-séquences un quotidien qui s’apprête à dérailler.

Je me demande comment les spectateur·rices de 1975 ont réagi à ce film ? Au cinéma, à l’époque, on oscille entre femme transie d’amour, femme préparant le dîner en attendant le retour de l’homme repu de sa journée à faire tomber le fric sur le foyer ou à la tromper. Femme maman ou putain la plupart du temps assignée à résidence ou à l’homme. Jeanne est seule. Elle a une adresse. Elle répète les mêmes gestes. L’espace domestique est ritualisé, filmé presque chirurgicalement. À l’intérieur : le tout pour le tout pour s’en sortir. Voilà ce que peut être la vraie vie des femmes. Voilà aussi ce qui peut se passer quand la coupe est pleine et c’est pas joli-joli. J’imagine le choc à la hauteur du mien. Il paraîtrait même que c’est le meilleur film de tous les temps et je n’ai rien pour affirmer le contraire. (C.B.) 

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DIM. 17.09

(Presque) Tous les films du cycle Animēshon sont accessibles aux jeunes publics selon leurs âges. Les âges à partir desquels les films sont visibles sont en verts.

  • 14h00 | Petite salle | India Song de Marguerite DURAS
    (FR – 1975 – 2h00)
    Version restaurée
  • 15h00 | Grande salle | L’Amour fou de Jacques RIVETTE
    (FR – 1968 – 4h14)
    Version restaurée
  • 16h10 | Petite salle | Peau d’Âne de Jacques DEMY
    (FR – 1970 – 1h29)
    Version restaurée
    À partir de 6 ans
  • 17h50 | Petite salle | DOUBLE-PROGRAMME Aspirational de Matthew FROST (court-métrage) suivi de Sois Belle et tais-toi ! de Delphine SEYRIG (long-métrage documentaire)
    (US – 2017 – VOST – 0h03) + (FR – 1976 – 1h52)
    Long-métrage en version restaurée
  • 20h00 | Petite salle | Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles de Chantal ACKERMAN
    (BEL + FR – 1975 – 3h14)
    Version restaurée
  • 20h10 | Grande salle | Les Petites Marguerites de Věra CHYTILOVÁ
    (CZ – 1966 – VOST – 1h17)
    Version restaurée
  • 21h40 | Grande salle | DOUBLE-PROGRAMME Une Histoire d’Eau de Jean-Luc GODARD et François TRUFFAUT (court-métrage) suivi de Vivre sa Vie de Jean-Luc GODARD (long-métrage)
    (FR – 1958 – 0h12) + (FR – 1962 – 1h23)
    Long-métrage en version restaurée

LES SÉANCES SPÉCIALES ET ANIMATIONS

  • DIMANCHE 17 SEPTEMBRE | Dans tous les espaces du cinéma | 10H, 11H ET 13H
    Les visites racontées du Cosmos
    DANS LE CADRE DES JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE
    ____________________________________________
    Intervenant : Thomas Schaal

    Gratuit
    20 personnes maximum par créneau
    Durée : 45 min. | Réservation par téléphone ou en billetterie
    ____________________________________________
    Nous vous invitons aux visites racontées du Cinéma Le Cosmos ! Ces visites, menées par le guide Thomas Schaal, mêleront histoire du bâtiment, histoire du cinéma à Strasbourg, anecdotes et bribes de l’aventure du projet Le Cosmos. Un voyage temporel situé quelque part entre le passé et l’avenir, entre l’Histoire racontée et celle qui reste à écrire.

La programmation en détail

INDIA SONG, de Marguerite DURAS
(FR – 1975 – 2h00)
avec Delphine Seyrig, Claude Mann, Michael Lonsdale, Mathieu Carrière…
Dans son plus beau film, avec des moyens dérisoires, Duras évoque une histoire d’amour impossible dans l’Inde des années 1930, dissociant image et voix off sur la musique de Carlos d’Alessio.

Imaginé suite à la création d’une pièce radiophonique, India Song est un cri d’amour désespéré, un film sensoriel, musical, et ne respectant aucune trame narrative classique. Conçu en seulement 73 plans et en ayant uniquement recours à la voix off (parce que Duras n’y connaissait rien en mixage), India Song retranscrit la moiteur de Calcutta à Boulogne-Billancourt, tout racontant le trou noir qu’est le désir. Mais India Song est aussi une chanson, une mélodie de Carlos D’Alessio immortalisée par Jeanne Moreau et qui est, pour paraphraser Michael Lonsdale, vice-consul de Lahore, « un air qui donne envie d’aimer, alors que l’on a jamais aimé. » (G.G.)

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L’AMOUR FOU, de Jacques RIVETTE
(FR – 1968 – 4h14)
avec Bulle Ogier, Josée Destoop, Jean-Pierre Kalfon, Dennis Berry…
Le film-fleuve mythique de Rivette dissèque la désagrégation d’un couple pendant les répétitions d’Andromaque de Racine, à l’aide d’une caméra pseudo-documentaire et d’un couple inoubliable : Bulle Ogier et Jean-Pierre Kalfon.

Serge Daney disait (au sujet de la sortie de La Bande des Quatre en 1989) : « Ce qui est beau dans ce film, dans sa durée, c’est qu’on n’est jamais totalement pris et en même temps on ne peut pas ne pas avoir envie de voir la séquence d’après. » Oui L’Amour fou marche comme ça aussi. Il nous met sur une chaise dans la salle de spectacle où se déroulent les répétitions, nous émeut, nous perd. Mais on attend la suite, porté par la vérité des longues improvisations et l’alternance de scènes qui se jouent entre l’art et la vie, deux natures d’image, des regards, des émotions qui se croisent. Claire (Bulle Ogier) dérive, aime, dérive, … s’enregistre, les mots d’Hermione mêlés à ceux de son désespoir. André S. Labarthe interroge les comédiens, micro tendu, voix basse : « Les gens de théâtre n’accordent que peu d’importance à leur vie? » Sébastien lui aussi aime, doute et cherche un rythme nouveau à la langue de Racine, celui de la parole pour « faire que les gens se parlent ». Plasticité du théâtre, plasticité de l’amour et de la création dans la société de 1968 qui aime, se déchire et invente.
Ce film presque introuvable, a été restauré cette année en version intégrale, c’est un événement, un film rare ! (N.M.)

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PEAU D’ÂNE, de Jacques DEMY
(FR – 1970 – 1h29)
avec Catherine Deneuve, Delphine Seyrig, Jacques Perrin, Jean Marais…
Delphine Seyrig est l’exquise fée des Lilas volant au secours de la princesse sa filleule : le rayonnement de Deneuve, la musique de Legrand et la mise en scène de Demy font de ce conte cruel un enchantement.

La situation mérite attention. Plus de 50 ans après sa sortie, Peau d’Âne reste un chef-d’œuvre absolu, drôle et méchant, subversif, kitsch et nageant en pleine vague flower power. Un cake d’amour, une robe couleur du temps, un perroquet et un hélicoptère dans la forêt de Chambord, une rose qui parle et une sorcière qui crache des crapauds… Franchement, que demande le peuple ! Le film se termine d’ailleurs par les vers du conte original de Charles Perrault : « Le conte de Peau d’Âne est difficile à croire, mais tant que dans le monde on aura des enfants, des mères et des mères grands, on en gardera la mémoire. » (G.G.) 

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ASPIRATIONAL, de Matthew FROST
(US – 2017 – VOST – 0h03)
avec Kirsten Dunst, Lauren Robertson, Maria Blasucci…
Kirsten Dunst est abordée par deux fans, plus intéressées par des selfies, des partages et des likes que par un vrai échange avec la star…

Associer un court-métrage à un long-métrage aussi disert, révoltant et admirable que Sois Belle et tais-toi ! n’est pas chose aisée. Nous avions d’abord pensé au court-métrage récompensé Maria Schneider, 1983, une de ses interviews rejouées par plusieurs femmes. La redondance de la forme interview nous aura dissuadé·es. Quand soudain, Aspirational, tout petit film de Matthew Frost, est réapparu : si le propos du film de Delphine Seyrig est toujours d’une sidérante actualité, transposer ce Sois Belle et tais-toi ! à la culture de l’image contemporaine fait émerger un nouveau discours : et si notre regard de spectateur·rices conditionnait le regard qu’on nous offre au cinéma ? Et si nous nous interrogions avec plus de force encore sur la condition de comédienne ? (C.B.)

SOIS BELLE ET TAIS-TOI !, de Delphine SEYRIG
(FR – 1976 – 1h52)
avec Jane Fonda, Maria Schneider, Shirley MacLaine, Ellen Burstyn…
Delphine Seyrig interroge une vingtaine d’actrices sur leur métier et les stéréotypes qu’on leur a imposés, dont Maria Schneider, Juliet Berto, Jane Fonda et la percutante Ellen Burstyn.

Déjà sorti en salles en 2023, déjà passé sur Arte, déjà vu peut-être, et vous pensez que ça suffit ? Sérieusement ? Sois Belle et tais-toi ! devrait être programmé dès le collège et être revu régulièrement, comme les leçons de secourisme. Histoire que ça ne s’évapore pas complètement à l’approche du premier blockbuster qui passe. Ce film est rare et surprenant. Plus que l’on imagine. Plus que la bande-annonce ne le laisse présager.
Chaque homme de plus de 35 ans qui viendra au Cosmos pour cette séance, se verra offrir un cadeau… (A.B.)

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JEANNE DIELMAN, 23, QUAI DU COMMERCE, 1080 BRUXELLES, de Chantal AKERMAN
(BEL + FR – 1975 – 3h14)
avec Delphine Seyrig, Jan Decorte…
Ce film-phare de la modernité, montrant l’aliénation d’une ménagère qui se prostitue pour subvenir à ses besoins, détaille en lancinants plans-séquences un quotidien qui s’apprête à dérailler.

Je me demande comment les spectateur·rices de 1975 ont réagi à ce film ? Au cinéma, à l’époque, on oscille entre femme transie d’amour, femme préparant le dîner en attendant le retour de l’homme repu de sa journée à faire tomber le fric sur le foyer ou à la tromper. Femme maman ou putain la plupart du temps assignée à résidence ou à l’homme. Jeanne est seule. Elle a une adresse. Elle répète les mêmes gestes. L’espace domestique est ritualisé, filmé presque chirurgicalement. À l’intérieur : le tout pour le tout pour s’en sortir. Voilà ce que peut être la vraie vie des femmes. Voilà aussi ce qui peut se passer quand la coupe est pleine et c’est pas joli-joli. J’imagine le choc à la hauteur du mien. Il paraîtrait même que c’est le meilleur film de tous les temps et je n’ai rien pour affirmer le contraire. (C.B.)

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LES PETITES MARGUERITES, de Věra CHYTILOVÁ
(CZ – 1966 – VOST – 1h17)
avec Jitka Cerhová, Ivana Karbanová…
Un poème punk féministe, débridé et loufoque, aussi psychédélique et pop que subversif et audacieux. Un film majeur des sixties !

Dans les cieux de l’Histoire du cinéma, cette œuvre – fondamentale, séditieuse, à jamais nécessaire – est un feu d’artifice. De ces feux qui nous illuminent sans jamais s’éteindre. Voilà une véritable destruction créatrice : patriarches de tous les pays, sachez qu’une marguerite est une fleur corrosive, qui explose les cadres et remonte le réel dans un tourbillon de couleurs, de sons, et d’affronts jouissifs. Et retenons une leçon : puisque le monde est si mauvais, il faut être aussi mauvais que lui. (R.S.)

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UNE HISTOIRE D’EAU, de Jean-Luc GODARD et François TRUFFAUT
(FR – 1958 – 0h12)
avec Jean-Claude Brialy, Caroline Dim, Jean-Luc Godard…
Un couple veut rejoindre Paris. Il y a des inondations. Ils rencontrent quantité de difficultés qui sont prétextes à divertissement.

Ce film, tourné par Truffaut et monté par Godard est un petit bijou : un maître-étalon de la Nouvelle Vague qui présage À Bout de Souffle. L’histoire est bête comme chou : une étudiante, coincée par les inondations, tente de rejoindre Paris, elle est prise en stop par un jeune homme qui la séduit. Le génie se situe ailleurs : dans le montage frénétique, les faux-raccords, le son qui cavale, les images d’un road trip charmeur entrecoupé par celles de d’eau et ce texte, logorrhéique et sublimement écrit, dit à la fois par Caroline Dim et Jean-Luc Godard. (C.B.)

VIVRE SA VIE, de Jean-Luc GODARD
(FR – 1962 – 1h23)
avec Anna Karina, Sady Rebbot, André S. Labarthe, Guylaine Schlumberger, Brice Parain…
Godard filme un poème d’amour à Anna Karina en même temps qu’un constat social sur la déchéance d’une jeune femme, avec références à la Loulou de Pabst et à la Jeanne d’Arc de Dreyer.

Désormais Godard comme Karina sont deux figures tutélaires qui nous manquent et à qui l’on s’adresse en regardant des images depuis l’outre-monde des vivants. On a trop peu démontré que les œuvres godardiennes étaient celles de couple au travail (bien après Anna il y aura Miéville, et avant Miéville il y aura eu Gorin). Au fond, Vivre sa Vie est un essai d’impression du sublime sur pellicule : du fameux champ-contrechamp avec Renée Falconetti au Portrait ovale d’Edgar Poe, « après tout, tout est beau. » (R.S.)

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LUN. 18.09

(Presque) Tous les films du cycle Animēshon sont accessibles aux jeunes publics selon leurs âges. Les âges à partir desquels les films sont visibles sont en verts.

  • 14h00 | Grande salle | Peau d’Âne de Jacques DEMY
    (FR – 1970 – 1h29)
    Version restaurée
    À partir de 6 ans
  • 14h00 | Petite salle | High School de Frederick WISEMAN
    (US – 1968 – VOST – 1h15)
    Documentaire
    Version restaurée
  • 15h30 | Petite salle | Les Petites Marguerites de Věra CHYTILOVÁ
    (CZ – 1966 – VOST – 1h17)
    Version restaurée
  • 15h40 | Grande salle | DOUBLE-PROGRAMME Aspirational de Matthew FROST (court-métrage) suivi de Sois Belle et tais-toi ! de Delphine SEYRIG (long-métrage documentaire)
    (US – 2017 – VOST – 0h03) + (FR – 1976 – 1h52)
    Long-métrage en version restaurée
  • 17h00 | Petite salle | DOUBLE-PROGRAMME Une Histoire d’Eau de Jean-Luc GODARD et François TRUFFAUT (court-métrage) suivi de Vivre sa Vie de Jean-Luc GODARD (long-métrage)
    (FR – 1958 – 0h12) + (FR – 1962 – 1h23)
    Long-métrage en version restaurée
  • 17h50 | Grande salle | Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles de Chantal ACKERMAN
    (BEL + FR – 1975 – 3h14)
    Version restaurée
  • 18h50 | Petite salle | Tatouage de Yasuzo MASUMARA
    (JAP – 1966 – VOST – 1h26)
    Version restaurée
    Int. aux – de 12 ans
  • 20h30 | Petite salle | Le Voyage de Chihiro de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 2002 – VOST – 2h06)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 21h20 | Grande salle | India Song de Marguerite DURAS
    (FR – 1975 – 2h00)
    Version restaurée

La programmation en détail

PEAU D’ÂNE, de Jacques DEMY
(FR – 1970 – 1h29)
avec Catherine Deneuve, Delphine Seyrig, Jacques Perrin, Jean Marais…
Delphine Seyrig est l’exquise fée des Lilas volant au secours de la princesse sa filleule : le rayonnement de Deneuve, la musique de Legrand et la mise en scène de Demy font de ce conte cruel un enchantement.

La situation mérite attention. Plus de 50 ans après sa sortie, Peau d’Âne reste un chef-d’œuvre absolu, drôle et méchant, subversif, kitsch et nageant en pleine vague flower power. Un cake d’amour, une robe couleur du temps, un perroquet et un hélicoptère dans la forêt de Chambord, une rose qui parle et une sorcière qui crache des crapauds… Franchement, que demande le peuple ! Le film se termine d’ailleurs par les vers du conte original de Charles Perrault : « Le conte de Peau d’Âne est difficile à croire, mais tant que dans le monde on aura des enfants, des mères et des mères grands, on en gardera la mémoire. » (G.G.)

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HIGH SCHOOL, de Frederick WISEMAN
(US – 1968 – VOST – 1h15)
1968. Dans un grand lycée public de Philadelphie, les cours de langue, de cuisine, de mathématiques et de sport rythment le quotidien des élèves. Au fil de rencontres entre enseignants, étudiants, parents et responsables administratifs, l’idéologie et les valeurs sociales de l’École se révèlent.

Dans High School, on explore, on s’étonne, on sourit et on grince des dents ! La caméra, souvent en gros plans, observe impitoyablement les corps en rythme ou les expressions des élèves, hésitant·es ou bien décidé·es, face à celles des parents ou de l’autorité scolaire. En cours, des mots émergent : « Obéir, être un homme, mort de [Martin Luther] ‘King’, inégalités, système matriarcal, femelle passive, blessé, mines… » Les séquences s’enchaînent et constituent lentement la carte mentale qui s’exerce sur ces jeunes esprits aux prises avec une guerre et pris dans une grande vague de mouvements contestataires. (N.M.)

> Regarder le trailer (en VO)

LES PETITES MARGUERITES, de Věra CHYTILOVÁ
(CZ – 1966 – VOST – 1h17)
avec Jitka Cerhová, Ivana Karbanová…
Un poème punk féministe, débridé et loufoque, aussi psychédélique et pop que subversif et audacieux. Un film majeur des sixties !

Dans les cieux de l’Histoire du cinéma, cette œuvre – fondamentale, séditieuse, à jamais nécessaire – est un feu d’artifice. De ces feux qui nous illuminent sans jamais s’éteindre. Voilà une véritable destruction créatrice : patriarches de tous les pays, sachez qu’une marguerite est une fleur corrosive, qui explose les cadres et remonte le réel dans un tourbillon de couleurs, de sons, et d’affronts jouissifs. Et retenons une leçon : puisque le monde est si mauvais, il faut être aussi mauvais que lui. (R.S.)

> Regarder la bande-annonce

ASPIRATIONAL, de Matthew FROST
(US – 2017 – VOST – 0h03)
avec Kirsten Dunst, Lauren Robertson, Maria Blasucci…
Kirsten Dunst est abordée par deux fans, plus intéressées par des selfies, des partages et des likes que par un vrai échange avec la star…

Associer un court-métrage à un long-métrage aussi disert, révoltant et admirable que Sois Belle et tais-toi ! n’est pas chose aisée. Nous avions d’abord pensé au court-métrage récompensé Maria Schneider, 1983, une de ses interviews rejouées par plusieurs femmes. La redondance de la forme interview nous aura dissuadé·es. Quand soudain, Aspirational, tout petit film de Matthew Frost, est réapparu : si le propos du film de Delphine Seyrig est toujours d’une sidérante actualité, transposer ce Sois Belle et tais-toi ! à la culture de l’image contemporaine fait émerger un nouveau discours : et si notre regard de spectateur·rices conditionnait le regard qu’on nous offre au cinéma ? Et si nous nous interrogions avec plus de force encore sur la condition de comédienne ? (C.B.)

SOIS BELLE ET TAIS-TOI !, de Delphine SEYRIG
(FR – 1976 – 1h52)
avec Jane Fonda, Maria Schneider, Shirley MacLaine, Ellen Burstyn…
Delphine Seyrig interroge une vingtaine d’actrices sur leur métier et les stéréotypes qu’on leur a imposés, dont Maria Schneider, Juliet Berto, Jane Fonda et la percutante Ellen Burstyn.

Déjà sorti en salles en 2023, déjà passé sur Arte, déjà vu peut-être, et vous pensez que ça suffit ? Sérieusement ? Sois Belle et tais-toi ! devrait être programmé dès le collège et être revu régulièrement, comme les leçons de secourisme. Histoire que ça ne s’évapore pas complètement à l’approche du premier blockbuster qui passe. Ce film est rare et surprenant. Plus que l’on imagine. Plus que la bande-annonce ne le laisse présager.
Chaque homme de plus de 35 ans qui viendra au Cosmos pour cette séance, se verra offrir un cadeau… (A.B.)

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UNE HISTOIRE D’EAU, de Jean-Luc GODARD et François TRUFFAUT
(FR – 1958 – 0h12)
avec Jean-Claude Brialy, Caroline Dim, Jean-Luc Godard…
Un couple veut rejoindre Paris. Il y a des inondations. Ils rencontrent quantité de difficultés qui sont prétextes à divertissement.

Ce film, tourné par Truffaut et monté par Godard est un petit bijou : un maître-étalon de la Nouvelle Vague qui présage À Bout de Souffle. L’histoire est bête comme chou : une étudiante, coincée par les inondations, tente de rejoindre Paris, elle est prise en stop par un jeune homme qui la séduit. Le génie se situe ailleurs : dans le montage frénétique, les faux-raccords, le son qui cavale, les images d’un road trip charmeur entrecoupé par celles de d’eau et ce texte, logorrhéique et sublimement écrit, dit à la fois par Caroline Dim et Jean-Luc Godard. (C.B.)

VIVRE SA VIE, de Jean-Luc GODARD
(FR – 1962 – 1h23)
avec Anna Karina, Sady Rebbot, André S. Labarthe, Guylaine Schlumberger, Brice Parain…
Godard filme un poème d’amour à Anna Karina en même temps qu’un constat social sur la déchéance d’une jeune femme, avec références à la Loulou de Pabst et à la Jeanne d’Arc de Dreyer.

Désormais Godard comme Karina sont deux figures tutélaires qui nous manquent et à qui l’on s’adresse en regardant des images depuis l’outre-monde des vivants. On a trop peu démontré que les œuvres godardiennes étaient celles de couple au travail (bien après Anna il y aura Miéville, et avant Miéville il y aura eu Gorin). Au fond, Vivre sa Vie est un essai d’impression du sublime sur pellicule : du fameux champ-contrechamp avec Renée Falconetti au Portrait ovale d’Edgar Poe, « après tout, tout est beau. » (R.S.)

> Regarder la bande-annonce

JEANNE DIELMAN, 23, QUAI DU COMMERCE, 1080 BRUXELLES, de Chantal AKERMAN
(BEL + FR – 1975 – 3h14)
avec Delphine Seyrig, Jan Decorte…
Ce film-phare de la modernité, montrant l’aliénation d’une ménagère qui se prostitue pour subvenir à ses besoins, détaille en lancinants plans-séquences un quotidien qui s’apprête à dérailler.

Je me demande comment les spectateur·rices de 1975 ont réagi à ce film ? Au cinéma, à l’époque, on oscille entre femme transie d’amour, femme préparant le dîner en attendant le retour de l’homme repu de sa journée à faire tomber le fric sur le foyer ou à la tromper. Femme maman ou putain la plupart du temps assignée à résidence ou à l’homme. Jeanne est seule. Elle a une adresse. Elle répète les mêmes gestes. L’espace domestique est ritualisé, filmé presque chirurgicalement. À l’intérieur : le tout pour le tout pour s’en sortir. Voilà ce que peut être la vraie vie des femmes. Voilà aussi ce qui peut se passer quand la coupe est pleine et c’est pas joli-joli. J’imagine le choc à la hauteur du mien. Il paraîtrait même que c’est le meilleur film de tous les temps et je n’ai rien pour affirmer le contraire. (C.B.)

> Regarder la bande-annonce

TATOUAGE, de Yasuzo MASUMARA
(JAP – 1966 – VOST – 1h26)
avec Ayako Wakao, Akio Hasegawa, Gaku Yamamoto, Kei Satō…
La sublime Ayako Wakao incarne une jeune noble déclassée devenant « femme-araignée » criminelle, dans ce film érotique gore façon années 1960, mis en scène comme un opéra flamboyant.

Otsuya et son amant fuient la maison familiale et se retrouvent chez un escroc qui vend Otsuya à un tenancier d’une maison de geishas. L’homme lui tatoue une araignée à tête humaine. Censée l’annihiler, cette araignée va au contraire donner toute la force à Otsuya de briser tout système oppressif la bridant, l’entourant, la surplombant même. Scènes de nuit magnifiques et extermination d’hommes au menu ! Masumura considérait les hommes comme « inefficaces » et « stupides » et les femmes comme puissantes. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour nous… (C.B.)

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LE VOYAGE DE CHIHIRO, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 2002 – VOST – 2h06)
Chihiro, une fillette de 10 ans, est en route vers sa nouvelle demeure en compagnie de ses parents. Au cours du voyage, la famille fait une halte dans un parc à thème qui leur paraît délabré. Lors de la visite, les parents s’arrêtent dans un des bâtiments pour déguster quelques mets très appétissants, apparus comme par enchantement… 

Le film de la reconnaissance internationale (acclamé par la critique, Oscar du meilleur film d’animation, Ours d’or, des recettes à faire pâlir bien des blockbusters d’aujourd’hui). Chihiro brille par sa capacité à inventer un monde magique, fou et poétique, peuplé d’esprits du Japon (fleuves, sources, montagnes) venus se purifier des souillures qui leur sont infligées par les humains. L’aventure est spirituelle, chargée d’une vision shintoïste du monde. On en sort comme on finit un rêve étrange et pénétrant. Un chef-d’œuvre (de plus) ! (J.-F.P.)

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INDIA SONG, de Marguerite DURAS
(FR – 1975 – 2h00)
avec Delphine Seyrig, Claude Mann, Michael Lonsdale, Mathieu Carrière…
Dans son plus beau film, avec des moyens dérisoires, Duras évoque une histoire d’amour impossible dans l’Inde des années 1930, dissociant image et voix off sur la musique de Carlos d’Alessio.

Imaginé suite à la création d’une pièce radiophonique, India Song est un cri d’amour désespéré, un film sensoriel, musical, et ne respectant aucune trame narrative classique. Conçu en seulement 73 plans et en ayant uniquement recours à la voix off (parce que Duras n’y connaissait rien en mixage), India Song retranscrit la moiteur de Calcutta à Boulogne-Billancourt, tout racontant le trou noir qu’est le désir. Mais India Song est aussi une chanson, une mélodie de Carlos D’Alessio immortalisée par Jeanne Moreau et qui est, pour paraphraser Michael Lonsdale, vice-consul de Lahore, « un air qui donne envie d’aimer, alors que l’on a jamais aimé. » (G.G.)

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MAR. 19.09

(Presque) Tous les films du cycle Animēshon sont accessibles aux jeunes publics selon leurs âges. Les âges à partir desquels les films sont visibles sont en verts.

  • 14h00 | Grande salle | High School de Frederick WISEMAN
    (US – 1968 – VOST – 1h15)
    Documentaire
    Version restaurée
  • 14h00 | Petite salle | Peau d’Âne de Jacques DEMY
    (FR – 1970 – 1h29)
    Version restaurée
    À partir de 6 ans
  • 15h30 | Grande salle | Les Petites Marguerites de Věra CHYTILOVÁ
    (CZ – 1966 – VOST – 1h17)
    Version restaurée
  • 15h40 | Petite salle | DOUBLE-PROGRAMME Aspirational de Matthew FROST (court-métrage) suivi de Sois Belle et tais-toi ! de Delphine SEYRIG (long-métrage documentaire)
    (US – 2017 – VOST – 0h03) + (FR – 1976 – 1h52)
    Long-métrage en version restaurée
  • 17h00 | Grande salle | DOUBLE-PROGRAMME Une Histoire d’Eau de Jean-Luc GODARD et François TRUFFAUT (court-métrage) suivi de Vivre sa Vie de Jean-Luc GODARD (long-métrage)
    (FR – 1958 – 0h12) + (FR – 1962 – 1h23)
    Long-métrage en version restaurée
  • 17h50 | Petite salle | Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce, 1080 Bruxelles de Chantal ACKERMAN
    (BEL + FR – 1975 – 3h14)
    Version restaurée
  • 18h50 | Grande salle | Tatouage de Yasuzo MASUMARA
    (JAP – 1966 – VOST – 1h26)
    Version restaurée
    Int. aux – de 12 ans
  • 20h30 | Grande salle | Le Voyage de Chihiro de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 2002 – VOST – 2h06)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 21h20 | Petite salle | India Song de Marguerite DURAS
    (FR – 1975 – 2h00)
    Version restaurée

La programmation en détail

HIGH SCHOOL, de Frederick WISEMAN
(US – 1968 – VOST – 1h15)
1968. Dans un grand lycée public de Philadelphie, les cours de langue, de cuisine, de mathématiques et de sport rythment le quotidien des élèves. Au fil de rencontres entre enseignants, étudiants, parents et responsables administratifs, l’idéologie et les valeurs sociales de l’École se révèlent.

Dans High School, on explore, on s’étonne, on sourit et on grince des dents ! La caméra, souvent en gros plans, observe impitoyablement les corps en rythme ou les expressions des élèves, hésitant·es ou bien décidé·es, face à celles des parents ou de l’autorité scolaire. En cours, des mots émergent : « Obéir, être un homme, mort de [Martin Luther] ‘King’, inégalités, système matriarcal, femelle passive, blessé, mines… » Les séquences s’enchaînent et constituent lentement la carte mentale qui s’exerce sur ces jeunes esprits aux prises avec une guerre et pris dans une grande vague de mouvements contestataires. (N.M.)

> Regarder le trailer (en VO)

PEAU D’ÂNE, de Jacques DEMY
(FR – 1970 – 1h29)
avec Catherine Deneuve, Delphine Seyrig, Jacques Perrin, Jean Marais…
Delphine Seyrig est l’exquise fée des Lilas volant au secours de la princesse sa filleule : le rayonnement de Deneuve, la musique de Legrand et la mise en scène de Demy font de ce conte cruel un enchantement.

La situation mérite attention. Plus de 50 ans après sa sortie, Peau d’Âne reste un chef-d’œuvre absolu, drôle et méchant, subversif, kitsch et nageant en pleine vague flower power. Un cake d’amour, une robe couleur du temps, un perroquet et un hélicoptère dans la forêt de Chambord, une rose qui parle et une sorcière qui crache des crapauds… Franchement, que demande le peuple ! Le film se termine d’ailleurs par les vers du conte original de Charles Perrault : « Le conte de Peau d’Âne est difficile à croire, mais tant que dans le monde on aura des enfants, des mères et des mères grands, on en gardera la mémoire. » (G.G.)

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LES PETITES MARGUERITES, de Věra CHYTILOVÁ
(CZ – 1966 – VOST – 1h17)
avec Jitka Cerhová, Ivana Karbanová…
Un poème punk féministe, débridé et loufoque, aussi psychédélique et pop que subversif et audacieux. Un film majeur des sixties !

Dans les cieux de l’Histoire du cinéma, cette œuvre – fondamentale, séditieuse, à jamais nécessaire – est un feu d’artifice. De ces feux qui nous illuminent sans jamais s’éteindre. Voilà une véritable destruction créatrice : patriarches de tous les pays, sachez qu’une marguerite est une fleur corrosive, qui explose les cadres et remonte le réel dans un tourbillon de couleurs, de sons, et d’affronts jouissifs. Et retenons une leçon : puisque le monde est si mauvais, il faut être aussi mauvais que lui. (R.S.)

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ASPIRATIONAL, de Matthew FROST
(US – 2017 – VOST – 0h03)
avec Kirsten Dunst, Lauren Robertson, Maria Blasucci…
Kirsten Dunst est abordée par deux fans, plus intéressées par des selfies, des partages et des likes que par un vrai échange avec la star…

Associer un court-métrage à un long-métrage aussi disert, révoltant et admirable que Sois Belle et tais-toi ! n’est pas chose aisée. Nous avions d’abord pensé au court-métrage récompensé Maria Schneider, 1983, une de ses interviews rejouées par plusieurs femmes. La redondance de la forme interview nous aura dissuadé·es. Quand soudain, Aspirational, tout petit film de Matthew Frost, est réapparu : si le propos du film de Delphine Seyrig est toujours d’une sidérante actualité, transposer ce Sois Belle et tais-toi ! à la culture de l’image contemporaine fait émerger un nouveau discours : et si notre regard de spectateur·rices conditionnait le regard qu’on nous offre au cinéma ? Et si nous nous interrogions avec plus de force encore sur la condition de comédienne ? (C.B.)

SOIS BELLE ET TAIS-TOI !, de Delphine SEYRIG
(FR – 1976 – 1h52)
avec Jane Fonda, Maria Schneider, Shirley MacLaine, Ellen Burstyn…
Delphine Seyrig interroge une vingtaine d’actrices sur leur métier et les stéréotypes qu’on leur a imposés, dont Maria Schneider, Juliet Berto, Jane Fonda et la percutante Ellen Burstyn.

Déjà sorti en salles en 2023, déjà passé sur Arte, déjà vu peut-être, et vous pensez que ça suffit ? Sérieusement ? Sois Belle et tais-toi ! devrait être programmé dès le collège et être revu régulièrement, comme les leçons de secourisme. Histoire que ça ne s’évapore pas complètement à l’approche du premier blockbuster qui passe. Ce film est rare et surprenant. Plus que l’on imagine. Plus que la bande-annonce ne le laisse présager.

Chaque homme de plus de 35 ans qui viendra au Cosmos pour cette séance, se verra offrir un cadeau… (A.B.)

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UNE HISTOIRE D’EAU, de Jean-Luc GODARD et François TRUFFAUT
(FR – 1958 – 0h12)
avec Jean-Claude Brialy, Caroline Dim, Jean-Luc Godard…
Un couple veut rejoindre Paris. Il y a des inondations. Ils rencontrent quantité de difficultés qui sont prétextes à divertissement.

Ce film, tourné par Truffaut et monté par Godard est un petit bijou : un maître-étalon de la Nouvelle Vague qui présage À Bout de Souffle. L’histoire est bête comme chou : une étudiante, coincée par les inondations, tente de rejoindre Paris, elle est prise en stop par un jeune homme qui la séduit. Le génie se situe ailleurs : dans le montage frénétique, les faux-raccords, le son qui cavale, les images d’un road trip charmeur entrecoupé par celles de d’eau et ce texte, logorrhéique et sublimement écrit, dit à la fois par Caroline Dim et Jean-Luc Godard. (C.B.)

VIVRE SA VIE, de Jean-Luc GODARD
(FR – 1962 – 1h23)
avec Anna Karina, Sady Rebbot, André S. Labarthe, Guylaine Schlumberger, Brice Parain…
Godard filme un poème d’amour à Anna Karina en même temps qu’un constat social sur la déchéance d’une jeune femme, avec références à la Loulou de Pabst et à la Jeanne d’Arc de Dreyer.

Désormais Godard comme Karina sont deux figures tutélaires qui nous manquent et à qui l’on s’adresse en regardant des images depuis l’outre-monde des vivants. On a trop peu démontré que les œuvres godardiennes étaient celles de couple au travail (bien après Anna il y aura Miéville, et avant Miéville il y aura eu Gorin). Au fond, Vivre sa Vie est un essai d’impression du sublime sur pellicule : du fameux champ-contrechamp avec Renée Falconetti au Portrait ovale d’Edgar Poe, « après tout, tout est beau. » (R.S.) 

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JEANNE DIELMAN, 23, QUAI DU COMMERCE, 1080 BRUXELLES, de Chantal AKERMAN
(BEL + FR – 1975 – 3h14)
avec Delphine Seyrig, Jan Decorte…
Ce film-phare de la modernité, montrant l’aliénation d’une ménagère qui se prostitue pour subvenir à ses besoins, détaille en lancinants plans-séquences un quotidien qui s’apprête à dérailler.

Je me demande comment les spectateur·rices de 1975 ont réagi à ce film ? Au cinéma, à l’époque, on oscille entre femme transie d’amour, femme préparant le dîner en attendant le retour de l’homme repu de sa journée à faire tomber le fric sur le foyer ou à la tromper. Femme maman ou putain la plupart du temps assignée à résidence ou à l’homme. Jeanne est seule. Elle a une adresse. Elle répète les mêmes gestes. L’espace domestique est ritualisé, filmé presque chirurgicalement. À l’intérieur : le tout pour le tout pour s’en sortir. Voilà ce que peut être la vraie vie des femmes. Voilà aussi ce qui peut se passer quand la coupe est pleine et c’est pas joli-joli. J’imagine le choc à la hauteur du mien. Il paraîtrait même que c’est le meilleur film de tous les temps et je n’ai rien pour affirmer le contraire. (C.B.)

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TATOUAGE, de Yasuzo MASUMARA
(JAP – 1966 – VOST – 1h26)
avec Ayako Wakao, Akio Hasegawa, Gaku Yamamoto, Kei Satō…
La sublime Ayako Wakao incarne une jeune noble déclassée devenant « femme-araignée » criminelle, dans ce film érotique gore façon années 1960, mis en scène comme un opéra flamboyant.

Otsuya et son amant fuient la maison familiale et se retrouvent chez un escroc qui vend Otsuya à un tenancier d’une maison de geishas. L’homme lui tatoue une araignée à tête humaine. Censée l’annihiler, cette araignée va au contraire donner toute la force à Otsuya de briser tout système oppressif la bridant, l’entourant, la surplombant même. Scènes de nuit magnifiques et extermination d’hommes au menu ! Masumura considérait les hommes comme « inefficaces » et « stupides » et les femmes comme puissantes. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour nous… (C.B.)

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LE VOYAGE DE CHIHIRO, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 2002 – VOST – 2h06)
Chihiro, une fillette de 10 ans, est en route vers sa nouvelle demeure en compagnie de ses parents. Au cours du voyage, la famille fait une halte dans un parc à thème qui leur paraît délabré. Lors de la visite, les parents s’arrêtent dans un des bâtiments pour déguster quelques mets très appétissants, apparus comme par enchantement… 

Le film de la reconnaissance internationale (acclamé par la critique, Oscar du meilleur film d’animation, Ours d’or, des recettes à faire pâlir bien des blockbusters d’aujourd’hui). Chihiro brille par sa capacité à inventer un monde magique, fou et poétique, peuplé d’esprits du Japon (fleuves, sources, montagnes) venus se purifier des souillures qui leur sont infligées par les humains. L’aventure est spirituelle, chargée d’une vision shintoïste du monde. On en sort comme on finit un rêve étrange et pénétrant. Un chef-d’œuvre (de plus) ! (J.-F.P.)

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INDIA SONG, de Marguerite DURAS
(FR – 1975 – 2h00)
avec Delphine Seyrig, Claude Mann, Michael Lonsdale, Mathieu Carrière…
Dans son plus beau film, avec des moyens dérisoires, Duras évoque une histoire d’amour impossible dans l’Inde des années 1930, dissociant image et voix off sur la musique de Carlos d’Alessio.

Imaginé suite à la création d’une pièce radiophonique, India Song est un cri d’amour désespéré, un film sensoriel, musical, et ne respectant aucune trame narrative classique. Conçu en seulement 73 plans et en ayant uniquement recours à la voix off (parce que Duras n’y connaissait rien en mixage), India Song retranscrit la moiteur de Calcutta à Boulogne-Billancourt, tout racontant le trou noir qu’est le désir. Mais India Song est aussi une chanson, une mélodie de Carlos D’Alessio immortalisée par Jeanne Moreau et qui est, pour paraphraser Michael Lonsdale, vice-consul de Lahore, « un air qui donne envie d’aimer, alors que l’on a jamais aimé. » (G.G.)

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