En 1939, pendant la guerre sino-japonaise, l’infirmière Sakura travaille dans un hôpital en soignant des soldats blessés. Un soir, elle se fait agresser par un groupe d’hommes repartant au front le lendemain. Quelque temps après elle retrouve l’un de ses agresseurs dans un hôpital de campagne. Elle convertira sa vengeance en pitié et cherchera à soulager les malades par tous les moyens...
Aucun film ne se sera aventuré comme L’Ange rouge (1966) aussi loin dans la profanation et la désacralisation du corps humain, dans cette conscience-limite, propre au xxe siècle, où il n’est plus perçu comme entité, mais comme quantité : une matière à la découpe. La guerre est évidemment le terrain privilégié où cette conscience se manifeste, et c’est au tournant du conflit sino-japonais, en 1939, l’invasion de la Mandchourie étant montrée ici comme un point de non-retour, que prend place ce film effarant, ce véritable « voyage au bout de la nuit » (Jacques Lourcelles parle à son sujet de Céline et de Goya), du grand Yasuzo Masumura, chaînon entre le cinéma de studio et l’esprit de la nouvelle vague japonaise.
-Les Cahiers du Cinéma