FANTASTIC MISTER FOX, de Wes Anderson (Jeune public, animation)
GB — 2010 — VF — 1h27
– M. Fox, le plus rusé des voleurs de poules, sa femme, Mme Fox, Ash, son fils, le cousin Kristofferson et tous les autres animaux de la forêt défient trois odieux fermiers. Ils et elles vont vivre la plus périlleuse et délirante des aventures.
Vous pensez encore que l’humain a une chance face à l’ingéniosité de l’instinct animal ? Wes Anderson va vous prouver le contraire. Avec toute l’esthétique qui le caractérise, le réalisateur vous invite à rejoindre une aventure collective étonnante réunissant lapins, renards, blaireaux et autres espèces de la forêt. Chacun aura son rôle à jouer : petits, grands, rapides, longs, talentueux, maladroits… Ce film nous rappelle que si l’union fait la force, la diversité dans l’union peut faire toute la différence. (M.F.)
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DÉRAPAGE CONTRÔLÉ, de Françoise Romand (court-métrage)
FR — 1993— 12 min.
– En 1994 à Agen, de jeunes musiciens répètent dans les studios du Florida. Une élue a initié ce projet de salle pour les jeunes, elle tient un discours d’une intelligence rare dans le monde de la culture tandis qu’un de ses collègues du même parti rabâche de vieux clichés de classe.
Ne vous fiez pas aux apparences : cette femme qui semble revenir d’une partie de chasse à courre ou d’un épisode de Palace dit et fait des choses extrêmement intelligentes et engagées. Prenons-en de la graine ! (A.B.)
RÉCRÉATIONS, de Claire Simon (court-métrage, documentaire)
FR — 1998 — 57 min.
– Dans une cour de récré, beaucoup de choses se jouent, plus qu’on ne le croit. Un lieu habité deux ou trois par jour par un peuple de petite taille avec ses propres lois et batailles. On y découvre la « force des sentiments ou la servitude humaine ».
La rue appartient à ceux qui crient le plus fort et qui bombent le torse, et ça, on le sait. Un concentré de tout ce qui se joue plus tard, plus grand·es, vu sous le prisme du jeu aussi drôle que dramatique. (C.B.)
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LA GUERRE DES BOUTONS, d’Yves Robert
FR — 1962 — 1h34
– Une bande de garçons, âgés de 7 à 14 ans, menée par l’intrépide Lebrac, est en guerre contre les enfants du village voisin. Une guerre sans merci qui dure depuis des générations. On se bat pour l’honneur et la fidélité et, pour gagner, tous les moyens sont bons… sans se faire attraper par les parents…
La Guerre des Boutons est à mi-chemin entre le doux souvenir et la mémoire inquiète. Doux souvenir, pas seulement parce que le film se voit de préférence en enfance, mais aussi parce qu’il transpire d’une imagination enfantine qui transforme réellement une sablière en champ de bataille et maintient le rythme des péripéties toute la durée de l’histoire. La thèse du film serait la suivante : il existe deux mondes, un monde adulte dont le sérieux cache en fait un comique burlesque et un monde enfant dont le comique recouvre un grand sérieux. Le microcosme des enfants permet de donner des dimensions formidables à leurs jeux et défaites, comme la trahison qui se paie au prix du sang et des larmes. Les enfants deviennent de petits héros à la Renoir portant sur eux de grands idéaux romantiques, et finissent même par ressembler à des brigands anarchistes prenant le maquis face à l’autorité parentale. C’est qu’en souterrain La Guerre des Boutons déterre une mémoire inquiète, militaire, qui lui permet de reprendre tous les tropes du film de guerre : les embuscades, les victoires héroïques, les défaites écrasantes et même les scènes de torture… avec les petits boutons, les bretelles et les ceintures lacérés au couteau, comme autant d’émasculations symboliques donnant des instants vraiment déchirants, chargés d’une violence qu’on ne soupçonnerait pas dans un film pour enfants. (B.T.)
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PANIQUE TOUS COURTS, de Stéphane Aubier, Vincent Patar (animation)
BEL — 2017 — 45 min.
– Le soleil se lève sur le village. Coq chante. Indien, Cowboy, Cheval, Fermier, Robin, Gendarme sont prêts pour une nouvelle journée. Imaginez les jouets en plastique de notre enfance dont deux auteursanimateurs s’emparent pour conter les plus folles aventures.
Un film d’animation au rythme effréné, complètement frappé avec un doublage des plus drôles qui consiste à faire parler des jouets. C’est un grand oui ! (C.B.)
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LA PLANÈTE SAUVAGE, de René Laloux (Jeune public, animation)
FR + CZ — 1973 — 1h12
– Sur la planète Ygam, vivent des androïdes géants appelés les Draags. Ils élèvent de minuscules êtres humains qu’ils surnomment Oms. Mais un jour, l’Om de la jeune Tiwa se révèle plus intelligent et va déclencher une révolte…
Ce film a 50 ans. Serait-il visionnaire ? Car, que voyez-vous dans cette machine multi-canons, dans ces petits vaisseaux autonomes offensifs, dans la volonté de “désomiser”? (N.M.)
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DO THE RIGHT THING, de Spike Lee
US — 1989 — VOST — 2h01
– À Brooklyn, c’est le jour le plus chaud de l’année. Mookie, un jeune afro-américain, est livreur à la pizzeria du quartier, tenue par Sal et ses deux fils d’origine italienne. Chacun vaque à ses occupations, mais la chaleur estivale va bientôt cristalliser les tensions raciales.
J’avais 13 ans lorsque j’ai vu mon premier film de Spike Lee : La 25e heure. Je m’étais pris une claque et j’ai voulu creuser la filmographie de ce type dont le prénom m’évoquait plus la série Buffy contre les Vampires qu’autre chose. Quelque temps plus tard, je découvrais enfin Do the right thing, un film dont l’énergie, le style visuel, l’écriture, l’interprétation, la B.O., la gestion de l’espace (le film se passe entièrement dans un quartier) et du temps (une journée) continuent à m’impressionner. Une fenêtre sur un quartier dans lequel différentes ethnies vivent ensemble mais ne se supportent pas et où Fight the power crie incessamment dans un ghettoblaster (paroles encore d’une grande importance de nos jours). Les influences de Spike Lee, n’allons pas forcément les chercher dans le cinéma ou la littérature, mais plutôt dans la musique, qu’elle soit hip-hop ou jazzy ; Do the right thing, c’est un peu comme si Woody Allen s’était shooté à du Public Enemy avant de hurler dans un saxophone. Ce film m’avait permis de mieux comprendre d’où venait La Haine de Mathieu Kassovitz et de découvrir une ribambelle d’acteurs géniaux : John Turturro, Ossie Davies, Giancarlo Esposito, Bill Nunn ou encore Danny Aiello. (R.B.)
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AU FEU LES POMPIERS, de Milos Forman
CZ – 1968 – VOST – 1h13
– Dans une petite ville de province, un bal des pompiers est organisé en l’honneur des cinquante ans de service de l’un des leurs. En plus d’une tombola, un concours de miss beauté est mis en place pour remettre le cadeau au vétéran. Mais rien ne se passe comme prévu…
À bien des égards, cette oeuvre se tient sur un seuil. Dernier volet de la formidable période tchécoslovaque du réalisateur (dont on connaît peut-être mieux les non moins impressionnants Vol au-dessus d’un nid de coucou ou Amadeus) qui accompagna les espérances d’ouverture de son double pays, il est aussi le premier à prendre des couleurs. Les chars soviétiques mettront fin au Printemps de Prague et le film sera affublé du statut de « banni à vie ». Heureusement, Milos Forman aura eu le temps de franchir la porte de cette soirée de pompiers pour nous en montrer le facétieux effondrement. (R.S.)
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BANDE DE FILLES, de Céline Sciamma
FR — 2014 — 1h53
– Dans la continuité de Tomboy, Céline Sciamma fait infuser le trouble d’un personnage au sein d’un collectif, qui, par réaction, transforme ce trouble en mue. L’énergie de la “bande” irradie ce film.
On se cherche, on traîne devant les barres d’immeuble, on hésite entre la violence pour se faire entendre et se faire violence tout court pour se construire un avenir plus doux, on répète les comportements masculins pour se faire sa place, on craint quand même toujours un peu le masculin surtout la nuit, on rit, on pleure… Et dans tout ça, une chose reste : ce lien plus haut que le reste entre cette bande de filles. Et cette scène sur Diamonds de Rihanna qui fait frissonner, parce que Rihanna oui bien sûr, mais aussi parce que dans la danse et la chanson, c’est l’amitié qui éclabousse. (C.B.)
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FREAKS (LA MONSTRUEUSE PARADE), de Tod Browning
US — 1969 — 1h04
– Des êtres extraordinaires se produisent dans un célèbre cirque et s’y s’exhibent en tant que phénomènes de foire. Des histoires d’amour, de trahison, de complot et de vengeance pour un film fascinant.
Impossible de se lasser de voir et revoir Freaks. Film d’horreur, mélo, comédie, fable, conte moral, documentaire par bien des aspects, c’est d’abord un film profondément humain, sensible, charnel même. Parmi les « freaks » du titre se trouvent des soeurs siamoises, Violet et Daisy. Lorsque le prétendant de Violet l’embrasse, le plan s’attarde sur le sourire de Daisy, le frisson sensuel qui la traverse. Formidable détail qui amène le·la spectateur·rice à constater que son corps normé est bien incapable de cette prouesse. Ainsi, Browning par touches successives, délicates, transcende les schémas dramatiques ordinaires pour construire une oeuvre à la portée morale saisissante qui nous questionne sur la façon dont nous définissons la beauté, l’anormalité, l’amour et la cruauté. (J.-F.P.)
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ENTRE NOS MAINS, de Mariana Otero (documentaire)
Documentaire — FR — 2010 — 1h27
– Confronté·es à la faillite de leur entreprise de lingerie, des salarié·es – majoritairement des femmes – tentent de reprendre la société sous forme de coopérative. Ils et elles se heurtent à leur patron et à la réalité du marché. Un petit théâtre où se jouent, sur un ton espiègle, entre soutiens-gorge et culottes, des questions fondamentales. Les salarié·es découvrent dans cette aventure collective une nouvelle liberté.
« Ribambelles de satin… jolis rubans de dentelle / Soutiens-gorge et culottes, pour les sauver créons notre SCOP ! » En dépôt de bilan depuis octobre 2008, l’entreprise de confection de lingerie Starissima près d’Orléans se fait aider par la conseillère Sylvie Nourry afin de pouvoir poursuivre l’activité sous forme de SCOP. La documentariste Mariana Otero va suivre le quotidien de l’entreprise en plein questionnement pendant trois mois, venant chaque jour de 8h à 18h partager le quotidien des salarié·e·s. Alors que la délicatesse et le calme de la confection de pièces de lingerie rythment les journées de travail, les doutes et prises de position avoués, au début timidement, les conversations qui se font plus ouvertes et engagées, les réunions, le cheminement de chacun·e, créent, contre toute attente, un suspense de plus en plus intense. Oui, alors que tout paraît modeste, discret, on se retrouve happé·e par ce qui se trame, on a envie que ça marche, nous aussi, oh oui. Le suspense est grand et pourtant rien n’est spectaculaire, c’est la grande beauté et la grande intelligence du travail de Mariana Otero : montrer les changements, filmer les pensées, les transformations subtiles de chacun·e au sein du collectif qui se crée devant nos yeux. Aurait-il fallu « faire le poulet »… ? (A.B.)
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BEAU TRAVAIL, de Claire Denis
FR – 1999 – 1h30
– Dans le golfe de Djibouti, un peloton de la Légion étrangère répare les routes et s’entraîne à la guerre. À Marseille, l’exadjudant Galoup se rappelle les moments qu’il a vécus avec ses hommes…
En amour comme à la guerre, Claire Denis plante sa caméra dans un désert de rocs pour conter les passions fratricides de légionnaires, quelque part entre la danse et la lutte. (B.T.)
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DELPHINE ET CAROLE, INSOUMUSES, de Callisto McNulty (documentaire)
Documentaire — FR — 2021 — 1h10
– La rencontre entre l’actrice mythique Delphine Seyrig et l’artiste Carole Roussopoulos nous conduit au coeur du féminisme des années 1970. Caméra au poing, elles vont s’engager dans des combats radicaux avec insolence, intransigeance et beaucoup d’humour.
Ce film est limpide. On s’y exprime de façon simple et intelligente. Il est émouvant, stimulant, instructif. Il donne furieusement envie de voir tous les films produits à cette époque par ces femmes intelligentes. C’est réjouissant de voir que tout ça a existé, un peu moins de réaliser qu’il aura fallu 50 ans pour qu’on en parle à nouveau. La volonté de partager les savoirs, passer à l’action, s’entraider y est essentielle. Vous aussi vous voulez une rétrospective Roussopoulos ? Écrivez au Cosmos ! (A.B.)
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À LA RECHERCHE DE L’ULTRA-SEX, de Nicolas Charlet, Bruno Lavaine
FR — 2015 — 1h
– Ce film raconte une histoire vraie, une histoire rocambolesque enfin révélée au public grâce à la reconstitution d’un puzzle d’archives de films X, récemment déclassifiés par le FBI.
Un film de rire et de sexe entièrement doublé à la bouche, telle est la formule forgée par le fantas(ti)que duo de réalisateurs, scénaristes, dialoguistes, acteurs… Bruno (Lavaine) et Nicolas (Charlet) pour résumer leur dernier ovni télévisuel, Message à caractère pornographique, à l’occasion des 30 ans de Canal+ en 2014. Heureusement pour nous les frontières entre écrans sont poreuses et le film sort l’année suivante au cinéma sous le titre d’À la recherche de l’ultra-sex. Immense prouesse que de monter plus de 60 extraits de films olé olé et bizarreries en tout genre et sous-genre – attention les yeux !, détournés avec malice et maladresse pour faire monter la température de la salle sans toucher au thermostat ! (E.H.)
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