Animēshon
semaine 2

06.09 12.09

Deuxième semaine du cycle « Animēshon ».
Du 6 août au 12 septembre.

Animeshōn, nouveau cycle consacré à l’animation japonaise continue ! Ce cycle a été co-construit par Jean-François Pey, auteur et enseignant à l’Université de Strasbourg, membre du Conseil de programmation du Cosmos et par Nathalie Bittinger, maître de conférences. Fine connaisseuse de l’animation japonaise, elle est l’autrice du livre Au Pays des Merveilles sorti en 2022 chez Gallimard qui regarde et analyse avec passion de nombreux films d’animation japonaise.

Notez que cette semaine, le 8 septembre à 20h, dans la grande salle, Nathalie Bittinger donnera une masterclasse autour du film Souvenirs Goutte à Goutte qui sera projeté juste après !

INFOS :

  • La particularité de ce cycle c’est que de nombreux films sont accessibles aux jeunes publics, plutôt que de faire une section et des séances dédiées, nous avons pour chaque film donné les âges à partir desquels ils sont accessibles.
  • Afin que les enfants puissent voir les films dans des conditions adaptées, les films seront tous montrés (sauf La Belladonne de la Tristesse et Millennium Actress, films disponibles uniquement en VOST) en VF les mercredis après-midi (séances de 13h à 18h) et les samedis et dimanches (séances entre 10h et 16h). Toutes les autres séances seront en VOST.

ACCESSIBILITÉ :

Le film Ponyo sur la Falaise (VF) est disponible en audiodescription. Des boîtiers ainsi que des casques peuvent être récupérés à la billetterie. Appelez nous au 03 88 52 09 35 pour réserver votre boîtier et afin que nous puissions préparer votre venue et vous accueillir dans les meilleures conditions.

> Consultez la suite de la programmation semaine 3, du 13 au 19 septembre.

MER. 06.09

(Presque) Tous les films du cycle Animēshon sont accessibles aux jeunes publics selon leurs âges. Les âges à partir desquels les films sont visibles sont en verts.

  • 14h00 | Grande salle | Le Serpent blanc de Taiji YABUSHITA
    (JAP – 1958 – VF – 1h20)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 14h15 | Petite salle | Le Vent se lève de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 2014 – VF – 2h07)
    Animation
    Dès 11 ans
  • 15h30 | Grande salle | Ponyo sur la Falaise de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 2009 – VF – 1h42)
    Animation
    Dès 5 ans
  • 16h40 | Petite salle | Dans un Recoin de ce Monde de Sunao KATABUCHI
    (JAP – 2017 – VF – 2h10)
    Animation
    Dès 13 ans
  • 17h30 | Grande salle | Si tu tends l’Oreille de Yoshifumi KONDO
    (JAP – 1995 – VF – 1h54)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 19h00 | Petite salle | Souvenirs Goutte à Goutte d’Isao TAKAHATA
    (JAP – 1991 – VOST – 1h58)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 19h40 | Grande salle | La Chance sourit à Madame Nikuko d’Ayumu WATANABE
    (JAP – 2021 – VOST – 1h36)
    Animation
    Dès 12 ans
  • 21h10 | Petite salle | Le Garçon et la Bête de Mamoru HOSODA
    (JAP – 2016 – VOST – 2h00)
    Animation
    Dès 10 ans
  • 21h30 | Grande salle | La Belladonne de la Tristesse d’Eiichi YAMAMOTO
    (JAP – 1973 – VOST – 1h42)
    Animation
    Int. aux – de 12 ans

La programmation en détail

LE SERPENT BLANC, de Taiji YABUSHITA
(JAP – 1958 – VF – 1h20)
Dans la Chine ancienne, un enfant achète au marché un petit serpent blanc. Mais ses parents n’en veulent pas. Il doit donc se résigner, la mort dans l’âme, à le relâcher. Quelques années plus tard, l’enfant est devenu un jeune homme, tandis que le reptile refait son apparition sous la forme d’une princesse…

Une pierre fondatrice… Le Serpent blanc est le tout premier long-métrage d’animation de la Tôei Dôga, fondée en 1956, qui aspire à devenir le « Disney de l’Orient ». Avant de s’attaquer aux classiques de la littérature jeunesse occidentale, le studio s’inspire de légendes chinoises : du Serpent blanc (1958) à la série Dragon Ball (1986-1989). Maintes fois porté à l’écran, le conte oppose une femme-serpent, amoureuse d’un simple mortel, à un moine qui pourfend les esprits. Objet de plusieurs adaptations en Chine, il met en scène une figure féminine plus ou moins ambivalente, amoureuse transie ou amante maléfique. Fourmillant de merveilles, la version animée de la Tôei met l’accent sur l’amour indéfectible du couple, par-delà ses différences. (N.B.)

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LE VENT SE LÈVE, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 2014 – VF – 2h07)
– Jiro rêve de voler et de dessiner de magnifiques avions. Mais sa mauvaise vue l’empêche de devenir pilote. Il se fait engager dans le département aéronautique d’une importante entreprise d’ingénierie en 1927 où son génie est reconnu.

L’une des obsessions de Hayao Miyazaki, dont le père livrait des gouvernails pour les avions kamikazes de la Seconde Guerre mondiale : comment la plus belle des inventions, offrant aux hommes la possibilité de voler dans le ciel comme les oiseaux, s’est-elle retournée en engin de mort ? C’est cette question ambiguë qu’explore son film le plus « réaliste », Le vent se lève, biopic romancé de Jirô Horikoshi. Cet ingénieur passionné a donné vie – presque à son corps défendant – aux chasseurs-bombardiers Zéro qui ont fait tant de dégâts. Fresque historique s’offrant des échappées oniriques, Le vent se lève contient une tragique histoire d’amour, mais est surtout une ode à la création malgré les aléas de l’Histoire. Le tout résumé par ce vers polysémique du Cimetière marin de Paul Valéry, qui donne son titre au film : « Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre ! » On y découvre enfin l’une des origines du nom du fameux studio, inspiré du bimoteur Ca. 309 Ghibli façonné par l’Italien Caproni, avec qui Jirô converse en rêve. (N.B.)

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PONYO SUR LA FALAISE, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 2009 – VF – 1h42)
– Alors qu’il joue sur la plage, le petit Sosuke découvre une petite fille poisson rouge nommée Ponyo, piégée dans un pot de confiture. Sosuke la sauve et décide de la garder avec lui. Le petit garçon lui promet de la protéger et de s’occuper d’elle, mais le père de Ponyo, Fujimoto la force à revenir avec lui dans les profondeurs. 

On porte un regard naïf sur un sujet complexe : celui, cher à Miyazaki, d’une confrontation entre le monde des Hommes et le monde naturel. Le réalisateur, habitué des fables écologiques, propose ici une lecture plus simplifiée qu’à son habitude : il souhaite s’adresser à des enfants et proposer une histoire dans laquelle les petit·es tiennent les premiers rôles. Simplifiée mais pas simpliste ! On est loin du monde manichéen occupé par des gentil·les et des méchant·es.
Ponyo, c’est une créature mi-enfant mi-poisson au caractère bien trempé, dotée d’un coeur pur et ayant parfois des agissements aux conséquences bien lourdes… Sosuke, c’est cet enfant solitaire mais pas farouche qui aime d’un amour tendre celles et ceux qui l’entourent. Il fait partie du monde humain qui a plutôt tendance à occuper et abimer les profondeurs aquatiques.
De leur rencontre s’en suit un voyage initiatique qui permettra à nos personnages de grandir sans jamais perdre la bonté qui les caractérise. Simple, touchante et naïve jusque dans ses traits de crayons, cette histoire vous entraînera au plus profond de l’océan dans un conte qui parvient à saisir l’absolue beauté de l’enfance. (M.F.)

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DANS UN RECOIN DE CE MONDE, de Sunao KATABUCHI
(JAP – 2017 – VF – 2h10)
La jeune Suzu quitte Hiroshima en 1944, à l’occasion de son mariage, pour vivre dans la famille de son mari à Kure, un port militaire. La guerre rend le quotidien de plus en plus difficile, malgré cela, la jeune femme cultive la joie et l’art de vivre. Mais en 1945, un bombardement va éprouver son courage.

Les horreurs de la Seconde Guerre mondiale appréhendées à travers le quotidien d’une jeune épouse tête en l’air, qui quitte sa ville natale de Hiroshima pour le port militaire de Kure. Peintre à ses heures perdues, Suzu transfigure le chaos du monde par son regard empreint de sensibilité. Après Le Tombeau des Lucioles (1988) d’Isao Takahata, Dans un Recoin de ce Monde est l’une des œuvres les plus poignantes sur les drames intimes engendrés par la grande Histoire. Entre violence et poésie. (N.B.)

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SI TU TENDS L’OREILLE, de Yoshifumi KONDO
(JAP – 1995 – VF – 1h54)
Shizuku Tsukichima, une collégienne de 14 ans, est une jeune fille rêveuse qui adore les romans et les contes. Elle emprunte souvent des livres à sa bibliothèque. Mais un jour, sur les fiches d’emprunt des romans, elle remarque qu’un mystérieux Seiji Amasawa lit exactement les mêmes ouvrages avant elle.

À travers le cheminement d’une apprentie romancière et d’un luthier en formation, Si tu tends l’Oreille est une ode à l’artisanat, à la création et aux processus de l’animation elle-même. Subjuguée par la statue d’un Baron chat détenue par un vieux brocanteur, la jeune Shizuku se met à écrire. Ni une ni deux, les aventures de la créature s’incarnent dans un style féérique qui rompt avec la trame réaliste de sa vie quotidienne dans la banlieue de Tama. Pour son unique œuvre en tant que réalisateur, le regretté Yoshifumi Kondô (mort à quarante-sept ans) entremêle l’esthétique des deux maîtres de Ghibli.

SOUVENIRS GOUTTE À GOUTTE, d’Isao TAKAHATA
(JAP – 1991 – VOST – 1h58)
Une jeune tokyoïte de 27 ans retourne vers sa campagne natale et traverse le Japon, se remémorant son enfance.

L’œuvre d’Isao Takahata, cofondateur de Ghibli quelque peu éclipsé par l’aura de Hayao Miyazaki, mérite d’être (re)découverte par-delà Le Tombeau des Lucioles (1988). Avec Souvenirs Goutte à Goutte, le cinéaste offre une puissante réflexion écologique : il suit la trajectoire d’une jeune femme un peu perdue à l’orée de la trentaine, de Tokyo – sale et surpeuplée – à la campagne régénératrice. Une occasion rêvée pour illustrer sa conception du réalisme en animation à travers de minutieuses reconstitutions, de la vie quotidienne dans les champs au processus millénaire de transformation des fleurs de Carthame en teinture. Ce faisant, son regard sensible et poétique affleure au sein de chaque nuance de verdure, dans l’ombre et la lumière reflétées sur les pétales ou la montagne. Un lyrisme au service d’une analyse de la domestication de la nature par l’homme, du labeur des paysans, de la folie urbaine et des choix existentiels de tout un chacun. Car Taeko, à la croisée des chemins, renoue avec la petite fille qu’elle a été, au détour de ses souvenirs d’enfance qui rejaillissent au contact de la Terre. (N.B.)

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LA CHANCE SOURIT À MADAME NIKUKO, d’Ayumu WATANABE
(JAP – 2021 – VOST – 1h36)
Nikuko est une mère célibataire bien en chair et fière de l’être, tout en désir et joie de vivre – un véritable outrage à la culture patriarcale japonaise ! Après avoir ballotté sa fille Kikurin la moitié de sa vie, elle s’installe dans un petit village de pêcheurs et trouve un travail. Mais un secret du passé ressurgit…

Après Les Enfants de la Mer, Ayumu Watanabe se penche sur une relation mère-fille et dessine une famille minimale où la gêne le dispute à la tendresse. Kikurin aime-t-elle sa mère ou en a-t-elle honte ? Mme Nikuko est-elle pudique, apprêtée, discrète (toutes qualités attendues chez la femme nippone) ? Non ! Mme Nikuko parle, rit, ronfle haut et fort, boit sec et ne s’embarrasse d’aucune convenance. La beauté du film repose pour partie dans la manière dont Watanabe transpose sur le plan graphique le conflit moral de la jeune fille. Le corps brut, libre, expressionniste de Nikuko se heurte en permanence à un univers normé (trop beau pour être honnête ?). (J.-F.P.)

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LE GARÇON ET LA BÊTE, de Mamoru HOSODA
(JAP – 2016 – VOST – 2h00)
Un garçon solitaire et une Bête seule vivent chacun dans deux mondes séparés. Un jour, le garçon se perd dans le monde des Bêtes où il devient le disciple de la Bête Kumatetsu. Cette rencontre fortuite est le début d’une aventure qui dépasse l’imaginaire…

Soit les puissances de l’imaginaire pour panser des blessures trop humaines, par l’un des phares de l’animation japonaise qui a exploré les relations familiales sous toutes les coutures. Un orphelin en fugue erre dans Tokyo avant de dénicher un passage secret qui le mène vers un autre monde – celui des Bêtes –, peuplé de créatures expertes en arts martiaux. À défaut de famille dans la vie réelle, Ren – rebaptisé Kyuta – trouve un maître et un père de substitution auprès d’un ours anthropomorphe, qui lui apprend à encaisser les coups et à se relever. (N.B.)

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LA BELLADONE DE LA TRISTESSE, d’Eiichi YAMAMOTO
(JAP – 1973 – VOST – 1h42)

Jeanne, abusée par le seigneur de son village, pactise avec le Diable dans l’espoir d’obtenir vengeance. Métamorphosée par cette alliance, elle se réfugie dans une étrange vallée, la Belladonna…

Loin d’être réservée aux enfants, l’animation japonaise est un laboratoire qui regorge d’inventivités narratives et stylistiques. Pour preuve : Belladonna La Sorcière, œuvre fascinante, subversive et féministe qui clôt la trilogie de films érotiques d’Eiichi Yamamoto. Inspiré par La Sorcière (1862) de Jules Michelet, Belladonna narre les persécutions sexuelles subies par une jeune femme, violée par le seigneur de la contrée qui affame et torture ses serfs. Pour survivre et se venger, elle vend son corps à un diable érotomane. Muée en Belladonne de la tristesse, elle sème les graines du désir aux quatre vents, dérange l’ordre établi et finit brûlée sur le bûcher. Tour à tour gracieux, sensuel ou sanglant, ce poème lascif propose un voyage halluciné à travers de sublimes tableaux à l’encre, à l’aquarelle ou au fusain, quand il ne s’agit pas de collages de différents styles (citant Gustav Klimt, Egon Schiele, Odile Redon, l’Art nouveau, l’expressionnisme allemand, etc.). Une vraie curiosité dont on ne sort pas indemne. (N.B.)

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JEU. 07.09

(Presque) Tous les films du cycle Animēshon sont accessibles aux jeunes publics selon leurs âges. Les âges à partir desquels les films sont visibles sont en verts.

  • 13h15 | Grande salle | Le Mystère des Pingouins d’Ishida HIROYASU
    (JAP – 2019 – VOST – 1h48)
    Animation
    Dès 6 ans
  • 13h30 | Petite salle | Millennium Actress de Satoshi KON
    (JAP – 2001  – VOST – 1h26)
    Animation
    Dès 10 ans
  • 15h10 | Petite salle | Le Serpent blanc de Taiji YABUSHITA
    (JAP – 1958 – VOST – 1h20)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 15h15 | Grande salle | Le Château de Cagliostro de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 1979 – VOST – 1h40)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 16h40 | Petite salle | La Belladonne de la Tristesse d’Eiichi YAMAMOTO
    (JAP – 1973 – VOST – 1h42)
    Animation
    Int. aux – de 12 ans
  • 17h05 | Grande salle | Lou et l’Île aux sirènes de Masaaki YUASA
    (JAP – 2017 – VOST – 1h52)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 18h40 | Petite salle | Si tu tends l’Oreille de Yoshifumi KONDO
    (JAP – 1995 – VOST– 1h54)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 19h10 | Grande salle | Akira de Katsuhiro ÔTOMO
    (JAP – 1988 – VOST – 2h05)
    Animation
    Dès 14 ans
  • 20h50 | Petite salle | Le Voyage de Chihiro de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 2002 – VOST – 2h06)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 21h30 | Grande salle | Memories de Katsuhiro ÔTOMO, Koji MORIMOTO et Tensai OKAMURA
    (JAP + KOR – 1997 –  VOST – 1h54)
    Animation
    Dès 14 ans

La programmation en détail

LE MYSTÈRE DES PINGOUINS, d’Ishida HIROYASU
(JAP – 2019 – VOST– 1h48)
Quand des pingouins apparaissent partout dans sa petite ville, semant au passage une joyeuse pagaille, le jeune Aoyama se dit qu’il y a là une enquête à mener.

Quand des pingouins jaillissent de bouteilles de Coca-Cola, envahissent la ville, puis sont aimantés vers une mystérieuse sphère aqueuse apparue dans un champ, Aoyama est bien décidé à percer ces phénomènes surnaturels grâce aux méthodes scientifiques. Débute pour le jeune garçon et ses amis une véritable odyssée, support d’une fable écologique mais surtout d’un délire surréaliste au sein de mondes abracadabrants. (N.B.)

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MILLENNIUM ACTRESS, de Satoshi KON
(JAP – 2001  – VOST – 1h26)
Chiyoko Fujiwara, ancienne gloire du cinéma japonais, vit recluse chez elle. Un journaliste, fervent admirateur, vient l’interviewer sur son passé. L’actrice révèle son secret : une vie de passion, passée à rechercher un étrange inconnu, celui-là même qui lui a un jour remis une clé…

Après Perfect Blue, Satoshi Kon, maître de la mise en abyme et du trompe-l’œil, construit un poème d’amour au cinéma en dressant le portrait fragmenté de Chiyoko. L’actrice légendaire raconte à un documentariste comment sa carrière dans le cinéma s’est déroulée parallèlement à sa recherche d’un amour insaisissable. Chiyoko, le documentariste et son cameraman sont projetés dans les souvenirs et les séquences filmiques de la star, comme des fantômes du présent. La grande et la petite histoire, l’histoire du cinéma s’entrelacent, les espaces-temps s’entrechoquent en un déluge de citations : la science-fiction et l’époque féodale, la guerre sino-japonaise en Mandchourie et les décombres d’Hiroshima, Kurosawa et Ozu. Mille ans d’histoire et cent ans de cinéma, fragiles comme un souffle. L’ensemble est unifié par la présence mélodramatique et intemporelle de l’actrice. La progression graduelle d’images simples à complexes, ainsi que l’utilisation créative de textures et de couleurs pour exprimer l’émotion, enveloppent lentement le/la spectateur·rice. C’est l’animation elle-même qui construit le drame. Satoshi Kon est un génie du récit. (J.-F.P.)

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LE SERPENT BLANC, de Taiji YABUSHITA
(JAP – 1958 – VOST – 1h20)
Dans la Chine ancienne, un enfant achète au marché un petit serpent blanc. Mais ses parents n’en veulent pas. Il doit donc se résigner, la mort dans l’âme, à le relâcher. Quelques années plus tard, l’enfant est devenu un jeune homme, tandis que le reptile refait son apparition sous la forme d’une princesse…

Une pierre fondatrice… Le Serpent blanc est le tout premier long-métrage d’animation de la Tôei Dôga, fondée en 1956, qui aspire à devenir le « Disney de l’Orient ». Avant de s’attaquer aux classiques de la littérature jeunesse occidentale, le studio s’inspire de légendes chinoises : du Serpent blanc (1958) à la série Dragon Ball (1986-1989). Maintes fois porté à l’écran, le conte oppose une femme-serpent, amoureuse d’un simple mortel, à un moine qui pourfend les esprits. Objet de plusieurs adaptations en Chine, il met en scène une figure féminine plus ou moins ambivalente, amoureuse transie ou amante maléfique. Fourmillant de merveilles, la version animée de la Tôei met l’accent sur l’amour indéfectible du couple, par-delà ses différences. (N.B.)

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LE CHÂTEAU DE CAGLIOSTRO, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 1979 – VOST – 1h40)
Bien que séduire les plus jolies femmes du monde soit son passe-temps favori, Edgar, gentleman-cambrioleur, vient de dévaliser avec succès un casino très protégé. C’est alors qu’il découvre que tous les billets de banque qui constituent son butin sont faux.

Inspiré de la bande dessinée Lupin III (« petit fils » du Lupin créé par Maurice Leblanc) du mangaka Monkey Punch, aventureux, bondissant, le premier long métrage d’Hayao Miyazaki porte déjà sa poésie personnelle, son sens du décor (les paysages comme les plus petits détails), sa mise en scène de l’action dans l’espace, étourdissante, et sa fascination pour les machines volantes. C’est aussi une mine de références littéraires et filmiques : Dumas et Leblanc, Paul Grimault, James Bond et Bébel, mafieux et samouraïs. Un coup de maître. (J.-F.P.)

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LA BELLADONE DE LA TRISTESSE, d’Eiichi YAMAMOTO
(JAP – 1973 – VOST – 1h42)
Jeanne, abusée par le seigneur de son village, pactise avec le Diable dans l’espoir d’obtenir vengeance. Métamorphosée par cette alliance, elle se réfugie dans une étrange vallée, la Belladonna…

Loin d’être réservée aux enfants, l’animation japonaise est un laboratoire qui regorge d’inventivités narratives et stylistiques. Pour preuve : Belladonna La Sorcière, œuvre fascinante, subversive et féministe qui clôt la trilogie de films érotiques d’Eiichi Yamamoto. Inspiré par La Sorcière (1862) de Jules Michelet, Belladonna narre les persécutions sexuelles subies par une jeune femme, violée par le seigneur de la contrée qui affame et torture ses serfs. Pour survivre et se venger, elle vend son corps à un diable érotomane. Muée en Belladonne de la tristesse, elle sème les graines du désir aux quatre vents, dérange l’ordre établi et finit brûlée sur le bûcher. Tour à tour gracieux, sensuel ou sanglant, ce poème lascif propose un voyage halluciné à travers de sublimes tableaux à l’encre, à l’aquarelle ou au fusain, quand il ne s’agit pas de collages de différents styles (citant Gustav Klimt, Egon Schiele, Odile Redon, l’Art nouveau, l’expressionnisme allemand, etc.). Une vraie curiosité dont on ne sort pas indemne. (N.B.)

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LOU ET L’ÎLE AUX SIRÈNES, de Masaaki YUASA
(JAP – 2017 – VOST + VF – 1h52)
Kai, un collégien solitaire, quitte Tokyo pour un petit village de pêcheurs. Pour occuper son temps, il compose de la musique électronique et rejoint un peu à contre coeur le groupe formé par ses deux camarades de lycée, Yûho et Kunio. Il accepte d’aller répéter avec eux sur une île mystérieuse où il va rencontrer Lou, une sirène qui devient son amie.

Le plus psychédélique des cinéastes d’animation ravive une sirène légendaire au sein d’un contemporain morose, qui ne croit plus en rien. Fan de musique électronique – qui provoque sa transformation en humaine –, elle réenchante le quotidien d’un fils de divorcés, mais aussi de la petite ville de pêcheurs, tout en exaltant la convoitise d’idiots capitalistes. Une perle baroque à découvrir absolument, vu la richesse du style de Masaaki Yuasa, qui métamorphose sans cesse les formes, les sons et les couleurs. (N.B.)

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SI TU TENDS L’OREILLE, de Yoshifumi KONDO
(JAP – 1995 – VOST – 1h54)
Shizuku Tsukichima, une collégienne de 14 ans, est une jeune fille rêveuse qui adore les romans et les contes. Elle emprunte souvent des livres à sa bibliothèque. Mais un jour, sur les fiches d’emprunt des romans, elle remarque qu’un mystérieux Seiji Amasawa lit exactement les mêmes ouvrages avant elle.

À travers le cheminement d’une apprentie romancière et d’un luthier en formation, Si tu tends l’Oreille est une ode à l’artisanat, à la création et aux processus de l’animation elle-même. Subjuguée par la statue d’un Baron chat détenue par un vieux brocanteur, la jeune Shizuku se met à écrire. Ni une ni deux, les aventures de la créature s’incarnent dans un style féérique qui rompt avec la trame réaliste de sa vie quotidienne dans la banlieue de Tama. Pour son unique œuvre en tant que réalisateur, le regretté Yoshifumi Kondô (mort à quarante-sept ans) entremêle l’esthétique des deux maîtres de Ghibli. (N.B.)

AKIRA, de Katsuhiro ÔTOMO
(JAP – 1988 – VOST – 2h05)
En juillet 1988, une mystérieuse explosion détruit Tokyo, déclenchant la troisième guerre mondiale. 31 ans plus tard, en 2019, Néo Tokyo a retrouvé sa prospérité d’antan et se prépare à accueillir les Jeux olympiques de 2020. 

Akira n’est pas seulement un film, c’est la genèse d’un genre. Le classique cyberpunk de Katsuhiro Otomo a bouleversé les frontières de l’animation japonaise. On pense à 2001, Blade Runner, Les Guerriers de la Nuit, La Planète interdite…C’est l’un des plus grands films d’animation jamais réalisés, son influence sur le cinéma tout entier est énorme. Le film aborde la délinquance, la conscience psychique, l’agitation sociale, la réaction du monde face à un holocauste nucléaire, la corruption, la volonté de puissance de l’enfance à la maturité, à la fois chez les individus et l’espèce humaine elle-même. Premier long métrage d’Otomo, Akira se caractérise par une qualité d’animation jamais vue à l’époque. Même si les personnages humains sont purement bidimensionnels, la métropole elle-même est un merveilleux enchevêtrement d’autoroutes, de bidonvilles, de gratte-ciel et de passages labyrinthiques, tandis que les dessins imitent les zooms, travellings et gros plans pyrotechniques des caméras de prise de vue réelle (à vingt-quatre images par seconde, fait rare jusqu’alors). L’intrigue est admirablement complexe, imaginative et chargée d’une ironie glaçante. (J.-F.P.)

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LE VOYAGE DE CHIHIRO, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 2002 – VOST – 2h06)
Chihiro, une fillette de 10 ans, est en route vers sa nouvelle demeure en compagnie de ses parents. Au cours du voyage, la famille fait une halte dans un parc à thème qui leur paraît délabré. Lors de la visite, les parents s’arrêtent dans un des bâtiments pour déguster quelques mets très appétissants, apparus comme par enchantement…

Le film de la reconnaissance internationale (acclamé par la critique, Oscar du meilleur film d’animation, Ours d’or, des recettes à faire pâlir bien des blockbusters d’aujourd’hui). Chihiro brille par sa capacité à inventer un monde magique, fou et poétique, peuplé d’esprits du Japon (fleuves, sources, montagnes) venus se purifier des souillures qui leur sont infligées par les humains. L’aventure est spirituelle, chargée d’une vision shintoïste du monde. On en sort comme on finit un rêve étrange et pénétrant. Un chef-d’œuvre (de plus) ! (J.-F.P.)

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MEMORIES, de Katsuhiro ÔTOMO, Koji MORIMOTO et Tensai OKAMURA
(JAP + KOR – 1997 – VOST – 1h54)
Trois petites histoires composent « Memories ». Dans la première, Magnetic Rose, deux voyageurs de l’espace sont aspirés dans un monde parallèle sur un astéroïde. Dans Stink Bomb, un jeune assistant dans un laboratoire se transforme accidentellement en une arme biologique humaine. Cannon Fodder, relate un jour de la vie d’une ville qui a pour unique préoccupation d’anéantir ses ennemis.

Trois segments, trois univers et trois styles visuels très différents. Le tout sous la supervision de Katsuhiro Otomo (Akira) d’après son manga paru en 1990 Kanojo no Omoide – Ses souvenirs.
La rose magnétique, réalisé par Koji Morimoto reçoit le renfort de Satoshi Kon au scénario et à la direction artistique. Techniquement stupéfiant, plus réaliste que les deux suivants, ce récit de science-fiction est porté par un puissant souffle romanesque. On pense à Solaris de Tarkovski.
La bombe puante du réalisateur Tensai Okamura apporte un contraste comique. Un jeune chimiste se transforme accidentellement en une arme biologique imparable qui se dirige directement vers Tokyo. Les tentatives démesurées pour l’en empêcher vont crescendo. On rit et on tremble un peu…Covid oblige.
Chair à canon, réalisé par Otomo lui-même, met en scène une société ultra-militarisée qui vénère un gigantesque canon. Huis clos asphyxiant et tour de force visuel (le film imite un découpage en plans-séquences), il rappelle jusqu’à la nausée le goût des humains, grands et petits, pour la guerre.
Un formidable film omnibus (voir aussi Robot Carnival et Manie Manie). (J.-F.P.)

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VEN. 08.09

(Presque) Tous les films du cycle Animēshon sont accessibles aux jeunes publics selon leurs âges. Les âges à partir desquels les films sont visibles sont en verts.

  • 13h30 | Petite salle | Le Garçon et la Bête de Mamoru HOSODA
    (JAP – 2016 – VOST – 2h00)
    Animation
    Dès 10 ans
  • 13h45 | Grande salle | Millennium Actress de Satoshi KON
    (JAP – 2001  – VOST – 1h26)
    Animation
    Dès 10 ans
  • 15h20 | Grande salle | Le Vent se lève de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 2014 – VOST – 2h07)
    Animation
    Dès 11 ans
  • 15h50 | Petite salle | Memories de Katsuhiro ÔTOMO, Koji MORIMOTO et Tensai OKAMURA
    (JAP + KOR – 1997 –  VOST – 1h54)
    Animation
    Dès 14 ans
  • 17h40 | Grande salle | Ponyo sur la Falaise de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 2009 – VOST – 1h42)
    Animation
    Dès 5 ans
  • 18h00 | Petite salle | Lou et l’Île aux sirènes de Masaaki YUASA
    (JAP – 2017 – VOST – 1h52)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 20h10 | Petite salle | Le Château de Cagliostro de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 1979 – VOST – 1h40)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 20h00 | Grande salle | Masterclasse de Nathalie Bittinger + Projection de Souvenirs Goutte à Goutte d’Isao TAKAHATA
    (JAP – 1991 – VOST – 1h58)
    Animation
    Dès 8 ans

LES SÉANCES SPÉCIALES ET ANIMATIONS

  • VENDREDI 8 SEPTEMBRE
    Masterclasse de Nathalie Bittinger + Projection de Souvenirs Goutte à Goutte | Grande salle | 20h
    Tarifs habituels
    Maître de conférences en études cinématographiques à l’Université de Strasbourg et agrégée de lettres modernes, Nathalie Bittinger a dirigé, entre autres, un Dictionnaire des cinémas chinois, et écrit des ouvrages sur Wong Kar-wai et Ang Lee. Son dernier livre, Au pays des merveilles (Gallimard, 2022), porte sur l’animation japonaise. Elle présentera le film Souvenirs Goutte à Goutte d’Isao Takahata (durant une heure) avant sa projection.
    Projection de Souvenirs Goutte à Goutte (1h58) précédée d’une masterclasse d’une heure de Nathalie Bittinger autour du film.

La programmation en détail

LE GARÇON ET LA BÊTE, de Mamoru HOSODA
(JAP – 2016 – VOST – 2h00)
Un garçon solitaire et une Bête seule vivent chacun dans deux mondes séparés. Un jour, le garçon se perd dans le monde des Bêtes où il devient le disciple de la Bête Kumatetsu. Cette rencontre fortuite est le début d’une aventure qui dépasse l’imaginaire…

Soit les puissances de l’imaginaire pour panser des blessures trop humaines, par l’un des phares de l’animation japonaise qui a exploré les relations familiales sous toutes les coutures. Un orphelin en fugue erre dans Tokyo avant de dénicher un passage secret qui le mène vers un autre monde – celui des Bêtes –, peuplé de créatures expertes en arts martiaux. À défaut de famille dans la vie réelle, Ren – rebaptisé Kyuta – trouve un maître et un père de substitution auprès d’un ours anthropomorphe, qui lui apprend à encaisser les coups et à se relever. (N.B.)

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MILLENNIUM ACTRESS, de Satoshi KON
(JAP – 2001  – VOST – 1h26)
Chiyoko Fujiwara, ancienne gloire du cinéma japonais, vit recluse chez elle. Un journaliste, fervent admirateur, vient l’interviewer sur son passé. L’actrice révèle son secret : une vie de passion, passée à rechercher un étrange inconnu, celui-là même qui lui a un jour remis une clé…

Après Perfect Blue, Satoshi Kon, maître de la mise en abyme et du trompe-l’œil, construit un poème d’amour au cinéma en dressant le portrait fragmenté de Chiyoko. L’actrice légendaire raconte à un documentariste comment sa carrière dans le cinéma s’est déroulée parallèlement à sa recherche d’un amour insaisissable. Chiyoko, le documentariste et son cameraman sont projetés dans les souvenirs et les séquences filmiques de la star, comme des fantômes du présent. La grande et la petite histoire, l’histoire du cinéma s’entrelacent, les espaces-temps s’entrechoquent en un déluge de citations : la science-fiction et l’époque féodale, la guerre sino-japonaise en Mandchourie et les décombres d’Hiroshima, Kurosawa et Ozu. Mille ans d’histoire et cent ans de cinéma, fragiles comme un souffle. L’ensemble est unifié par la présence mélodramatique et intemporelle de l’actrice. La progression graduelle d’images simples à complexes, ainsi que l’utilisation créative de textures et de couleurs pour exprimer l’émotion, enveloppent lentement le/la spectateur·rice. C’est l’animation elle-même qui construit le drame. Satoshi Kon est un génie du récit. (J.-F.P.)

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LE VENT SE LÈVE, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 2014 – VOST – 2h07)
Jiro rêve de voler et de dessiner de magnifiques avions. Mais sa mauvaise vue l’empêche de devenir pilote. Il se fait engager dans le département aéronautique d’une importante entreprise d’ingénierie en 1927 où son génie est reconnu.

L’une des obsessions de Hayao Miyazaki, dont le père livrait des gouvernails pour les avions kamikazes de la Seconde Guerre mondiale : comment la plus belle des inventions, offrant aux hommes la possibilité de voler dans le ciel comme les oiseaux, s’est-elle retournée en engin de mort ? C’est cette question ambiguë qu’explore son film le plus « réaliste », Le vent se lève, biopic romancé de Jirô Horikoshi. Cet ingénieur passionné a donné vie – presque à son corps défendant – aux chasseurs-bombardiers Zéro qui ont fait tant de dégâts. Fresque historique s’offrant des échappées oniriques, Le vent se lève contient une tragique histoire d’amour, mais est surtout une ode à la création malgré les aléas de l’Histoire. Le tout résumé par ce vers polysémique du Cimetière marin de Paul Valéry, qui donne son titre au film : « Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre ! » On y découvre enfin l’une des origines du nom du fameux studio, inspiré du bimoteur Ca. 309 Ghibli façonné par l’Italien Caproni, avec qui Jirô converse en rêve. (N.B.)

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MEMORIES, de Katsuhiro ÔTOMO, Koji MORIMOTO et Tensai OKAMURA
(JAP + KOR – 1997 – VOST – 1h54)
Trois petites histoires composent « Memories ». Dans la première, Magnetic Rose, deux voyageurs de l’espace sont aspirés dans un monde parallèle sur un astéroïde. Dans Stink Bomb, un jeune assistant dans un laboratoire se transforme accidentellement en une arme biologique humaine. Cannon Fodder, relate un jour de la vie d’une ville qui a pour unique préoccupation d’anéantir ses ennemis.

Trois segments, trois univers et trois styles visuels très différents. Le tout sous la supervision de Katsuhiro Otomo (Akira) d’après son manga paru en 1990 Kanojo no Omoide – Ses souvenirs.
La rose magnétique, réalisé par Koji Morimoto reçoit le renfort de Satoshi Kon au scénario et à la direction artistique. Techniquement stupéfiant, plus réaliste que les deux suivants, ce récit de science-fiction est porté par un puissant souffle romanesque. On pense à Solaris de Tarkovski.
La bombe puante du réalisateur Tensai Okamura apporte un contraste comique. Un jeune chimiste se transforme accidentellement en une arme biologique imparable qui se dirige directement vers Tokyo. Les tentatives démesurées pour l’en empêcher vont crescendo. On rit et on tremble un peu…Covid oblige.
Chair à canon, réalisé par Otomo lui-même, met en scène une société ultra-militarisée qui vénère un gigantesque canon. Huis clos asphyxiant et tour de force visuel (le film imite un découpage en plans-séquences), il rappelle jusqu’à la nausée le goût des humains, grands et petits, pour la guerre.
Un formidable film omnibus (voir aussi Robot Carnival et Manie Manie). (J.-F.P.)

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PONYO SUR LA FALAISE, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 2009 – VOST – 1h42)
– Alors qu’il joue sur la plage, le petit Sosuke découvre une petite fille poisson rouge nommée Ponyo, piégée dans un pot de confiture. Sosuke la sauve et décide de la garder avec lui. Le petit garçon lui promet de la protéger et de s’occuper d’elle, mais le père de Ponyo, Fujimoto la force à revenir avec lui dans les profondeurs. 

On porte un regard naïf sur un sujet complexe : celui, cher à Miyazaki, d’une confrontation entre le monde des Hommes et le monde naturel. Le réalisateur, habitué des fables écologiques, propose ici une lecture plus simplifiée qu’à son habitude : il souhaite s’adresser à des enfants et proposer une histoire dans laquelle les petit·es tiennent les premiers rôles. Simplifiée mais pas simpliste ! On est loin du monde manichéen occupé par des gentil·les et des méchant·es.
Ponyo, c’est une créature mi-enfant mi-poisson au caractère bien trempé, dotée d’un coeur pur et ayant parfois des agissements aux conséquences bien lourdes… Sosuke, c’est cet enfant solitaire mais pas farouche qui aime d’un amour tendre celles et ceux qui l’entourent. Il fait partie du monde humain qui a plutôt tendance à occuper et abimer les profondeurs aquatiques.
De leur rencontre s’en suit un voyage initiatique qui permettra à nos personnages de grandir sans jamais perdre la bonté qui les caractérise. Simple, touchante et naïve jusque dans ses traits de crayons, cette histoire vous entraînera au plus profond de l’océan dans un conte qui parvient à saisir l’absolue beauté de l’enfance. (M.F.)

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LOU ET L’ÎLE AUX SIRÈNES, de Masaaki YUASA
(JAP – 2017 – VOST – 1h52)
Kai, un collégien solitaire, quitte Tokyo pour un petit village de pêcheurs. Pour occuper son temps, il compose de la musique électronique et rejoint un peu à contre coeur le groupe formé par ses deux camarades de lycée, Yûho et Kunio. Il accepte d’aller répéter avec eux sur une île mystérieuse où il va rencontrer Lou, une sirène qui devient son amie.

Le plus psychédélique des cinéastes d’animation ravive une sirène légendaire au sein d’un contemporain morose, qui ne croit plus en rien. Fan de musique électronique – qui provoque sa transformation en humaine –, elle réenchante le quotidien d’un fils de divorcés, mais aussi de la petite ville de pêcheurs, tout en exaltant la convoitise d’idiots capitalistes. Une perle baroque à découvrir absolument, vu la richesse du style de Masaaki Yuasa, qui métamorphose sans cesse les formes, les sons et les couleurs. (N.B.)

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LE CHÂTEAU DE CAGLIOSTRO, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 1979 – VOST – 1h40)
Bien que séduire les plus jolies femmes du monde soit son passe-temps favori, Edgar, gentleman-cambrioleur, vient de dévaliser avec succès un casino très protégé. C’est alors qu’il découvre que tous les billets de banque qui constituent son butin sont faux.

Inspiré de la bande dessinée Lupin III (« petit fils » du Lupin créé par Maurice Leblanc) du mangaka Monkey Punch, aventureux, bondissant, le premier long métrage d’Hayao Miyazaki porte déjà sa poésie personnelle, son sens du décor (les paysages comme les plus petits détails), sa mise en scène de l’action dans l’espace, étourdissante, et sa fascination pour les machines volantes. C’est aussi une mine de références littéraires et filmiques : Dumas et Leblanc, Paul Grimault, James Bond et Bébel, mafieux et samouraïs. Un coup de maître. (J.-F.P.)

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SOUVENIRS GOUTTE À GOUTTE, d’Isao TAKAHATA
(JAP – 1991 – VOST – 1h58)
Une jeune tokyoïte de 27 ans retourne vers sa campagne natale et traverse le Japon, se remémorant son enfance.

L’œuvre d’Isao Takahata, cofondateur de Ghibli quelque peu éclipsé par l’aura de Hayao Miyazaki, mérite d’être (re)découverte par-delà Le Tombeau des Lucioles (1988). Avec Souvenirs Goutte à Goutte, le cinéaste offre une puissante réflexion écologique : il suit la trajectoire d’une jeune femme un peu perdue à l’orée de la trentaine, de Tokyo – sale et surpeuplée – à la campagne régénératrice. Une occasion rêvée pour illustrer sa conception du réalisme en animation à travers de minutieuses reconstitutions, de la vie quotidienne dans les champs au processus millénaire de transformation des fleurs de Carthame en teinture. Ce faisant, son regard sensible et poétique affleure au sein de chaque nuance de verdure, dans l’ombre et la lumière reflétées sur les pétales ou la montagne. Un lyrisme au service d’une analyse de la domestication de la nature par l’homme, du labeur des paysans, de la folie urbaine et des choix existentiels de tout un chacun. Car Taeko, à la croisée des chemins, renoue avec la petite fille qu’elle a été, au détour de ses souvenirs d’enfance qui rejaillissent au contact de la Terre. (N.B.)

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SAM. 09.09

(Presque) Tous les films du cycle Animēshon sont accessibles aux jeunes publics selon leurs âges. Les âges à partir desquels les films sont visibles sont en verts.

  • 10h00 | Grande salle | La Boîte à Malice de Koji YAMAMURA
    Programme de 5 courts-métrages – 38 min.
    Animation
    Dès 2 ans
  • 10h10 | Petite salle | Ponyo sur la Falaise de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 2009 – VF – 1h42)
    Animation
    Dès 5 ans
  • 10h50 | Grande salle | Le Serpent blanc de Taiji YABUSHITA
    (JAP – 1958 – VF – 1h20)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 13h00 | Grande salle | Si tu tends l’Oreille de Yoshifumi KONDO
    (JAP – 1995 – VF – 1h54)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 13h30 | Petite salle | Dans un Recoin de ce Monde de Sunao KATABUCHI
    (JAP – 2017 – VF – 2h10)
    Animation
    Dès 13 ans
  • 15h10 | Grande salle | Le Voyage de Chihiro de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 2002 – VF – 2h06)
    Animation Dès 8 ans
  • 16h00 | Petite salle | Le Mystère des Pingouins d’Ishida HIROYASU
    (JAP – 2019 – VF – 1h48)
    Animation
    Dès 6 ans
  • 17h30 | Grande salle | La Chance sourit à Madame Nikuko d’Ayumu WATANABE
    (JAP – 2021 – VOST – 1h36)
    Animation
    Dès 12 ans
  • 18h00 | Petite salle | Millennium Actress de Satoshi KON
    (JAP – 2001  – VOST – 1h26)
    Animation
    Dès 10 ans
  • 19h20 | Grande salle | Akira de Katsuhiro ÔTOMO
    (JAP – 1988 – VOST – 2h05)
    Animation
    Dès 14 ans
  • 19h50 | Petite salle | Le Vent se lève de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 2014 – VOST – 2h07)
    Animation
    Dès 11 ans
  • 21h40 | Grande salle | La Belladonne de la Tristesse d’Eiichi YAMAMOTO
    (JAP – 1973 – VOST –  1h42)
    Animation Int. aux – de 12 ans

La programmation en détail

PROGRAMME DE COURTS-MÉTRAGES
LA BOÎTE À MALICE – 38 MIN., de Koji YAMAMURA
Les plus petit·es aussi ont droit à leur séance d’animation japonaise ! Dans cette série, réunie par Les Films du Préau, 5 courts-métrages poétiques et avant-gardistes sont présentés pour une durée totale de 38 minutes. Le format idéal pour les 2 ans et plus et pour les premières sorties au cinéma ! Koji Yamamura met en scène le quotidien avec beauté pour le plus grand bonheur des tout petit·es et des plus grand·es.

– Une maison
JAP – 1993 – Sans dialogue – 4 mn
En survolant un paysage enneigé, Karo l’oiseau bleu et Piyobuputo l’oiseau rose, découvrent un vieil arbre. Ils vont construire leur maison sur l’une de ses branches.

– Les sandwiches
JAP – 1993 – Sans dialogue – 4 mn 20
Confortablement installés dans leur nouvelle maison, Karo et Piyobuputo préparent des sandwiches pour un pique nique. Une préparation très festive…

– Imagination
JAP – 1993 – Sans dialogue – 4 mn 20
Il pleut averse. Karo rentre vite à la maison et raconte à Piyobuputo qu’il a croisé un poisson volant… Ce dernier éclate de rire et entraîne à son tour son ami dans un monde imaginaire.

– Kipling Junior
JAP – 1995 – VO – 15 mn
Kipling Junior vit avec ses parents dans une petite maison à la campagne. Il a pour amis une bande d’insectes musiciens et décide de les accompagner en ville pour un concert. Est-ce vraiment une bonne idée ?

– Quel est ton choix ?
JAP – 1999 – VO – 10 mn
Raoul l’alligator a mal aux dents, mais il a également besoin d’une coupe de cheveux. Il hésite : ira-t-il chez le coiffeur ou chez le dentiste ?

PONYO SUR LA FALAISE, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 2009 – VF – 1h42)
– Alors qu’il joue sur la plage, le petit Sosuke découvre une petite fille poisson rouge nommée Ponyo, piégée dans un pot de confiture. Sosuke la sauve et décide de la garder avec lui. Le petit garçon lui promet de la protéger et de s’occuper d’elle, mais le père de Ponyo, Fujimoto la force à revenir avec lui dans les profondeurs. 

On porte un regard naïf sur un sujet complexe : celui, cher à Miyazaki, d’une confrontation entre le monde des Hommes et le monde naturel. Le réalisateur, habitué des fables écologiques, propose ici une lecture plus simplifiée qu’à son habitude : il souhaite s’adresser à des enfants et proposer une histoire dans laquelle les petit·es tiennent les premiers rôles. Simplifiée mais pas simpliste ! On est loin du monde manichéen occupé par des gentil·les et des méchant·es.
Ponyo, c’est une créature mi-enfant mi-poisson au caractère bien trempé, dotée d’un coeur pur et ayant parfois des agissements aux conséquences bien lourdes… Sosuke, c’est cet enfant solitaire mais pas farouche qui aime d’un amour tendre celles et ceux qui l’entourent. Il fait partie du monde humain qui a plutôt tendance à occuper et abimer les profondeurs aquatiques.
De leur rencontre s’en suit un voyage initiatique qui permettra à nos personnages de grandir sans jamais perdre la bonté qui les caractérise. Simple, touchante et naïve jusque dans ses traits de crayons, cette histoire vous entraînera au plus profond de l’océan dans un conte qui parvient à saisir l’absolue beauté de l’enfance. (M.F.)

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LE SERPENT BLANC, de Taiji YABUSHITA
(JAP – 1958 – VF – 1h20)
Dans la Chine ancienne, un enfant achète au marché un petit serpent blanc. Mais ses parents n’en veulent pas. Il doit donc se résigner, la mort dans l’âme, à le relâcher. Quelques années plus tard, l’enfant est devenu un jeune homme, tandis que le reptile refait son apparition sous la forme d’une princesse…

Une pierre fondatrice… Le Serpent blanc est le tout premier long-métrage d’animation de la Tôei Dôga, fondée en 1956, qui aspire à devenir le « Disney de l’Orient ». Avant de s’attaquer aux classiques de la littérature jeunesse occidentale, le studio s’inspire de légendes chinoises : du Serpent blanc (1958) à la série Dragon Ball (1986-1989). Maintes fois porté à l’écran, le conte oppose une femme-serpent, amoureuse d’un simple mortel, à un moine qui pourfend les esprits. Objet de plusieurs adaptations en Chine, il met en scène une figure féminine plus ou moins ambivalente, amoureuse transie ou amante maléfique. Fourmillant de merveilles, la version animée de la Tôei met l’accent sur l’amour indéfectible du couple, par-delà ses différences. (N.B.)

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SI TU TENDS L’OREILLE, de Yoshifumi KONDO
(JAP – 1995 – VF – 1h54)
Shizuku Tsukichima, une collégienne de 14 ans, est une jeune fille rêveuse qui adore les romans et les contes. Elle emprunte souvent des livres à sa bibliothèque. Mais un jour, sur les fiches d’emprunt des romans, elle remarque qu’un mystérieux Seiji Amasawa lit exactement les mêmes ouvrages avant elle.

À travers le cheminement d’une apprentie romancière et d’un luthier en formation, Si tu tends l’Oreille est une ode à l’artisanat, à la création et aux processus de l’animation elle-même. Subjuguée par la statue d’un Baron chat détenue par un vieux brocanteur, la jeune Shizuku se met à écrire. Ni une ni deux, les aventures de la créature s’incarnent dans un style féérique qui rompt avec la trame réaliste de sa vie quotidienne dans la banlieue de Tama. Pour son unique œuvre en tant que réalisateur, le regretté Yoshifumi Kondô (mort à quarante-sept ans) entremêle l’esthétique des deux maîtres de Ghibli. (N.B.)

DANS UN RECOIN DE CE MONDE, de Sunao KATABUCHI
(JAP – 2017 – VF – 2h10)
La jeune Suzu quitte Hiroshima en 1944, à l’occasion de son mariage, pour vivre dans la famille de son mari à Kure, un port militaire. La guerre rend le quotidien de plus en plus difficile, malgré cela, la jeune femme cultive la joie et l’art de vivre. Mais en 1945, un bombardement va éprouver son courage.

Les horreurs de la Seconde Guerre mondiale appréhendées à travers le quotidien d’une jeune épouse tête en l’air, qui quitte sa ville natale de Hiroshima pour le port militaire de Kure. Peintre à ses heures perdues, Suzu transfigure le chaos du monde par son regard empreint de sensibilité. Après Le Tombeau des Lucioles (1988) d’Isao Takahata, Dans un Recoin de ce Monde est l’une des œuvres les plus poignantes sur les drames intimes engendrés par la grande Histoire. Entre violence et poésie. (N.B.)

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LE VOYAGE DE CHIHIRO, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 2002 – VF – 2h06)
Chihiro, une fillette de 10 ans, est en route vers sa nouvelle demeure en compagnie de ses parents. Au cours du voyage, la famille fait une halte dans un parc à thème qui leur paraît délabré. Lors de la visite, les parents s’arrêtent dans un des bâtiments pour déguster quelques mets très appétissants, apparus comme par enchantement…

Le film de la reconnaissance internationale (acclamé par la critique, Oscar du meilleur film d’animation, Ours d’or, des recettes à faire pâlir bien des blockbusters d’aujourd’hui). Chihiro brille par sa capacité à inventer un monde magique, fou et poétique, peuplé d’esprits du Japon (fleuves, sources, montagnes) venus se purifier des souillures qui leur sont infligées par les humains. L’aventure est spirituelle, chargée d’une vision shintoïste du monde. On en sort comme on finit un rêve étrange et pénétrant. Un chef-d’œuvre (de plus) ! (J.-F.P.)

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LE MYSTÈRE DES PINGOUINS, d’Ishida HIROYASU
(JAP – 2019 – VF – 1h48)
Quand des pingouins apparaissent partout dans sa petite ville, semant au passage une joyeuse pagaille, le jeune Aoyama se dit qu’il y a là une enquête à mener.

Quand des pingouins jaillissent de bouteilles de Coca-Cola, envahissent la ville, puis sont aimantés vers une mystérieuse sphère aqueuse apparue dans un champ, Aoyama est bien décidé à percer ces phénomènes surnaturels grâce aux méthodes scientifiques. Débute pour le jeune garçon et ses amis une véritable odyssée, support d’une fable écologique mais surtout d’un délire surréaliste au sein de mondes abracadabrants. (N.B.)

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LA CHANCE SOURIT À MADAME NIKUKO, d’Ayumu WATANABE
(JAP – 2021 – VOST – 1h36)
Nikuko est une mère célibataire bien en chair et fière de l’être, tout en désir et joie de vivre – un véritable outrage à la culture patriarcale japonaise ! Après avoir ballotté sa fille Kikurin la moitié de sa vie, elle s’installe dans un petit village de pêcheurs et trouve un travail. Mais un secret du passé ressurgit…

Après Les Enfants de la Mer, Ayumu Watanabe se penche sur une relation mère-fille et dessine une famille minimale où la gêne le dispute à la tendresse. Kikurin aime-t-elle sa mère ou en a-t-elle honte ? Mme Nikuko est-elle pudique, apprêtée, discrète (toutes qualités attendues chez la femme nippone) ? Non ! Mme Nikuko parle, rit, ronfle haut et fort, boit sec et ne s’embarrasse d’aucune convenance. La beauté du film repose pour partie dans la manière dont Watanabe transpose sur le plan graphique le conflit moral de la jeune fille. Le corps brut, libre, expressionniste de Nikuko se heurte en permanence à un univers normé (trop beau pour être honnête ?). (J.-F.P.)

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MILLENNIUM ACTRESS, de Satoshi KON
(JAP – 2001  – VOST – 1h26)
Chiyoko Fujiwara, ancienne gloire du cinéma japonais, vit recluse chez elle. Un journaliste, fervent admirateur, vient l’interviewer sur son passé. L’actrice révèle son secret : une vie de passion, passée à rechercher un étrange inconnu, celui-là même qui lui a un jour remis une clé…

Après Perfect Blue, Satoshi Kon, maître de la mise en abyme et du trompe-l’œil, construit un poème d’amour au cinéma en dressant le portrait fragmenté de Chiyoko. L’actrice légendaire raconte à un documentariste comment sa carrière dans le cinéma s’est déroulée parallèlement à sa recherche d’un amour insaisissable. Chiyoko, le documentariste et son cameraman sont projetés dans les souvenirs et les séquences filmiques de la star, comme des fantômes du présent. La grande et la petite histoire, l’histoire du cinéma s’entrelacent, les espaces-temps s’entrechoquent en un déluge de citations : la science-fiction et l’époque féodale, la guerre sino-japonaise en Mandchourie et les décombres d’Hiroshima, Kurosawa et Ozu. Mille ans d’histoire et cent ans de cinéma, fragiles comme un souffle. L’ensemble est unifié par la présence mélodramatique et intemporelle de l’actrice. La progression graduelle d’images simples à complexes, ainsi que l’utilisation créative de textures et de couleurs pour exprimer l’émotion, enveloppent lentement le/la spectateur·rice. C’est l’animation elle-même qui construit le drame. Satoshi Kon est un génie du récit. (J.-F.P.)

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AKIRA, de Katsuhiro ÔTOMO
(JAP – 1988 – VOST – 2h05)
En juillet 1988, une mystérieuse explosion détruit Tokyo, déclenchant la troisième guerre mondiale. 31 ans plus tard, en 2019, Néo Tokyo a retrouvé sa prospérité d’antan et se prépare à accueillir les Jeux olympiques de 2020. 

Akira n’est pas seulement un film, c’est la genèse d’un genre. Le classique cyberpunk de Katsuhiro Otomo a bouleversé les frontières de l’animation japonaise. On pense à 2001, Blade Runner, Les Guerriers de la Nuit, La Planète interdite…C’est l’un des plus grands films d’animation jamais réalisés, son influence sur le cinéma tout entier est énorme. Le film aborde la délinquance, la conscience psychique, l’agitation sociale, la réaction du monde face à un holocauste nucléaire, la corruption, la volonté de puissance de l’enfance à la maturité, à la fois chez les individus et l’espèce humaine elle-même. Premier long métrage d’Otomo, Akira se caractérise par une qualité d’animation jamais vue à l’époque. Même si les personnages humains sont purement bidimensionnels, la métropole elle-même est un merveilleux enchevêtrement d’autoroutes, de bidonvilles, de gratte-ciel et de passages labyrinthiques, tandis que les dessins imitent les zooms, travellings et gros plans pyrotechniques des caméras de prise de vue réelle (à vingt-quatre images par seconde, fait rare jusqu’alors). L’intrigue est admirablement complexe, imaginative et chargée d’une ironie glaçante. (J.-F.P.)

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LE VENT SE LÈVE, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 2014 – VOST – 2h07)
Jiro rêve de voler et de dessiner de magnifiques avions. Mais sa mauvaise vue l’empêche de devenir pilote. Il se fait engager dans le département aéronautique d’une importante entreprise d’ingénierie en 1927 où son génie est reconnu.

L’une des obsessions de Hayao Miyazaki, dont le père livrait des gouvernails pour les avions kamikazes de la Seconde Guerre mondiale : comment la plus belle des inventions, offrant aux hommes la possibilité de voler dans le ciel comme les oiseaux, s’est-elle retournée en engin de mort ? C’est cette question ambiguë qu’explore son film le plus « réaliste », Le vent se lève, biopic romancé de Jirô Horikoshi. Cet ingénieur passionné a donné vie – presque à son corps défendant – aux chasseurs-bombardiers Zéro qui ont fait tant de dégâts. Fresque historique s’offrant des échappées oniriques, Le vent se lève contient une tragique histoire d’amour, mais est surtout une ode à la création malgré les aléas de l’Histoire. Le tout résumé par ce vers polysémique du Cimetière marin de Paul Valéry, qui donne son titre au film : « Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre ! » On y découvre enfin l’une des origines du nom du fameux studio, inspiré du bimoteur Ca. 309 Ghibli façonné par l’Italien Caproni, avec qui Jirô converse en rêve. (N.B.)

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LA BELLADONE DE LA TRISTESSE, d’Eiichi YAMAMOTO
(JAP – 1973 – VOST – 1h42)
Jeanne, abusée par le seigneur de son village, pactise avec le Diable dans l’espoir d’obtenir vengeance. Métamorphosée par cette alliance, elle se réfugie dans une étrange vallée, la Belladonna…

Loin d’être réservée aux enfants, l’animation japonaise est un laboratoire qui regorge d’inventivités narratives et stylistiques. Pour preuve : Belladonna La Sorcière, œuvre fascinante, subversive et féministe qui clôt la trilogie de films érotiques d’Eiichi Yamamoto. Inspiré par La Sorcière (1862) de Jules Michelet, Belladonna narre les persécutions sexuelles subies par une jeune femme, violée par le seigneur de la contrée qui affame et torture ses serfs. Pour survivre et se venger, elle vend son corps à un diable érotomane. Muée en Belladonne de la tristesse, elle sème les graines du désir aux quatre vents, dérange l’ordre établi et finit brûlée sur le bûcher. Tour à tour gracieux, sensuel ou sanglant, ce poème lascif propose un voyage halluciné à travers de sublimes tableaux à l’encre, à l’aquarelle ou au fusain, quand il ne s’agit pas de collages de différents styles (citant Gustav Klimt, Egon Schiele, Odile Redon, l’Art nouveau, l’expressionnisme allemand, etc.). Une vraie curiosité dont on ne sort pas indemne. (N.B.)

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DIM. 10.09

(Presque) Tous les films du cycle Animēshon sont accessibles aux jeunes publics selon leurs âges. Les âges à partir desquels les films sont visibles sont en verts.

  • 10h00 | Grande salle | Le Mystère des Pingouins d’Ishida HIROYASU
    (JAP – 2019 – VF – 1h48)
    Animation
    Dès 6 ans
  • 10h15 | Petite salle | La Chance sourit à Madame Nikuko d’Ayumu WATANABE
    (JAP – 2021 – VF – 1h36)
    Animation
    Dès 12 ans
  • 13h00 | Grande salle | Lou et l’Île aux sirènes de Masaaki YUASA
    (JAP – 2017 – VF – 1h52)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 13h15 | Petite salle | La Belladonne de la Tristesse d’Eiichi YAMAMOTO
    (JAP – 1973 – VOST –  1h42)
    Animation
    Int. aux – de 12 ans
  • 15h05 | Grande salle | Le Château de Cagliostro de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 1979 – VF – 1h40)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 15h15 | Petite salle | Le Serpent blanc de Taiji YABUSHITA
    (JAP – 1958 – VF – 1h20)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 16h45 | Petite salle | Dans un Recoin de ce Monde de Sunao KATABUCHI
    (JAP – 2017 – VOST – 2h10)
    Animation
    Dès 13 ans
  • 17h00 | Grande salle | Le Garçon et la Bête de Mamoru HOSODA
    (JAP – 2016 – VOST – 2h00)
    Animation
    Dès 10 ans
  • 19h05 | Petite salle | Si tu tends l’Oreille de Yoshifumi KONDO
    (JAP – 1995 – VOST – 1h54)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 19h15 | Grande salle | Memories de Katsuhiro ÔTOMO, Koji MORIMOTO et Tensai OKAMURA
    (JAP + KOR – 1997 –  VOST – 1h54)
    Animation
    Dès 14 ans
  • 21h10 | Petite salle | Akira de Katsuhiro ÔTOMO
    (JAP – 1988 – VOST – 2h05)
    Animation
    Dès 14 ans
  • 21h20 | Grande salle | Souvenirs Goutte à Goutte d’Isao TAKAHATA
    (JAP – 1991 – VOST – 1h58)
    Animation
    Dès 8 ans

La programmation en détail

LE MYSTÈRE DES PINGOUINS, d’Ishida HIROYASU
(JAP – 2019 – VF – 1h48)
Quand des pingouins apparaissent partout dans sa petite ville, semant au passage une joyeuse pagaille, le jeune Aoyama se dit qu’il y a là une enquête à mener.

Quand des pingouins jaillissent de bouteilles de Coca-Cola, envahissent la ville, puis sont aimantés vers une mystérieuse sphère aqueuse apparue dans un champ, Aoyama est bien décidé à percer ces phénomènes surnaturels grâce aux méthodes scientifiques. Débute pour le jeune garçon et ses amis une véritable odyssée, support d’une fable écologique mais surtout d’un délire surréaliste au sein de mondes abracadabrants. (N.B.)

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LA CHANCE SOURIT À MADAME NIKUKO, d’Ayumu WATANABE
(JAP – 2021 – VF – 1h36)
Nikuko est une mère célibataire bien en chair et fière de l’être, tout en désir et joie de vivre – un véritable outrage à la culture patriarcale japonaise ! Après avoir ballotté sa fille Kikurin la moitié de sa vie, elle s’installe dans un petit village de pêcheurs et trouve un travail. Mais un secret du passé ressurgit…

Après Les Enfants de la Mer, Ayumu Watanabe se penche sur une relation mère-fille et dessine une famille minimale où la gêne le dispute à la tendresse. Kikurin aime-t-elle sa mère ou en a-t-elle honte ? Mme Nikuko est-elle pudique, apprêtée, discrète (toutes qualités attendues chez la femme nippone) ? Non ! Mme Nikuko parle, rit, ronfle haut et fort, boit sec et ne s’embarrasse d’aucune convenance. La beauté du film repose pour partie dans la manière dont Watanabe transpose sur le plan graphique le conflit moral de la jeune fille. Le corps brut, libre, expressionniste de Nikuko se heurte en permanence à un univers normé (trop beau pour être honnête ?). (J.-F.P.)

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LOU ET L’ÎLE AUX SIRÈNES, de Masaaki YUASA
(JAP – 2017 – VF – 1h52)
Kai, un collégien solitaire, quitte Tokyo pour un petit village de pêcheurs. Pour occuper son temps, il compose de la musique électronique et rejoint un peu à contre coeur le groupe formé par ses deux camarades de lycée, Yûho et Kunio. Il accepte d’aller répéter avec eux sur une île mystérieuse où il va rencontrer Lou, une sirène qui devient son amie.

Le plus psychédélique des cinéastes d’animation ravive une sirène légendaire au sein d’un contemporain morose, qui ne croit plus en rien. Fan de musique électronique – qui provoque sa transformation en humaine –, elle réenchante le quotidien d’un fils de divorcés, mais aussi de la petite ville de pêcheurs, tout en exaltant la convoitise d’idiots capitalistes. Une perle baroque à découvrir absolument, vu la richesse du style de Masaaki Yuasa, qui métamorphose sans cesse les formes, les sons et les couleurs. (N.B.)

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LA BELLADONE DE LA TRISTESSE, d’Eiichi YAMAMOTO
(JAP – 1973 – VOST – 1h42)
Jeanne, abusée par le seigneur de son village, pactise avec le Diable dans l’espoir d’obtenir vengeance. Métamorphosée par cette alliance, elle se réfugie dans une étrange vallée, la Belladonna…

Loin d’être réservée aux enfants, l’animation japonaise est un laboratoire qui regorge d’inventivités narratives et stylistiques. Pour preuve : Belladonna La Sorcière, œuvre fascinante, subversive et féministe qui clôt la trilogie de films érotiques d’Eiichi Yamamoto. Inspiré par La Sorcière (1862) de Jules Michelet, Belladonna narre les persécutions sexuelles subies par une jeune femme, violée par le seigneur de la contrée qui affame et torture ses serfs. Pour survivre et se venger, elle vend son corps à un diable érotomane. Muée en Belladonne de la tristesse, elle sème les graines du désir aux quatre vents, dérange l’ordre établi et finit brûlée sur le bûcher. Tour à tour gracieux, sensuel ou sanglant, ce poème lascif propose un voyage halluciné à travers de sublimes tableaux à l’encre, à l’aquarelle ou au fusain, quand il ne s’agit pas de collages de différents styles (citant Gustav Klimt, Egon Schiele, Odile Redon, l’Art nouveau, l’expressionnisme allemand, etc.). Une vraie curiosité dont on ne sort pas indemne. (N.B.)

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LE CHÂTEAU DE CAGLIOSTRO, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 1979 – VF – 1h40)
Bien que séduire les plus jolies femmes du monde soit son passe-temps favori, Edgar, gentleman-cambrioleur, vient de dévaliser avec succès un casino très protégé. C’est alors qu’il découvre que tous les billets de banque qui constituent son butin sont faux.

Inspiré de la bande dessinée Lupin III (« petit fils » du Lupin créé par Maurice Leblanc) du mangaka Monkey Punch, aventureux, bondissant, le premier long métrage d’Hayao Miyazaki porte déjà sa poésie personnelle, son sens du décor (les paysages comme les plus petits détails), sa mise en scène de l’action dans l’espace, étourdissante, et sa fascination pour les machines volantes. C’est aussi une mine de références littéraires et filmiques : Dumas et Leblanc, Paul Grimault, James Bond et Bébel, mafieux et samouraïs. Un coup de maître. (J.-F.P.)

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LE SERPENT BLANC, de Taiji YABUSHITA
(JAP – 1958 –  VF – 1h20)
Dans la Chine ancienne, un enfant achète au marché un petit serpent blanc. Mais ses parents n’en veulent pas. Il doit donc se résigner, la mort dans l’âme, à le relâcher. Quelques années plus tard, l’enfant est devenu un jeune homme, tandis que le reptile refait son apparition sous la forme d’une princesse…

Une pierre fondatrice… Le Serpent blanc est le tout premier long-métrage d’animation de la Tôei Dôga, fondée en 1956, qui aspire à devenir le « Disney de l’Orient ». Avant de s’attaquer aux classiques de la littérature jeunesse occidentale, le studio s’inspire de légendes chinoises : du Serpent blanc (1958) à la série Dragon Ball (1986-1989). Maintes fois porté à l’écran, le conte oppose une femme-serpent, amoureuse d’un simple mortel, à un moine qui pourfend les esprits. Objet de plusieurs adaptations en Chine, il met en scène une figure féminine plus ou moins ambivalente, amoureuse transie ou amante maléfique. Fourmillant de merveilles, la version animée de la Tôei met l’accent sur l’amour indéfectible du couple, par-delà ses différences. (N.B.)

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DANS UN RECOIN DE CE MONDE, de Sunao KATABUCHI
(JAP – 2017 – VOST – 2h10)
La jeune Suzu quitte Hiroshima en 1944, à l’occasion de son mariage, pour vivre dans la famille de son mari à Kure, un port militaire. La guerre rend le quotidien de plus en plus difficile, malgré cela, la jeune femme cultive la joie et l’art de vivre. Mais en 1945, un bombardement va éprouver son courage.

Les horreurs de la Seconde Guerre mondiale appréhendées à travers le quotidien d’une jeune épouse tête en l’air, qui quitte sa ville natale de Hiroshima pour le port militaire de Kure. Peintre à ses heures perdues, Suzu transfigure le chaos du monde par son regard empreint de sensibilité. Après Le Tombeau des Lucioles (1988) d’Isao Takahata, Dans un Recoin de ce Monde est l’une des œuvres les plus poignantes sur les drames intimes engendrés par la grande Histoire. Entre violence et poésie. (N.B.)

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LE GARÇON ET LA BÊTE, de Mamoru HOSODA
(JAP – 2016 – VOST – 2h00)
Un garçon solitaire et une Bête seule vivent chacun dans deux mondes séparés. Un jour, le garçon se perd dans le monde des Bêtes où il devient le disciple de la Bête Kumatetsu. Cette rencontre fortuite est le début d’une aventure qui dépasse l’imaginaire…

Soit les puissances de l’imaginaire pour panser des blessures trop humaines, par l’un des phares de l’animation japonaise qui a exploré les relations familiales sous toutes les coutures. Un orphelin en fugue erre dans Tokyo avant de dénicher un passage secret qui le mène vers un autre monde – celui des Bêtes –, peuplé de créatures expertes en arts martiaux. À défaut de famille dans la vie réelle, Ren – rebaptisé Kyuta – trouve un maître et un père de substitution auprès d’un ours anthropomorphe, qui lui apprend à encaisser les coups et à se relever. (N.B.)

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SI TU TENDS L’OREILLE, de Yoshifumi KONDO
(JAP – 1995 – VOST – 1h54)
Shizuku Tsukichima, une collégienne de 14 ans, est une jeune fille rêveuse qui adore les romans et les contes. Elle emprunte souvent des livres à sa bibliothèque. Mais un jour, sur les fiches d’emprunt des romans, elle remarque qu’un mystérieux Seiji Amasawa lit exactement les mêmes ouvrages avant elle.

À travers le cheminement d’une apprentie romancière et d’un luthier en formation, Si tu tends l’Oreille est une ode à l’artisanat, à la création et aux processus de l’animation elle-même. Subjuguée par la statue d’un Baron chat détenue par un vieux brocanteur, la jeune Shizuku se met à écrire. Ni une ni deux, les aventures de la créature s’incarnent dans un style féérique qui rompt avec la trame réaliste de sa vie quotidienne dans la banlieue de Tama. Pour son unique œuvre en tant que réalisateur, le regretté Yoshifumi Kondô (mort à quarante-sept ans) entremêle l’esthétique des deux maîtres de Ghibli. (N.B.)

MEMORIES, de Katsuhiro ÔTOMO, Koji MORIMOTO et Tensai OKAMURA
(JAP + KOR – 1997 – VOST – 1h54)
Trois petites histoires composent « Memories ». Dans la première, Magnetic Rose, deux voyageurs de l’espace sont aspirés dans un monde parallèle sur un astéroïde. Dans Stink Bomb, un jeune assistant dans un laboratoire se transforme accidentellement en une arme biologique humaine. Cannon Fodder, relate un jour de la vie d’une ville qui a pour unique préoccupation d’anéantir ses ennemis.

Trois segments, trois univers et trois styles visuels très différents. Le tout sous la supervision de Katsuhiro Otomo (Akira) d’après son manga paru en 1990 Kanojo no Omoide – Ses souvenirs.
La rose magnétique, réalisé par Koji Morimoto reçoit le renfort de Satoshi Kon au scénario et à la direction artistique. Techniquement stupéfiant, plus réaliste que les deux suivants, ce récit de science-fiction est porté par un puissant souffle romanesque. On pense à Solaris de Tarkovski.
La bombe puante du réalisateur Tensai Okamura apporte un contraste comique. Un jeune chimiste se transforme accidentellement en une arme biologique imparable qui se dirige directement vers Tokyo. Les tentatives démesurées pour l’en empêcher vont crescendo. On rit et on tremble un peu…Covid oblige.
Chair à canon, réalisé par Otomo lui-même, met en scène une société ultra-militarisée qui vénère un gigantesque canon. Huis clos asphyxiant et tour de force visuel (le film imite un découpage en plans-séquences), il rappelle jusqu’à la nausée le goût des humains, grands et petits, pour la guerre.
Un formidable film omnibus (voir aussi Robot Carnival et Manie Manie). (J.-F.P.)

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AKIRA, de Katsuhiro ÔTOMO
(JAP – 1988 – VOST – 2h05)
En juillet 1988, une mystérieuse explosion détruit Tokyo, déclenchant la troisième guerre mondiale. 31 ans plus tard, en 2019, Néo Tokyo a retrouvé sa prospérité d’antan et se prépare à accueillir les Jeux olympiques de 2020. 

Akira n’est pas seulement un film, c’est la genèse d’un genre. Le classique cyberpunk de Katsuhiro Otomo a bouleversé les frontières de l’animation japonaise. On pense à 2001, Blade Runner, Les Guerriers de la Nuit, La Planète interdite…C’est l’un des plus grands films d’animation jamais réalisés, son influence sur le cinéma tout entier est énorme. Le film aborde la délinquance, la conscience psychique, l’agitation sociale, la réaction du monde face à un holocauste nucléaire, la corruption, la volonté de puissance de l’enfance à la maturité, à la fois chez les individus et l’espèce humaine elle-même. Premier long métrage d’Otomo, Akira se caractérise par une qualité d’animation jamais vue à l’époque. Même si les personnages humains sont purement bidimensionnels, la métropole elle-même est un merveilleux enchevêtrement d’autoroutes, de bidonvilles, de gratte-ciel et de passages labyrinthiques, tandis que les dessins imitent les zooms, travellings et gros plans pyrotechniques des caméras de prise de vue réelle (à vingt-quatre images par seconde, fait rare jusqu’alors). L’intrigue est admirablement complexe, imaginative et chargée d’une ironie glaçante. (J.-F.P.)

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SOUVENIRS GOUTTE À GOUTTE, d’Isao TAKAHATA
(JAP – 1991 – VOST – 1h58)
Une jeune tokyoïte de 27 ans retourne vers sa campagne natale et traverse le Japon, se remémorant son enfance.

L’œuvre d’Isao Takahata, cofondateur de Ghibli quelque peu éclipsé par l’aura de Hayao Miyazaki, mérite d’être (re)découverte par-delà Le Tombeau des Lucioles (1988). Avec Souvenirs Goutte à Goutte, le cinéaste offre une puissante réflexion écologique : il suit la trajectoire d’une jeune femme un peu perdue à l’orée de la trentaine, de Tokyo – sale et surpeuplée – à la campagne régénératrice. Une occasion rêvée pour illustrer sa conception du réalisme en animation à travers de minutieuses reconstitutions, de la vie quotidienne dans les champs au processus millénaire de transformation des fleurs de Carthame en teinture. Ce faisant, son regard sensible et poétique affleure au sein de chaque nuance de verdure, dans l’ombre et la lumière reflétées sur les pétales ou la montagne. Un lyrisme au service d’une analyse de la domestication de la nature par l’homme, du labeur des paysans, de la folie urbaine et des choix existentiels de tout un chacun. Car Taeko, à la croisée des chemins, renoue avec la petite fille qu’elle a été, au détour de ses souvenirs d’enfance qui rejaillissent au contact de la Terre. (N.B.)

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LUN. 11.09

(Presque) Tous les films du cycle Animēshon sont accessibles aux jeunes publics selon leurs âges. Les âges à partir desquels les films sont visibles sont en verts.

  • 13h00 | Petite salle | Le Château de Cagliostro de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 1979 – VOST – 1h40)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 13h15 | Grande salle | Akira de Katsuhiro ÔTOMO
    (JAP – 1988 – VOST – 2h05)
    Animation
    Dès 14 ans
  • 14h50 | Petite salle | Si tu tends l’Oreille de Yoshifumi KONDO
    (JAP – 1995 – VOST – 1h54)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 15h30 | Grande salle | Ponyo sur la Falaise de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 2009 – VOST – 1h42)
    Animation 
    Dès 5 ans
  • 17h00 | Petite salle | Souvenirs Goutte à Goutte d’Isao TAKAHATA
    (JAP – 1991 – VOST + VF – 1h58)
    Animation Dès 8 ans
  • 17h25 | Grande salle | Le Voyage de Chihiro de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 2002 – VOST + VF – 2h06)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 19h10 | Petite salle | Le Garçon et la Bête de Mamoru HOSODA
    (JAP – 2016 – VOST – 2h00)
    Animation
    Dès 10 ans
  • 19h40 | Grande salle | Millennium Actress de Satoshi KON
    (JAP – 2001  – VOST – 1h26)
    Animation
    Dès 10 ans
  • 21h20 | Grande salle | Le Vent se lève de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 2014 – VOST – 2h07)
    Animation
    Dès 11 ans
  • 21h20 | Petite salle | Memories de Katsuhiro ÔTOMO, Koji MORIMOTO et Tensai OKAMURA
    (JAP + KOR – 1997 –  VOST – 1h54)
    Animation
    Dès 14 ans

La programmation en détail

LE CHÂTEAU DE CAGLIOSTRO, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 1979 – VOST – 1h40)
Bien que séduire les plus jolies femmes du monde soit son passe-temps favori, Edgar, gentleman-cambrioleur, vient de dévaliser avec succès un casino très protégé. C’est alors qu’il découvre que tous les billets de banque qui constituent son butin sont faux.

Inspiré de la bande dessinée Lupin III (« petit fils » du Lupin créé par Maurice Leblanc) du mangaka Monkey Punch, aventureux, bondissant, le premier long métrage d’Hayao Miyazaki porte déjà sa poésie personnelle, son sens du décor (les paysages comme les plus petits détails), sa mise en scène de l’action dans l’espace, étourdissante, et sa fascination pour les machines volantes. C’est aussi une mine de références littéraires et filmiques : Dumas et Leblanc, Paul Grimault, James Bond et Bébel, mafieux et samouraïs. Un coup de maître. (J.-F.P.)

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AKIRA, de Katsuhiro ÔTOMO
(JAP – 1988 – VOST – 2h05)
En juillet 1988, une mystérieuse explosion détruit Tokyo, déclenchant la troisième guerre mondiale. 31 ans plus tard, en 2019, Néo Tokyo a retrouvé sa prospérité d’antan et se prépare à accueillir les Jeux olympiques de 2020. 

Akira n’est pas seulement un film, c’est la genèse d’un genre. Le classique cyberpunk de Katsuhiro Otomo a bouleversé les frontières de l’animation japonaise. On pense à 2001, Blade Runner, Les Guerriers de la Nuit, La Planète interdite…C’est l’un des plus grands films d’animation jamais réalisés, son influence sur le cinéma tout entier est énorme. Le film aborde la délinquance, la conscience psychique, l’agitation sociale, la réaction du monde face à un holocauste nucléaire, la corruption, la volonté de puissance de l’enfance à la maturité, à la fois chez les individus et l’espèce humaine elle-même. Premier long métrage d’Otomo, Akira se caractérise par une qualité d’animation jamais vue à l’époque. Même si les personnages humains sont purement bidimensionnels, la métropole elle-même est un merveilleux enchevêtrement d’autoroutes, de bidonvilles, de gratte-ciel et de passages labyrinthiques, tandis que les dessins imitent les zooms, travellings et gros plans pyrotechniques des caméras de prise de vue réelle (à vingt-quatre images par seconde, fait rare jusqu’alors). L’intrigue est admirablement complexe, imaginative et chargée d’une ironie glaçante. (J.-F.P.)

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SI TU TENDS L’OREILLE, de Yoshifumi KONDO
(JAP – 1995 – VOST – 1h54)
Shizuku Tsukichima, une collégienne de 14 ans, est une jeune fille rêveuse qui adore les romans et les contes. Elle emprunte souvent des livres à sa bibliothèque. Mais un jour, sur les fiches d’emprunt des romans, elle remarque qu’un mystérieux Seiji Amasawa lit exactement les mêmes ouvrages avant elle.

À travers le cheminement d’une apprentie romancière et d’un luthier en formation, Si tu tends l’Oreille est une ode à l’artisanat, à la création et aux processus de l’animation elle-même. Subjuguée par la statue d’un Baron chat détenue par un vieux brocanteur, la jeune Shizuku se met à écrire. Ni une ni deux, les aventures de la créature s’incarnent dans un style féérique qui rompt avec la trame réaliste de sa vie quotidienne dans la banlieue de Tama. Pour son unique œuvre en tant que réalisateur, le regretté Yoshifumi Kondô (mort à quarante-sept ans) entremêle l’esthétique des deux maîtres de Ghibli. (N.B.)

PONYO SUR LA FALAISE, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 2009 – VOST – 1h42)
– Alors qu’il joue sur la plage, le petit Sosuke découvre une petite fille poisson rouge nommée Ponyo, piégée dans un pot de confiture. Sosuke la sauve et décide de la garder avec lui. Le petit garçon lui promet de la protéger et de s’occuper d’elle, mais le père de Ponyo, Fujimoto la force à revenir avec lui dans les profondeurs. 

On porte un regard naïf sur un sujet complexe : celui, cher à Miyazaki, d’une confrontation entre le monde des Hommes et le monde naturel. Le réalisateur, habitué des fables écologiques, propose ici une lecture plus simplifiée qu’à son habitude : il souhaite s’adresser à des enfants et proposer une histoire dans laquelle les petit·es tiennent les premiers rôles. Simplifiée mais pas simpliste ! On est loin du monde manichéen occupé par des gentil·les et des méchant·es.
Ponyo, c’est une créature mi-enfant mi-poisson au caractère bien trempé, dotée d’un coeur pur et ayant parfois des agissements aux conséquences bien lourdes… Sosuke, c’est cet enfant solitaire mais pas farouche qui aime d’un amour tendre celles et ceux qui l’entourent. Il fait partie du monde humain qui a plutôt tendance à occuper et abimer les profondeurs aquatiques.
De leur rencontre s’en suit un voyage initiatique qui permettra à nos personnages de grandir sans jamais perdre la bonté qui les caractérise. Simple, touchante et naïve jusque dans ses traits de crayons, cette histoire vous entraînera au plus profond de l’océan dans un conte qui parvient à saisir l’absolue beauté de l’enfance. (M.F.)

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SOUVENIRS GOUTTE À GOUTTE, d’Isao TAKAHATA
(JAP – 1991 – VOST – 1h58)
Une jeune tokyoïte de 27 ans retourne vers sa campagne natale et traverse le Japon, se remémorant son enfance.

L’œuvre d’Isao Takahata, cofondateur de Ghibli quelque peu éclipsé par l’aura de Hayao Miyazaki, mérite d’être (re)découverte par-delà Le Tombeau des Lucioles (1988). Avec Souvenirs Goutte à Goutte, le cinéaste offre une puissante réflexion écologique : il suit la trajectoire d’une jeune femme un peu perdue à l’orée de la trentaine, de Tokyo – sale et surpeuplée – à la campagne régénératrice. Une occasion rêvée pour illustrer sa conception du réalisme en animation à travers de minutieuses reconstitutions, de la vie quotidienne dans les champs au processus millénaire de transformation des fleurs de Carthame en teinture. Ce faisant, son regard sensible et poétique affleure au sein de chaque nuance de verdure, dans l’ombre et la lumière reflétées sur les pétales ou la montagne. Un lyrisme au service d’une analyse de la domestication de la nature par l’homme, du labeur des paysans, de la folie urbaine et des choix existentiels de tout un chacun. Car Taeko, à la croisée des chemins, renoue avec la petite fille qu’elle a été, au détour de ses souvenirs d’enfance qui rejaillissent au contact de la Terre. (N.B.)

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LE VOYAGE DE CHIHIRO, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 2002 – VOST – 2h06)
Chihiro, une fillette de 10 ans, est en route vers sa nouvelle demeure en compagnie de ses parents. Au cours du voyage, la famille fait une halte dans un parc à thème qui leur paraît délabré. Lors de la visite, les parents s’arrêtent dans un des bâtiments pour déguster quelques mets très appétissants, apparus comme par enchantement…

Le film de la reconnaissance internationale (acclamé par la critique, Oscar du meilleur film d’animation, Ours d’or, des recettes à faire pâlir bien des blockbusters d’aujourd’hui). Chihiro brille par sa capacité à inventer un monde magique, fou et poétique, peuplé d’esprits du Japon (fleuves, sources, montagnes) venus se purifier des souillures qui leur sont infligées par les humains. L’aventure est spirituelle, chargée d’une vision shintoïste du monde. On en sort comme on finit un rêve étrange et pénétrant. Un chef-d’œuvre (de plus) ! (J.-F.P.)

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LE GARÇON ET LA BÊTE, de Mamoru HOSODA
(JAP – 2016 – VOST – 2h00)
Un garçon solitaire et une Bête seule vivent chacun dans deux mondes séparés. Un jour, le garçon se perd dans le monde des Bêtes où il devient le disciple de la Bête Kumatetsu. Cette rencontre fortuite est le début d’une aventure qui dépasse l’imaginaire…

Soit les puissances de l’imaginaire pour panser des blessures trop humaines, par l’un des phares de l’animation japonaise qui a exploré les relations familiales sous toutes les coutures. Un orphelin en fugue erre dans Tokyo avant de dénicher un passage secret qui le mène vers un autre monde – celui des Bêtes –, peuplé de créatures expertes en arts martiaux. À défaut de famille dans la vie réelle, Ren – rebaptisé Kyuta – trouve un maître et un père de substitution auprès d’un ours anthropomorphe, qui lui apprend à encaisser les coups et à se relever. (N.B.)

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MILLENNIUM ACTRESS, de Satoshi KON
(JAP – 2001  – VOST – 1h26)
Chiyoko Fujiwara, ancienne gloire du cinéma japonais, vit recluse chez elle. Un journaliste, fervent admirateur, vient l’interviewer sur son passé. L’actrice révèle son secret : une vie de passion, passée à rechercher un étrange inconnu, celui-là même qui lui a un jour remis une clé…

Après Perfect Blue, Satoshi Kon, maître de la mise en abyme et du trompe-l’œil, construit un poème d’amour au cinéma en dressant le portrait fragmenté de Chiyoko. L’actrice légendaire raconte à un documentariste comment sa carrière dans le cinéma s’est déroulée parallèlement à sa recherche d’un amour insaisissable. Chiyoko, le documentariste et son cameraman sont projetés dans les souvenirs et les séquences filmiques de la star, comme des fantômes du présent. La grande et la petite histoire, l’histoire du cinéma s’entrelacent, les espaces-temps s’entrechoquent en un déluge de citations : la science-fiction et l’époque féodale, la guerre sino-japonaise en Mandchourie et les décombres d’Hiroshima, Kurosawa et Ozu. Mille ans d’histoire et cent ans de cinéma, fragiles comme un souffle. L’ensemble est unifié par la présence mélodramatique et intemporelle de l’actrice. La progression graduelle d’images simples à complexes, ainsi que l’utilisation créative de textures et de couleurs pour exprimer l’émotion, enveloppent lentement le/la spectateur·rice. C’est l’animation elle-même qui construit le drame. Satoshi Kon est un génie du récit. (J.-F.P.)

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LE VENT SE LÈVE, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 2014 – VOST – 2h07)
Jiro rêve de voler et de dessiner de magnifiques avions. Mais sa mauvaise vue l’empêche de devenir pilote. Il se fait engager dans le département aéronautique d’une importante entreprise d’ingénierie en 1927 où son génie est reconnu.

L’une des obsessions de Hayao Miyazaki, dont le père livrait des gouvernails pour les avions kamikazes de la Seconde Guerre mondiale : comment la plus belle des inventions, offrant aux hommes la possibilité de voler dans le ciel comme les oiseaux, s’est-elle retournée en engin de mort ? C’est cette question ambiguë qu’explore son film le plus « réaliste », Le vent se lève, biopic romancé de Jirô Horikoshi. Cet ingénieur passionné a donné vie – presque à son corps défendant – aux chasseurs-bombardiers Zéro qui ont fait tant de dégâts. Fresque historique s’offrant des échappées oniriques, Le vent se lève contient une tragique histoire d’amour, mais est surtout une ode à la création malgré les aléas de l’Histoire. Le tout résumé par ce vers polysémique du Cimetière marin de Paul Valéry, qui donne son titre au film : « Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre ! » On y découvre enfin l’une des origines du nom du fameux studio, inspiré du bimoteur Ca. 309 Ghibli façonné par l’Italien Caproni, avec qui Jirô converse en rêve. (N.B.)

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MEMORIES, de Katsuhiro ÔTOMO, Koji MORIMOTO et Tensai OKAMURA
(JAP + KOR – 1997 – VOST – 1h54)
Trois petites histoires composent « Memories ». Dans la première, Magnetic Rose, deux voyageurs de l’espace sont aspirés dans un monde parallèle sur un astéroïde. Dans Stink Bomb, un jeune assistant dans un laboratoire se transforme accidentellement en une arme biologique humaine. Cannon Fodder, relate un jour de la vie d’une ville qui a pour unique préoccupation d’anéantir ses ennemis.

Trois segments, trois univers et trois styles visuels très différents. Le tout sous la supervision de Katsuhiro Otomo (Akira) d’après son manga paru en 1990 Kanojo no Omoide – Ses souvenirs.
La rose magnétique, réalisé par Koji Morimoto reçoit le renfort de Satoshi Kon au scénario et à la direction artistique. Techniquement stupéfiant, plus réaliste que les deux suivants, ce récit de science-fiction est porté par un puissant souffle romanesque. On pense à Solaris de Tarkovski.
La bombe puante du réalisateur Tensai Okamura apporte un contraste comique. Un jeune chimiste se transforme accidentellement en une arme biologique imparable qui se dirige directement vers Tokyo. Les tentatives démesurées pour l’en empêcher vont crescendo. On rit et on tremble un peu…Covid oblige.
Chair à canon, réalisé par Otomo lui-même, met en scène une société ultra-militarisée qui vénère un gigantesque canon. Huis clos asphyxiant et tour de force visuel (le film imite un découpage en plans-séquences), il rappelle jusqu’à la nausée le goût des humains, grands et petits, pour la guerre.
Un formidable film omnibus (voir aussi Robot Carnival et Manie Manie). (J.-F.P.)

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MAR. 12.09

(Presque) Tous les films du cycle Animēshon sont accessibles aux jeunes publics selon leurs âges. Les âges à partir desquels les films sont visibles sont en verts.

  • 14h30 | Grande salle | La Chance sourit à Madame Nikuko d’Ayumu WATANABE
    (JAP – 2021 – VOST – 1h36)
    Animation
    Dès 12 ans
  • 15h00 | Petite salle | Le Mystère des Pingouins d’Ishida HIROYASU
    (JAP – 2019 – VOST – 1h48)
    Animation
    Dès 6 ans
  • 16h20 | Grande salle | Souvenirs Goutte à Goutte d’Isao TAKAHATA
    (JAP – 1991 – VOST – 1h58)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 17h00 | Petite salle | Lou et l’Île aux sirènes de Masaaki YUASA
    (JAP – 2017 – VOST – 1h52)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 18h50 | Grande salle | Le Voyage de Chihiro de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 2002 – VOST + VF – 2h06)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 19h10 | Petite salle | Le Château de Cagliostro de Hayao MIYAZAKI
    (JAP – 1979 – VOST – 1h40)
    Animation
    Dès 8 ans
  • 21h15 | Grande salle | Dans un Recoin de ce Monde de Sunao KATABUCHI
    (JAP – 2017 – VOST + VF – 2h10)
    Animation
    Dès 13 ans
  • 21h30 | Petite salle | La Belladonne de la Tristesse d’Eiichi YAMAMOTO
    (JAP – 1973 – VOST –  1h42)
    Animation
    Int. aux – de 12 ans

La programmation en détail

LA CHANCE SOURIT À MADAME NIKUKO, d’Ayumu WATANABE
(JAP – 2021 – VOST – 1h36)
Nikuko est une mère célibataire bien en chair et fière de l’être, tout en désir et joie de vivre – un véritable outrage à la culture patriarcale japonaise ! Après avoir ballotté sa fille Kikurin la moitié de sa vie, elle s’installe dans un petit village de pêcheurs et trouve un travail. Mais un secret du passé ressurgit…

Après Les Enfants de la Mer, Ayumu Watanabe se penche sur une relation mère-fille et dessine une famille minimale où la gêne le dispute à la tendresse. Kikurin aime-t-elle sa mère ou en a-t-elle honte ? Mme Nikuko est-elle pudique, apprêtée, discrète (toutes qualités attendues chez la femme nippone) ? Non ! Mme Nikuko parle, rit, ronfle haut et fort, boit sec et ne s’embarrasse d’aucune convenance. La beauté du film repose pour partie dans la manière dont Watanabe transpose sur le plan graphique le conflit moral de la jeune fille. Le corps brut, libre, expressionniste de Nikuko se heurte en permanence à un univers normé (trop beau pour être honnête ?). (J.-F.P.)

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LE MYSTÈRE DES PINGOUINS, d’Ishida HIROYASU
(JAP – 2019 – VOST – 1h48)
Quand des pingouins apparaissent partout dans sa petite ville, semant au passage une joyeuse pagaille, le jeune Aoyama se dit qu’il y a là une enquête à mener.

Quand des pingouins jaillissent de bouteilles de Coca-Cola, envahissent la ville, puis sont aimantés vers une mystérieuse sphère aqueuse apparue dans un champ, Aoyama est bien décidé à percer ces phénomènes surnaturels grâce aux méthodes scientifiques. Débute pour le jeune garçon et ses amis une véritable odyssée, support d’une fable écologique mais surtout d’un délire surréaliste au sein de mondes abracadabrants. (N.B.)

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SOUVENIRS GOUTTE À GOUTTE, d’Isao TAKAHATA
(JAP – 1991 – VOST – 1h58)
Une jeune tokyoïte de 27 ans retourne vers sa campagne natale et traverse le Japon, se remémorant son enfance.

L’œuvre d’Isao Takahata, cofondateur de Ghibli quelque peu éclipsé par l’aura de Hayao Miyazaki, mérite d’être (re)découverte par-delà Le Tombeau des Lucioles (1988). Avec Souvenirs Goutte à Goutte, le cinéaste offre une puissante réflexion écologique : il suit la trajectoire d’une jeune femme un peu perdue à l’orée de la trentaine, de Tokyo – sale et surpeuplée – à la campagne régénératrice. Une occasion rêvée pour illustrer sa conception du réalisme en animation à travers de minutieuses reconstitutions, de la vie quotidienne dans les champs au processus millénaire de transformation des fleurs de Carthame en teinture. Ce faisant, son regard sensible et poétique affleure au sein de chaque nuance de verdure, dans l’ombre et la lumière reflétées sur les pétales ou la montagne. Un lyrisme au service d’une analyse de la domestication de la nature par l’homme, du labeur des paysans, de la folie urbaine et des choix existentiels de tout un chacun. Car Taeko, à la croisée des chemins, renoue avec la petite fille qu’elle a été, au détour de ses souvenirs d’enfance qui rejaillissent au contact de la Terre. (N.B.)

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LOU ET L’ÎLE AUX SIRÈNES, de Masaaki YUASA
(JAP – 2017 – VOST – 1h52)
Kai, un collégien solitaire, quitte Tokyo pour un petit village de pêcheurs. Pour occuper son temps, il compose de la musique électronique et rejoint un peu à contre coeur le groupe formé par ses deux camarades de lycée, Yûho et Kunio. Il accepte d’aller répéter avec eux sur une île mystérieuse où il va rencontrer Lou, une sirène qui devient son amie.

Le plus psychédélique des cinéastes d’animation ravive une sirène légendaire au sein d’un contemporain morose, qui ne croit plus en rien. Fan de musique électronique – qui provoque sa transformation en humaine –, elle réenchante le quotidien d’un fils de divorcés, mais aussi de la petite ville de pêcheurs, tout en exaltant la convoitise d’idiots capitalistes. Une perle baroque à découvrir absolument, vu la richesse du style de Masaaki Yuasa, qui métamorphose sans cesse les formes, les sons et les couleurs. (N.B.)

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LE VOYAGE DE CHIHIRO, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 2002 – VOST – 2h06)
Chihiro, une fillette de 10 ans, est en route vers sa nouvelle demeure en compagnie de ses parents. Au cours du voyage, la famille fait une halte dans un parc à thème qui leur paraît délabré. Lors de la visite, les parents s’arrêtent dans un des bâtiments pour déguster quelques mets très appétissants, apparus comme par enchantement…

Le film de la reconnaissance internationale (acclamé par la critique, Oscar du meilleur film d’animation, Ours d’or, des recettes à faire pâlir bien des blockbusters d’aujourd’hui). Chihiro brille par sa capacité à inventer un monde magique, fou et poétique, peuplé d’esprits du Japon (fleuves, sources, montagnes) venus se purifier des souillures qui leur sont infligées par les humains. L’aventure est spirituelle, chargée d’une vision shintoïste du monde. On en sort comme on finit un rêve étrange et pénétrant. Un chef-d’œuvre (de plus) ! (J.-F.P.)

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LE CHÂTEAU DE CAGLIOSTRO, de Hayao MIYAZAKI
(JAP – 1979 – VOST – 1h40)
Bien que séduire les plus jolies femmes du monde soit son passe-temps favori, Edgar, gentleman-cambrioleur, vient de dévaliser avec succès un casino très protégé. C’est alors qu’il découvre que tous les billets de banque qui constituent son butin sont faux.

Inspiré de la bande dessinée Lupin III (« petit fils » du Lupin créé par Maurice Leblanc) du mangaka Monkey Punch, aventureux, bondissant, le premier long métrage d’Hayao Miyazaki porte déjà sa poésie personnelle, son sens du décor (les paysages comme les plus petits détails), sa mise en scène de l’action dans l’espace, étourdissante, et sa fascination pour les machines volantes. C’est aussi une mine de références littéraires et filmiques : Dumas et Leblanc, Paul Grimault, James Bond et Bébel, mafieux et samouraïs. Un coup de maître. (J.-F.P.)

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DANS UN RECOIN DE CE MONDE, de Sunao KATABUCHI
(JAP – 2017 – VOST – 2h10)
La jeune Suzu quitte Hiroshima en 1944, à l’occasion de son mariage, pour vivre dans la famille de son mari à Kure, un port militaire. La guerre rend le quotidien de plus en plus difficile, malgré cela, la jeune femme cultive la joie et l’art de vivre. Mais en 1945, un bombardement va éprouver son courage.

Les horreurs de la Seconde Guerre mondiale appréhendées à travers le quotidien d’une jeune épouse tête en l’air, qui quitte sa ville natale de Hiroshima pour le port militaire de Kure. Peintre à ses heures perdues, Suzu transfigure le chaos du monde par son regard empreint de sensibilité. Après Le Tombeau des Lucioles (1988) d’Isao Takahata, Dans un Recoin de ce Monde est l’une des œuvres les plus poignantes sur les drames intimes engendrés par la grande Histoire. Entre violence et poésie. (N.B.)

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LA BELLADONE DE LA TRISTESSE, d’Eiichi YAMAMOTO
(JAP – 1973 – VOST – 1h42)
Jeanne, abusée par le seigneur de son village, pactise avec le Diable dans l’espoir d’obtenir vengeance. Métamorphosée par cette alliance, elle se réfugie dans une étrange vallée, la Belladonna… 

Loin d’être réservée aux enfants, l’animation japonaise est un laboratoire qui regorge d’inventivités narratives et stylistiques. Pour preuve : Belladonna La Sorcière, œuvre fascinante, subversive et féministe qui clôt la trilogie de films érotiques d’Eiichi Yamamoto. Inspiré par La Sorcière (1862) de Jules Michelet, Belladonna narre les persécutions sexuelles subies par une jeune femme, violée par le seigneur de la contrée qui affame et torture ses serfs. Pour survivre et se venger, elle vend son corps à un diable érotomane. Muée en Belladonne de la tristesse, elle sème les graines du désir aux quatre vents, dérange l’ordre établi et finit brûlée sur le bûcher. Tour à tour gracieux, sensuel ou sanglant, ce poème lascif propose un voyage halluciné à travers de sublimes tableaux à l’encre, à l’aquarelle ou au fusain, quand il ne s’agit pas de collages de différents styles (citant Gustav Klimt, Egon Schiele, Odile Redon, l’Art nouveau, l’expressionnisme allemand, etc.). Une vraie curiosité dont on ne sort pas indemne. (N.B.) 

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