Crossing the bridge – the sound of Istanbul

Dans le cadre de la carte blanche accordée à Rodolphe Burger, invité avec sa compagnie, du festival Augenblick 2025.

Alexander Hacke, est bassiste dans un groupe d’avant-garde allemand depuis plus de vingt ans quand Fatih Akin l’invite à Istanbul pour composer la musique de son film Head-on. Il y rencontre les membres du groupe néo-psychédélique Baba Zula qui lui proposent de remplacer leur propre bassiste. Il accepte et c’est l’occasion, avec Fatih Akin, de capter la diversité musicale et culturelle, mais aussi le quotidien de la métropole turque établie à la jonction entre Europe et Asie.

Une heure trente d’une déambulation sensorielle envoûtante, avec le réalisateur primé Fatih Akin, dans l’Istanbul des musiques traditionnelles turques, du rock, du hip-hop, mais aussi des chants kurdes et de la variété. De quoi remettre en question les notions figées d’Orient et d’Occident.

COMPETITION COURTS METRAGE PROGRAMME 2 FESTIVAL AUGENBLICK 2025

Programme complet de ce second programme de courts-métrages en compétition du festival Augenblick 2025 :

Die Sänger
Fabian Rausch, Zorah Berghammer | AT | 2024 | 17′ | Fiction | VOSTF
Une petite famille se retrouve bloquée dans une auberge autrichienne. Les villageois entonnent des chants traditionnels. La fille de la famille observe ce microcosme où beauté et laideur se côtoient. Librement inspiré d’une nouvelle d’Ivan Tourgueniev.

Stampfer Dreams
Thomas Renoldner | AT | 2024 | 12′ | Animation/Expérimental | VOSTFR
Le film débute dans les Alpes où grandit Simon von Stampfer qui, en 1833, inventa le disque stroboscopique. Le petit Simon, hypnotisé par la rotation d’une roue à aubes, a trois visions des futures évolutions technologiques et artistiques. Hommage…

Bei Gino
Christoph Otto | DE | 2024 | 10′ | Fiction | VOSTFR
Chez Gino, on boit un verre en se plaignant de tout ce qui va mal, car il faut bien que nos peurs se disent. Le mécanisme est vieux comme tout, mais il fonctionne encore. D’habitude, une soirée chez Gino suffit largement à Tina, mais pas aujourd’hui.

Die Stimme des Ingenieurs
André Siegers | DE | 2024 | 21′ | Documentaire | VOSTFR
Avec sensibilité et humour, le réalisateur filme le quotidien de son père à qui la maladie fait progressivement perdre la voix, l’obligeant à enregistrer des phrases devant un ordinateur censé les diffuser à sa place lorsqu’il ne pourra plus parler.

At Home I Feel Like Leaving
Simon Maria Kubiena | DE/AT | 2025 | 20′ | Fiction | VOSTFR
Une jeune femme revient dans son ancien village, suite à l’énième frasque de son père, homme instable et infantile. Alors que tous préparent la Saint-Jean, elle balance entre assumer ses responsabilités filiales et renouer avec son amoureuse d’alors.

BERLIN MON VILLAGE FANTOME

Il était une fois un village tombé dans les oubliettes de l’Histoire, celui du secteur français allié de Berlin Ouest. J’ai grandi dans cette communauté d’expatriés militaires et civils, au temps de la Guerre Froide. Aujourd’hui, je retourne à Berlin à la recherche des traces de cette vie révolue. Mes souvenirs subjectifs et l’Histoire officielle s’entrecroisent dans cette ville en continuelle reconstruction.

Suivi d’une rencontre avec Mariette Feltin, réalisatrice du film.

COMPETITION COURTS METRAGE PROGRAMME 1 FESTIVAL AUGENBLICK 2025

Programme complet de ce premier programme de courts-métrages en compétition du festival Augenblick 2025 :

Wie war dein Tag ?
Kim Gabbi | CH | 2025 | 29′ | Fiction/Drame | VOSTFR
Selma vient de rater un entretien d’embauche, alors la voilà qui erre sans but dans un centre commercial.
Elle donne le change vis à vis de son entourage, mais au fil de la journée le poids de son secret pèse de
plus en plus lourd.

On Hold
Delia Hess | CH | 2024 | 7′ | Animation | VO sans sous-titres
Métropole, une jeune femme est mise en attente au téléphone. Autour d’elle, tout se transforme, en résonance avec le vertige qu’elle ressent. Un film au trait de fusain surréaliste sur l’absurdité de la vie citadine moderne

Donnerstag
Maja Bresink |DE | 2024 | 16′ | Drame | VOSTF
Nuit d’errance en ville pour un père et sa fille. Certes, ils essaient de trouver un endroit où manger, mais
surtout, ce qu’ils cherchent là, c’est à reconstruire leur relation. Ils ne se disputent même pas. Ils n’ont
simplement rien à se dire.

Unser Name ist Ausländer
Selin Besili | CH | 2024 | 21′ | Documentaire | VOSTF
Selin et sa fratrie sont nés en Suisse de parents kurdes. Face caméra, ils transportent le salon familial dans la rue puis s’y installent pour raconter leur histoire d’éternels étrangers, pour dire le racisme, mais aussi le sentiment d’appartenance.


Gipsy Queen

Dans le cadre de la carte blanche accordée à Florence Kasumba, invitée d’honneur du festival Augenblick 2025.

À 30 ans, célibataire, Ali accouche de son deuxième enfant. Déshéritée par son père, elle a émigré en Allemagne où elle enchaîne les petits boulots et vit en colocation, car personne ne veut louer à une Rom. Son passé prometteur resurgit quand elle obtient un job dans un night club doté d’un ring clandestin. Le propriétaire, ancien boxeur, la voit passer sa rage sur un punching-ball et devine son talent. Après dix ans sans combattre, Ali remonte sur le ring et a un mois pour faire ce que d’autres font en un an.

Bars poisseux, problèmes d’argent, individus qui écrasent leur prochain dès qu’ils ont une once de pouvoir, le tableau du monde dressé ici n’a rien de glamour. Et pourtant, on ne peut que tomber sous le charme de la fière Ali (formidable Alina Serban !)

Séance suivie d’une rencontre avec Florence Kasumba.

L’ Enigme de Kaspar Hauser

Dans le cadre de la carte blanche accordée à Rodolphe Burger, invité avec sa compagnie du festival Augenblick 2025.

Le 26 mai 1828, à Nuremberg, un jeune homme est apparu sur la place. Il sait à peine marcher et ne parle pas. Il peut tout juste gribouiller un nom  : Kaspar Hauser. Il a passé sa vie dans un cachot, sans contacts, sauf avec son mystérieux geôlier. Il vient d’être brutalement rendu au monde. On le place dans une famille, avant qu’il ne soit exploité par un cirque, puis que le professeur Daumer ne le prenne sous son aile… Il devient alors une curiosité pour les scientifiques, les religieux et les philosophes.

Pour jouer son Kaspar Hauser, Herzog a choisi Bruno Schleinstein qui sortait de 23 ans de psychiatrie. Le film, faux historiquement, est infiniment juste dans son analyse de ce qui sépare l’homme de l’animal, et aussi les marginaux de la société civilisée.

L’Audition

Anna Bronsky est professeur de violon au conservatoire. Philippe, son mari qu’elle trompe avec un collègue, est luthier et leur fils, Jonas, 10 ans, pratique le violon même s’il préfère le hockey. Lors de l’examen d’entrée, Anna décèle chez le jeune Alexander un talent qu’elle veut faire éclore. Frustrée de ne pas être devenue concertiste, incapable de résister à la pression du trac, Anna s’investit dans son métier d’enseignante. Elle a six mois pour préparer Alexander à l’exigeant concours de fin d’année. Concentrée sur ce défi avec un acharnement qui frôle l’obsession, elle délaisse sa famille et ne voit pas venir le drame…

Suivi d’une rencontre avec la réalisatrice Ina Weisse

L’Homme qui rit

En 1690, le Roi Jacques II fait exécuter Lord Clancharlie qui l’a insulté, et vend son fils Gwynplaine à des bohémiens qui lui fendent la bouche d’un coup de couteau afin qu’il affiche un sourire permanent et se moque à jamais de son père insensé. Gwynplaine s’enfuit et sauve du froid un bébé aveugle, Dea. Il devient un clown célèbre, et seule Dea, aveugle, n’est pas rebutée par son apparence. Quand son origine noble ressurgit, la Reine Anne veut le réhabiliter. Mais ses biens légitimes sont aux mains de la perverse duchesse Josiana…

Le jeu d’acteur de Conrad Veidt est sensationnel. L’homme qui rit a bien sûr engendré le Joker de Batman, mais quand il se penche sur Olga Baclanova, col relevé et cachant ses dents, c’est déjà aussi le Dracula de Bela Lugosi.

La séance du dimanche 16 novembre à 14h30 sera présentée par Bernard Eisenschitz, historien et critique de cinéma français.

Le Congrès s’amuse

En 1815, au Congrès de Vienne, tous les grands d’Europe, récents vainqueurs de Napoléon, sont réunis pour organiser la paix. Profitant de cette concentration de beau monde, une gantière nommée Christel se fait de la publicité en jetant bouquets et cartes de visite dans les voitures royales. Le tsar Alexandre le reçoit à la tête. Christel est arrêtée. Condamnée à 25 coups de canne, elle est relaxée sur ordre du tsar tombé amoureux d’elle. Metternich, en difficulté, et qui voudrait tenir le Russe à l’écart des débats, tente d’exploiter la romance à son avantage…

Le doublage n’étant pas courant en 1931, le film a été tourné en versions anglaise et française, parallèlement à la version allemande. Somptueusement produit, c’est un sommet du cinéma musical allemand.

La séance du Samedi 15 novembre à 14h30 sera présentée par Bernard Eisenschitz, historien et critique de cinéma français.

L’Espion noir

Pendant la Première Guerre mondiale, Hardt et son U-boot sont dépêchés en secret dans les Orcades où mouille la Royal Navy. Dans le même temps, l’institutrice venue prendre son poste sur les îles est enlevée et remplacée par une autre femme. C’est elle qui transmet à Hardt l’ordre de couler la flotte britannique. D’autres instructions suivront, données par Ashington, un traître à la solde des Allemands. Hardt, attiré par l’espionne, devient jaloux quand il la voit embrasser Ashington.

Première collaboration du duo Powel-Pressburger qui jamais ne caractérisera ses personnages selon leur camp. Entre des Allemands à l’esprit camarade et des traîtres anglais peu avenants, difficile de prendre parti, plongé que l’on est seulement dans la tourmente d’un drame humain.

La séance du jeudi 13 novembre à 19H30 sera présentée par Bernard Eisenschitz, historien et critique de cinéma français.

La Ballade de Bruno

Dans le cadre de la carte blanche accordée à Rodolphe Burger, invité avec sa compagnie du festival Augenblick 2025.

Sortant de sa prison berlinoise où il a encore purgé une peine, Bruno Stroszek jure de ne plus boire, avant d’entrer au bistrot, où il trouve Eva aux prises avec deux proxénètes. Bruno la recueille dans son appartement que Scheitz, un vieil original, a gardé en son absence. Mais, harcelé par les souteneurs, le trio décide de changer d’air. Bruno ayant gagné des sous avec son accordéon, ils se mettent en route pour le Wisconsin où ils achètent un mobile home à crédit. Quand le mobile home est saisi par les créanciers, il faut bien faire un braquage. Et Bruno a un fusil…


Ce film scelle les retrouvailles de Herzog et de Bruno Schleinstein, trois ans après Kaspar Hauser. Son réalisme et son cynisme satirique brouillent les limites entre fiction et documentaire.

Phoenix

1945. De retour des camps où elle a été laissée pour morte, avec une balle dans la tête, Nelly est prise en charge par son amie Lene, juive comme elle, et qui la ramène à Berlin. Défigurée, Nelly se découvre riche de l’héritage de sa famille assassinée. Lene voudrait l’emmener en Palestine, mais Nelly veut retrouver son mari, Johnny. Quand elle le revoit, il ne la reconnaît pas mais lui trouve assez de ressemblance avec son épouse pour lui demander de remplacer la disparue, afin de toucher l’héritage. Nelly accepte.

De ce postulat invraisemblable le film tire toute sa force, car ce qu’il met en scène c’est bien le refoulement du réel par le peuple allemand d’après-guerre. Même Nelly qui résiste à l’effacement de l’horreur refuse de voir que son mari la trahit.

La Course de Madison

À 13 ans, Madison est déjà une véritable athlète. Passionnée de cyclisme, elle ambitionne d’égaler son père, professionnel international, qui a donné à sa fille le nom de l’épreuve par équipe sur piste. Suite à un accident, elle doit cesser l’entraînement et passer l’été dans le Tyrol avec sa mère, qui y enseigne le yoga. Ces vacances involontaires bouleversent son quotidien hyper discipliné. Elle se fait pourtant de nouveaux amis, Vicky et Jo, qui l’incitent à troquer son vélo de course contre un VTT. Madison parvient à s’affranchir des attentes de son père et réalise que lutter seule est épuisant et que le sport, c’est aussi se serrer les coudes et… s’amuser.

Kim Strobl met en scène une aventure estivale trépidante rythmée par des scènes d’action à vélo tournée au cordeau. Et de fait, ce film d’apprentissage sur la construction de l’autodétermination ne sombre jamais dans le mélodrame ennuyeux. Si les deux personnages de jeunes filles qui se forgent leur propre identité et la manière dont Madison se déprend de son ambition excessive paraissent très crédibles, cela est dû en grande partie à l’authenticité des interprétations.

Circusboy

Titre original : Zirkuskind

Santino a dix ans. Il vit dans une caravane et parcourt le pays avec sa famille et ses animaux. Car les Frank sont propriétaires d’un cirque. Changeant sans cesse d’adresse et d’école, le vrai chez-lui de Santino, c’est sa famille, ses innombrables tantes, oncles, cousins et cousines. Et il y a surtout Ehe, son arrière-grand-père, l’un des derniers imprésarios de cirque d’Allemagne. Ehe a toujours des histoires extraordinaires à raconter, toutes tirées de sa longue vie d’artiste itinérant et toutes vraies : Sahib l’éléphant, ses débuts comme clown, et surtout les nombreuses fois où il a eu ce sentiment de liberté qui a rendu les épreuves acceptables. Le jour de ses onze ans, Ehe lui demande quel numéro il compte créer pour faire son entrée sur la piste et apporter sa contribution à la communauté.

Mais comment Santino le saurait-il ?

Le duo de réalisatrices Badabum signe un road movie documentaire sensible, rehaussé de séquences animées, et qui dépeint la vie des derniers nomades d’Allemagne ainsi que celle sans filet d’un enfant élevé dans une famille soudée, mais sans foyer permanent. Zirkuskind est le premier documentaire réalisé dans le cadre du programme de financement Der besondere Kinderfilm (Meilleurs films pour enfants).

Genderation

Plus de vingt ans après Gendernauts, Monika Treut retourne en Californie voir les protagonistes de son film queer révolutionnaire. En 1999, tous étaient les pionniers du mouvement trans et vivaient à San Francisco. Aujourd’hui, à 50 ou 80 ans, presque aucun.e n’a plus les moyens de vivre en ville. Entre sexualité, politique, art, écologie et féminisme, l’énergie des gendernautes et de leurs partisans est intacte. Mais comment ont-ils et ont-elles vieilli? Et que deviennent les projets utopiques d’autrefois ?

Film étonnant sur les stars américaines de la planète transgenre des années 70-80, Genderation jette bien sûr un regard en arrière, mais met aussi en lumière la résistance créative à la fin de la première ère Trump, dans une société devenue réactionnaire.

Séance présentée par la programmatrice Borjana Gaković.

Gendernauts – Eine Reise durch die Geschlechter

Avec pour guide Sandy Stone, artiste et théoricienne universitaire transgenre, le film retrace la vie d’un groupe de personnes transgenres et intersexuées de San Francisco, au tournant du millénaire. La narration est ponctuées d’entretiens avec Susan Stryker, Stafford ou Max Wolf Valerio, pionnier·ères du mouvement trans des années 90, qui développent les thèmes qui émergent dans les séquences du quotidien.

Avec Elfi Mikesch (What Shall We Do Without Death? – Augenblick 2023) à la caméra, ce film culte de la communauté trans, témoigne d’une époque d’euphorie, d’affirmation militante et d’expérimentation. Il montre les changements sociaux et pratiques qu’il faut s’imposer quand on veut vivre comme on l’entend, en marge des identités de genre traditionnelles.

Séance présentée par la programmatrice Borjana Gaković