PANIQUE TOUS COURTS, de Stéphane Aubier, Vincent Patar (animation)
BEL — 2017 — 45 min.
– Le soleil se lève sur le village. Coq chante. Indien, Cowboy, Cheval, Fermier, Robin, Gendarme sont prêts pour une nouvelle journée. Imaginez les jouets en plastique de notre enfance dont deux auteursanimateurs s’emparent pour conter les plus folles aventures.
Un film d’animation au rythme effréné, complètement frappé avec un doublage des plus drôles qui consiste à faire parler des jouets. C’est un grand oui ! (C.B.)
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NE COUPEZ PAS, de Shin’ichirô Ueda
JP — 2019 — VOST — 1h36
– Le tournage d’un film horrifique bat son plein dans une usine désaffectée. Seul le réalisateur semble investi de l’énergie nécessaire pour donner vie à ce film de zombies à petit budget troublé par une irruption inattendue.
En 2018, plusieurs amis me parlaient d’un certain One Cut of the Dead (titre international de Ne coupez pas) en me disant qu’il fallait absolument que je le regarde, mais qu’ils ne pouvaient rien me dire sur ce film sans spoiler. J’ai alors démarré ce film et, pendant une demiheure, j’ai sérieusement songé à supprimer tout mon répertoire de contacts, à déménager au Canada et vivre au milieu des orignaux car j’ai sincèrement eu l’impression qu’on se foutait de ma gueule avec ce film de merde. Mais arrivé au bout de cette première demi-heure, je me suis rendu compte que j’avais des amis géniaux et que rien ne garantissait mon intégration dans la communauté des orignaux car Ne coupez pas se révèle être une des surprises cinématographiques les plus jouissives de ces dernières années. Et je me retrouve là, à écrire sur un film sur lequel je ne peux rien dire sans spoiler. Alors, ne coupez pas le visionnage de ce film en plein milieu et allez jusqu’au bout, vraiment. Allez même découvrir son remake français Coupez de Michel Hazanavicius qui, contrairement à ce que disent certains détracteurs, se complète très bien avec le film de Shin’ichirô Ueda. (R.B.)
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MA VIE DE COURGETTE, de Claude Barras (Jeune public, animation)
FR + CH — 2016 — 1h06
– Courgette, c’est pas un légume, c’est un vaillant petit garçon. Lorsqu’il perd sa mère, les rencontres qu’il va faire au foyer pour les enfants vont l’emmener ailleurs. Tout le monde est là avec son histoire, aussi dure que tendre. Et puis il y a cette fille, Camille…
Autant vous le dire tout de suite, vous allez probablement être ému·es. Ce film, petit bijou d’animation stop-motion, est un manège à sensations fortes. Vous naviguerez entre la tristesse, la peur, la joie, les rires et l’espoir surtout, beaucoup, beaucoup d’espoirs. Il illustre à quel point on peut trouver du beau, même dans les pires situations et à quel point faire famille est une expérience qui va bien au-delà des liens du sang. (M.F.)
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LA GUERRE DES BOUTONS, d’Yves Robert
FR — 1962 — 1h34
– Une bande de garçons, âgés de 7 à 14 ans, menée par l’intrépide Lebrac, est en guerre contre les enfants du village voisin. Une guerre sans merci qui dure depuis des générations. On se bat pour l’honneur et la fidélité et, pour gagner, tous les moyens sont bons… sans se faire attraper par les parents…
La Guerre des Boutons est à mi-chemin entre le doux souvenir et la mémoire inquiète. Doux souvenir, pas seulement parce que le film se voit de préférence en enfance, mais aussi parce qu’il transpire d’une imagination enfantine qui transforme réellement une sablière en champ de bataille et maintient le rythme des péripéties toute la durée de l’histoire. La thèse du film serait la suivante : il existe deux mondes, un monde adulte dont le sérieux cache en fait un comique burlesque et un monde enfant dont le comique recouvre un grand sérieux. Le microcosme des enfants permet de donner des dimensions formidables à leurs jeux et défaites, comme la trahison qui se paie au prix du sang et des larmes. Les enfants deviennent de petits héros à la Renoir portant sur eux de grands idéaux romantiques, et finissent même par ressembler à des brigands anarchistes prenant le maquis face à l’autorité parentale. C’est qu’en souterrain La Guerre des Boutons déterre une mémoire inquiète, militaire, qui lui permet de reprendre tous les tropes du film de guerre : les embuscades, les victoires héroïques, les défaites écrasantes et même les scènes de torture… avec les petits boutons, les bretelles et les ceintures lacérés au couteau, comme autant d’émasculations symboliques donnant des instants vraiment déchirants, chargés d’une violence qu’on ne soupçonnerait pas dans un film pour enfants. (B.T.)
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AU FEU LES POMPIERS, de Milos Forman
CZ – 1968 – VOST – 1h13
– Dans une petite ville de province, un bal des pompiers est organisé en l’honneur des cinquante ans de service de l’un des leurs. En plus d’une tombola, un concours de miss beauté est mis en place pour remettre le cadeau au vétéran. Mais rien ne se passe comme prévu…
À bien des égards, cette oeuvre se tient sur un seuil. Dernier volet de la formidable période tchécoslovaque du réalisateur (dont on connaît peut-être mieux les non moins impressionnants Vol au-dessus d’un nid de coucou ou Amadeus) qui accompagna les espérances d’ouverture de son double pays, il est aussi le premier à prendre des couleurs. Les chars soviétiques mettront fin au Printemps de Prague et le film sera affublé du statut de « banni à vie ». Heureusement, Milos Forman aura eu le temps de franchir la porte de cette soirée de pompiers pour nous en montrer le facétieux effondrement. (R.S.)
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LA COMMUNE, de Peter Watkins
FR — 2007 — 3h34
– Mars 1871. Un journaliste de la télévision versaillaise se crée une télévision communale, émanation du peuple de Paris insurgé… Dans un espace théâtralisé, plus de 200 acteur·rices interprètent, devant une caméra fluide, travaillant en plans séquences, les personnages de la Commune pour raconter leurs propres interrogations sur les réformes sociales et politiques.
D’abord ne pas s’effrayer de la durée et de la forme hors norme et anachronique de cette oeuvre ! Elle relate une page majeure et pourtant souvent occultée de l’histoire de l’insurrection populaire. Je me souviens d’une expérience passionnante et déstabilisante : immersion totale et ultra-réaliste dans le Paris de 1871 et résonance brutale avec le présent via les thèmes universels et intemporels de l’injustice sociale, de la révolte et de la réécriture de l’histoire par les médias. (C.I.)
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LES GUERRIERS DE LA NUIT, de Walter Hill
US | 3H10 — 1980 — VOST — 1h34
– À New York, une centaine de gangs se partagent les rues. Les combats font rage. La bande la plus puissante, les Gramercy Riffs, dirigés par Cyrus, désire unifier les forces et convoque tous les gangs à un rassemblement pacifique. Mais la réunion dérape.
Un film dont la diffusion a été interdite de peur qu’il n’incite les jeunes à se réunir la nuit, forcément ça fait envie. Une esthétique de la violence impeccable et une bande originale au poil. (C.B.)
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LES 7 SAMOURAÏS, d’Akira Kurosawa
JP — 1955 — VOST — 3h26
– Japon. XVIe siècle. Un village de paysan·nes. Désespéré·es des attaques répétées de bandits qui les conduisent à la ruine et à la famine, ils et elles font appel à sept guerriers afin de les protéger et de les aider à se défendre… Une leçon de courage et d’humanité.
Voilà un film qui se place sur les monts les plus élevés où se nichent les plus grandes oeuvres d’art emblématiques d’un genre, d’une époque, d’un pays : soit le chanbara (le mot qui désigne le film de sabre et pourrait représenter le bruit de l’usage des armes), moins d’une décennie après la fin de la Seconde Guerre mondiale, au Japon. Avec ce récit de sept individualités, dont les portraits dramaturgiques furent définis avec grande précision avant même le tournage, qui offrent leurs services à une communauté paysanne à l’ère des provinces en guerre, Kurosawa convoque les puissances combatives de temps médiévaux. Car s’il y a bien une vertu révolutionnaire à des notions telles que « l’héroïsme » ou la « bravoure » – et nous ne saurions les appréhender seulement comme des catégories désuètes – c’est lorsqu’elles s’aiguisent en faveur de celles et ceux que l’on humilie et que l’on offense. Ainsi, les corps font face aux déluges, se mettent en mouvement en dépit des boues. Ce que peuvent trancher les sabres de ces samouraïs, ce n’est rien de moins que toutes les tyrannies de nos jours passants : que les oppresseurs se mettent à trembler devant les spectateurs et spectatrices qui sortiront de cette séance. (R.S.)
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GIRL, de Lukas Dhont
BEL – 2018 – VOST – 1h45
– Lara, 15 ans, rêve de devenir danseuse étoile. Avec le soutien de son père, elle se lance à corps perdu dans cette quête d’absolu. Mais ce corps ne se plie pas si facilement à la discipline que lui impose Lara, car celle-ci est née assignée garçon.
Rien à signaler. Les premières minutes de Girl sont sidérantes de calme : Lara (interprétée par le danseur et comédien Victor Polster), jeune transgenre en plein traitement hormonal, est entourée de bienveillance. Les seules violences seront celles qu’elle s’inflige. Pour devenir danseuse étoile et la femme qu’elle est déjà aux yeux des autres, elle poussera son corps virevoltant, dansant et criant son impatience – que l’on voit, que l’on suit, que l’on porte avec elle durant toute la durée du film – au-delà du supportable. (C.B.)
DÉRAPAGE CONTRÔLÉ, de Françoise Romand (court-métrage)
FR — 1993— 12 min.
– En 1994 à Agen, de jeunes musiciens répètent dans les studios du Florida. Une élue a initié ce projet de salle pour les jeunes, elle tient un discours d’une intelligence rare dans le monde de la culture tandis qu’un de ses collègues du même parti rabâche de vieux clichés de classe.
Ne vous fiez pas aux apparences : cette femme qui semble revenir d’une partie de chasse à courre ou d’un épisode de Palace dit et fait des choses extrêmement intelligentes et engagées. Prenons-en de la graine ! (A.B.)
RÉCRÉATIONS, de Claire Simon (court-métrage, documentaire)
FR — 1998 — 57 min.
– Dans une cour de récré, beaucoup de choses se jouent, plus qu’on ne le croit. Un lieu habité deux ou trois par jour par un peuple de petite taille avec ses propres lois et batailles. On y découvre la « force des sentiments ou la servitude humaine ».
La rue appartient à ceux qui crient le plus fort et qui bombent le torse, et ça, on le sait. Un concentré de tout ce qui se joue plus tard, plus grand·es, vu sous le prisme du jeu aussi drôle que dramatique. (C.B.)
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LES CHATS PERSANS, de Bahman Ghobadi
IR — 2009 — VOST — 1h41
– À leur sortie de prison, une jeune femme et un jeune homme musicien·ne décident de monter un groupe. Ils parcourent Téhéran à la rencontre d’autres musicien·nes underground et tentent de les convaincre de quitter l’Iran. Ils et elles rêvent de sortir de la clandestinité et de jouer en Europe. Mais que faire sans argent et sans passeport ?
Compter sur les autres, se risquer à faire confiance… Ce film comme une chanson qui articule couplets et refrain, relie l’entraide à la liberté. (N.M.)
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