MA VIE DE COURGETTE, de Claude Barras (Jeune public, animation)
FR + CH — 2016 — 1h06
– Courgette, c’est pas un légume, c’est un vaillant petit garçon. Lorsqu’il perd sa mère, les rencontres qu’il va faire au foyer pour les enfants vont l’emmener ailleurs. Tout le monde est là avec son histoire, aussi dure que tendre. Et puis il y a cette fille, Camille…
Autant vous le dire tout de suite, vous allez probablement être ému·es. Ce film, petit bijou d’animation stop-motion, est un manège à sensations fortes. Vous naviguerez entre la tristesse, la peur, la joie, les rires et l’espoir surtout, beaucoup, beaucoup d’espoirs. Il illustre à quel point on peut trouver du beau, même dans les pires situations et à quel point faire famille est une expérience qui va bien au-delà des liens du sang. (M.F.)
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LA GUERRE DES BOUTONS, d’Yves Robert
FR — 1962 — 1h34
– Une bande de garçons, âgés de 7 à 14 ans, menée par l’intrépide Lebrac, est en guerre contre les enfants du village voisin. Une guerre sans merci qui dure depuis des générations. On se bat pour l’honneur et la fidélité et, pour gagner, tous les moyens sont bons… sans se faire attraper par les parents…
La Guerre des Boutons est à mi-chemin entre le doux souvenir et la mémoire inquiète. Doux souvenir, pas seulement parce que le film se voit de préférence en enfance, mais aussi parce qu’il transpire d’une imagination enfantine qui transforme réellement une sablière en champ de bataille et maintient le rythme des péripéties toute la durée de l’histoire. La thèse du film serait la suivante : il existe deux mondes, un monde adulte dont le sérieux cache en fait un comique burlesque et un monde enfant dont le comique recouvre un grand sérieux. Le microcosme des enfants permet de donner des dimensions formidables à leurs jeux et défaites, comme la trahison qui se paie au prix du sang et des larmes. Les enfants deviennent de petits héros à la Renoir portant sur eux de grands idéaux romantiques, et finissent même par ressembler à des brigands anarchistes prenant le maquis face à l’autorité parentale. C’est qu’en souterrain La Guerre des Boutons déterre une mémoire inquiète, militaire, qui lui permet de reprendre tous les tropes du film de guerre : les embuscades, les victoires héroïques, les défaites écrasantes et même les scènes de torture… avec les petits boutons, les bretelles et les ceintures lacérés au couteau, comme autant d’émasculations symboliques donnant des instants vraiment déchirants, chargés d’une violence qu’on ne soupçonnerait pas dans un film pour enfants. (B.T.)
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FANTASTIC MISTER FOX, de Wes Anderson (Jeune public, animation)
GB — 2010 — VF — 1h27
– M. Fox, le plus rusé des voleurs de poules, sa femme, Mme Fox, Ash, son fils, le cousin Kristofferson et tous les autres animaux de la forêt défient trois odieux fermiers. Ils et elles vont vivre la plus périlleuse et délirante des aventures.
Vous pensez encore que l’humain a une chance face à l’ingéniosité de l’instinct animal ? Wes Anderson va vous prouver le contraire. Avec toute l’esthétique qui le caractérise, le réalisateur vous invite à rejoindre une aventure collective étonnante réunissant lapins, renards, blaireaux et autres espèces de la forêt. Chacun aura son rôle à jouer : petits, grands, rapides, longs, talentueux, maladroits… Ce film nous rappelle que si l’union fait la force, la diversité dans l’union peut faire toute la différence. (M.F.)
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BANDE DE FILLES, de Céline Sciamma
FR — 2014 — 1h53
– Dans la continuité de Tomboy, Céline Sciamma fait infuser le trouble d’un personnage au sein d’un collectif, qui, par réaction, transforme ce trouble en mue. L’énergie de la “bande” irradie ce film.
On se cherche, on traîne devant les barres d’immeuble, on hésite entre la violence pour se faire entendre et se faire violence tout court pour se construire un avenir plus doux, on répète les comportements masculins pour se faire sa place, on craint quand même toujours un peu le masculin surtout la nuit, on rit, on pleure… Et dans tout ça, une chose reste : ce lien plus haut que le reste entre cette bande de filles. Et cette scène sur Diamonds de Rihanna qui fait frissonner, parce que Rihanna oui bien sûr, mais aussi parce que dans la danse et la chanson, c’est l’amitié qui éclabousse. (C.B.)
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L’ÂGE DES POSSIBLES, de Pascale Ferran
FR — 1996 — 1h45 — Diffusion en 35mm
– De vrai·es ami·es, des connaissances, des amant·es… Dix jeunes gens à l’heure des choix et du début de « leur vraie vie ». Ce film suit leur parcours à cet âge ou certaines choses sont encore possibles jusqu’au moment où les portes commencent à se refermer. Ce film est le résultat d’une commande passée par le Théâtre national de Strasbourg à la réalisatrice.
Pascale Ferran remporte en 1994 une Caméra d’or au Festival de Cannes – le prix récompense les jeunes artistes au talent prometteur, pour Petits arrangements avec la mort, son premier long-métrage. Le film est bouleversant de justesse de par la sensibilité et la vulnérabilité dont il fait preuve pour aborder le thème de la mort d’un enfant, d’un ami ou d’une soeur. Un an plus tard, la réalisatrice filme Strasbourg et les comédiens et comédiennes du groupe 28 de l’École du TNS. Nous sommes en 1994, année de mise en service du tram qui redessinera la silhouette de notre ville. Ayant servi de parking pendant 50 ans, la place Kléber devient piétonne. À proximité, c’est l’époque du Quick, du Magmod et… de l’Odyssée que l’on croira apercevoir un instant, et puis finalement pas. Titre évocateur s’il en est, ce film choral nous emporte dans l’intimité de jeunes gens attachant·es dont les histoires se mêlent les unes aux autres, bercé·es entre espoir et angoisse du lendemain, responsabilité et insouciance, désir et regret… Des petits bouts de vie qui ne semblent rien en apparence mais s’avèrent d’une grande et tendre intensité, à la croisée des chemins ou à la bascule entre fin de l’adolescence et début de l’âge adulte. (E.H.)
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FEU FOLLET, de João Pedro Rodrigues
PRT + FR – 2022 – VOST – 1h57
– Sur son lit de mort, Alfredo, roi sans couronne, est ramené à de lointains souvenirs de jeunesse et à l’époque où il rêvait de devenir pompier. La rencontre avec l’instructeur Afonso, du corps des pompiers, ouvre un nouveau chapitre dans la vie des deux jeunes hommes plongés dans l’amour et le désir, et à la volonté de changer le statu quo.
Étrange, beau, déroutant, drôle, mystérieux, portugais. Venez voir ce très beau film (un de mes préférés de 2022, oui je le dis) où la poésie et l’humour très singuliers de João Pedro Rodrigues y sont à leur sommet. Des scènes saisissantes qui flirtent avec le surréalisme nous embarquent dans un drôle de conte politique et sensuel. On suit les aventures de ce jeune prince qui veut être pompier, dans la salle à manger de la famille royale, dans la caserne, dans la forêt en cendres… Aaaaah il s’en passe des choses après un incendie. Minimaliste et précise, chaque scène semble millimétrée alors qu’un grand souffle traverse tout. Tenez bon jusqu’au bouche-à-bouche, après les choses s’emballent. Oui c’est « bizarre comme film », ça fait tellement de bien. Les acteurs sont tous magnifiques, les pompiers parlent de littérature, apprennent à faire des massages cardiaques de façon sexy, hmmm… quoi d’autre ? N’ayez pas peur, venez. (A.B.)
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LES NOUVEAUX SAUVAGES, de Damián Szifron
ARG — 2015 — VOST — 2h02
– L’inégalité, l’injustice, les déceptions ou l’exigence auxquelles nous expose le monde et la société provoquent du stress et des dépressions chez beaucoup de gens. Certain·es craquent. Les Nouveaux sauvages est un film sur elles, sur eux, sur nous. Six histoires pour explorer l’indéniable plaisir du pétage de plombs.
Que c’est beau ces humain·es qui vrillent. Que c’est drôle aussi. Un film à petits films ultra-jouissif, rien à dire de plus ! (C.B.)
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DO THE RIGHT THING, de Spike Lee
US — 1989 — VOST — 2h01
– À Brooklyn, c’est le jour le plus chaud de l’année. Mookie, un jeune afro-américain, est livreur à la pizzeria du quartier, tenue par Sal et ses deux fils d’origine italienne. Chacun vaque à ses occupations, mais la chaleur estivale va bientôt cristalliser les tensions raciales.
J’avais 13 ans lorsque j’ai vu mon premier film de Spike Lee : La 25e heure. Je m’étais pris une claque et j’ai voulu creuser la filmographie de ce type dont le prénom m’évoquait plus la série Buffy contre les Vampires qu’autre chose. Quelque temps plus tard, je découvrais enfin Do the right thing, un film dont l’énergie, le style visuel, l’écriture, l’interprétation, la B.O., la gestion de l’espace (le film se passe entièrement dans un quartier) et du temps (une journée) continuent à m’impressionner. Une fenêtre sur un quartier dans lequel différentes ethnies vivent ensemble mais ne se supportent pas et où Fight the power crie incessamment dans un ghettoblaster (paroles encore d’une grande importance de nos jours). Les influences de Spike Lee, n’allons pas forcément les chercher dans le cinéma ou la littérature, mais plutôt dans la musique, qu’elle soit hip-hop ou jazzy ; Do the right thing, c’est un peu comme si Woody Allen s’était shooté à du Public Enemy avant de hurler dans un saxophone. Ce film m’avait permis de mieux comprendre d’où venait La Haine de Mathieu Kassovitz et de découvrir une ribambelle d’acteurs géniaux : John Turturro, Ossie Davies, Giancarlo Esposito, Bill Nunn ou encore Danny Aiello. (R.B.)
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À LA RECHERCHE DE L’ULTRA-SEX, de Nicolas Charlet, Bruno Lavaine
FR — 2015 — 1h
– Ce film raconte une histoire vraie, une histoire rocambolesque enfin révélée au public grâce à la reconstitution d’un puzzle d’archives de films X, récemment déclassifiés par le FBI.
Un film de rire et de sexe entièrement doublé à la bouche, telle est la formule forgée par le fantas(ti)que duo de réalisateurs, scénaristes, dialoguistes, acteurs… Bruno (Lavaine) et Nicolas (Charlet) pour résumer leur dernier ovni télévisuel, Message à caractère pornographique, à l’occasion des 30 ans de Canal+ en 2014. Heureusement pour nous les frontières entre écrans sont poreuses et le film sort l’année suivante au cinéma sous le titre d’À la recherche de l’ultra-sex. Immense prouesse que de monter plus de 60 extraits de films olé olé et bizarreries en tout genre et sous-genre – attention les yeux !, détournés avec malice et maladresse pour faire monter la température de la salle sans toucher au thermostat ! (E.H.)
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