MEME LES SOURIS VONT AU PARADIS, de Jan Bubenicek, Denisa Grimmovà
(CZE + FR + POL + SVK – 2021 –1h28)
– Après un malencontreux accident, une jeune souris au caractère bien trempé et un renardeau plutôt renfermé se retrouvent au paradis des animaux. Dans ce monde nouveau, ils doivent se débarrasser de leurs instincts naturels et suivre tout un parcours vers une vie nouvelle.
Cette pépite de tendresse nous rappelle en images et en mots que l’amour n’est pas conditionné par l’apparence ou la nature de chacun·e. Les valeurs universelles de tolérance, de compassion et d’acceptation sont merveilleusement illustrées par un binôme aussi inattendu qu’attachant. Doté d’une animation en stop-motion grandiose (et 100% européenne !) et d’une histoire émouvante, Même les souris vont au paradis est une ode à l’amour et à l’amitié. Malgré les différences, ouvrez vos cœurs et célébrez la beauté de la diversité et de l’amour inconditionnel. (M.F.)
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LA BELLE ET LA BÊTE, de Jean Cocteau
(FR – 1946 – 1h36)
– Pour l’offrir à sa fille, le père de la Belle cueille, sans le savoir, une rose appartenant au jardin de la Bête, qui s’en offense. Afin de sauver son père, la Belle accepte de partir vivre au château de la Bête.
Le 27 août 1945, quand Cocteau entame le tournage de son 1er long métrage, l’horreur de la guerre fait encore trembler le monde et les conditions sur le plateau sont très difficiles mais il est plus que jamais déterminé à réenchanter le monde. Il sût convaincre son équipe et ses acteurs notamment le célèbre Jean Marais de le suivre dans cette aventure. Cocteau est marqué par la honte d’une maladie de peau qui l’oblige à camoufler son visage sous une épaisse barbe et de se protéger sous un masque des lumières des projecteur qui le blessent. Il devient ainsi l’étrange miroir de son protagoniste. Refusant malgré tout ou peut-être à cause de cela d’arrêter le tournage, il frôle la mort.
Pourtant… la photographie est magistralement travaillée pour créer deux univers distincts celui de Belle, lumineux et pictural et celui de la Bête sombre et mystérieux. C’est toute la magie de ce que Cocteau appelait « l’encre de lumière ». Les effets spéciaux sont pour l’époque extraordinairement inventifs, l’illusionnisme étant à la fois l’essence du cinéma et du conte.
Presqu’un an et demi après la pellicule a imprimé cette pugnacité et toute l’inventivité dont il a fallu faire preuve. Ne demeure que le rêve. Il y est parfois teinté d’obscures mystères au plus près de l’esprit des contes, finalement très éloigné de Disney et bien plus proche de Gustave Doré au sujet duquel Cocteau déclarera : « Je faisais mon film sous son signe. » (N.F.)
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PRINCESS BRIDE, de Rob Reiner
(US – 1988 – VOST – 1h38)
– Pour divertir son petit-fils, alité pour une mauvaise grippe, un homme commence à lui raconter une histoire qu’il a entendue souvent au cours de son enfance : celle de la princesse Bouton d’or. Après la mort de son fiancé Westley, assassiné par des bandits, la belle jure de ne plus jamais aimer personne…
Des blagues, des coupes de cheveux et des répliques politiquement très incorrectes, une princesse infichue d’assommer un Rongeur de Taille Inhabituelle en train de dévorer son bien-aimé alors qu’elle a une bûche à la main et surtout une BO entièrement composée avec le son trompette du meilleur synthétiseur des années 80 : voilà ce qu’il vous faudra assumer devant vos neveux ou nièces, enfants ou petits-enfants ébahis. À part ça, si avant d’y aller iels vous demandent s’il y a de l’action, faites confiance à Columbo et dîtes comme lui : « Oh il n’y a que ça ! : bagarres, duels, tortures, vengeances, géant, monstres, poursuites, évasions, amour Vrai, miracle. »
Et surtout, n’oubliez pas que Rob Reiner est la même personne qui a réalisé Spinal Tap et Stand by me, qu’un conte de fées où la Princesse Fiancée s’entend dire « S’il vous plaît, considérez-moi comme l’alternative au suicide » à un quart d’heure de la fin par son perfide futur époux n’est pas tout à fait un conte comme les autres. (A.B.)
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LE BONHEUR, d’Agnès Varda
(FR – 1964 – 1h19)
– Un menuisier aime sa femme, ses enfants et la nature. Ensuite il rencontre une autre femme, une postière, qui ajoute du bonheur à son bonheur. Toujours très amoureux de sa femme, il ne veut pas se priver, ni se cacher, ni mentir.
« Je l’ai tourné vite, je l’ai écrit vite, ça s’est fait vite. C’est un film impressionniste et il est fait d’impressions sur le bonheur. Je voudrais qu’il fasse bonne impression aussi. J’ai choisi un vrai couple [pour incarner le couple à l’écran, ndlr], c’était plus amusant. Ça me plaisait de filmer avec une vraie famille. Ce n’est pas du tout leur histoire mais le fait qu’ils soient un vrai couple a rendu le tournage plus naturel… »
Agnès Varda, à propos du Bonheur au 20H du JT de l’ONRTF
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LES NOCES FUNÈBRES, de Tim Burton
(GB – 2005 – VOST + VF – 1h17)
– Au XIXe siècle, dans un petit village d’Europe de l’est, Victor, un jeune homme, découvre le monde de l’au-delà après avoir épousé, sans le vouloir, le cadavre d’une mystérieuse mariée.
Le cinéma de Tim Burton n’est-il jamais meilleur que lorsqu’il se propose de faire se mouvoir des figurines et autres objets inanimés ? C’est ce que cette adaptation d’un vieux conte traditionnel, après Frankenweenie et L’Étrange Noël de Monsieur Jack, pourrait bien nous faire croire. Toute œuvre filmique se doit de nous offrir une fréquentation avec la mort au travail, et voilà une occasion de prendre cela au mot.
Les avatars de ses acteurs fétiches Helena Bonham Carter et Johnny Depp (à qui l’on conseillerait aujourd’hui de se faire en effet attraper et jeter dans les profondeurs d’un cimetière) déambulent donc dans un monde aussi grisâtre qu’éclatant de virtuosité. Le réalisateur avoue plusieurs patronages : l’ennui de sa ville natale de Burbank et son onirique horizon mexicain lui auront fait découvrir la jovialité des squelettes, tandis que le nom de Ray Harryhausen – maître parmi les maîtres de l’animation qui passa une tête lors du tournage – finit sur le piano de la famille de la mariée non cadavérique. (R.S.)
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UNE PASSION, d’Ingmar Bergman
(SWE – 1969 – VOST – 1h50)
– Quatre personnes se rencontrent sur une ile, et un fou tue les animaux.
Bergman ? Passionné par le couple ? C’est peu de le dire. Au sein du Conseil de programmation, nous avons longuement hésité entre Scènes de la vie conjugale – ce sera peut-être pour un futur hypothétique cycle sur les ruptures… qui sait ? – Une leçon d’Amour et cette Passion, moins connue et formellement plus qu’intéressante. Quand la mort d’animaux illustre tout ce qui ne va pas dans le couple, le tout coupé par les interviews des comédien·nes qui parlent des personnages qu’iels incarnent… (C.B.)
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UN HOMME UN VRAI, d’Arnaud et Jean-Marrie Larrieu
(FR – 2003 – 2h01)
– Au cours d’une soirée parisienne, Boris, un apprenti cinéaste, et Marilyne, un jeune cadre supérieur, se déclarent un amour éternel alors qu’ils viennent à peine de se connaître. Au fil du temps, leur relation va changer…
« Une biche ! » « Oh ! Encore une biche ! »
La scène qui se termine par « una biera et una omeleta please ». Alors le film devient plus sombre.
L’émotion qui pointe. Les coqs de bruyère. À une heure du soir indéfinissable. En 35 mm, ça va être encore plus beau.
La fin, qui est aussi une chanson, chantée, en vrai, par les acteurs troublés.
Comment parler d’un film fétiche en 500 signes ? La musique de Philippe Katerine, la harpe, le guide de haute montagne Toni, le gazpacho ?
La deuxième fin. Et le générique aussi. (A.B.)
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JULES ET JIM, de François Truffaut
(FR – 1962 – 1h45)
– Paris, dans les années 1900 : Jules, allemand et Jim, français, deux amis artistes, sont épris de la même femme, Catherine. C’est Jules qui épouse Catherine. La guerre les sépare. Ils se retrouvent en 1918. Catherine n’aime plus Jules et tombe amoureuse de Jim.
Truffaut n’a pas 30 ans quand il réalise en 1960 ce classique de la nouvelle vague. Cette jeunesse transparait dans l’une des tragédies les plus joyeuse du cinéma, portée par le charme et la pétulance des acteurs et de Jeanne Moreau en particulier. L’histoire d’un amour tendre et fou, de 2 hommes, l’un français, l’autre allemand pour une femme libre en 1910. Hymne à l’amour libre, c’est aussi le récit d’un drame amoureux, de la douloureuse impossibilité du choix, une histoire de triangle amoureux qui finit mal.
Si ce film est aussi vivant c’est sans doute qu’il est inspiré d’un coup de cœur de Truffaut pour le 1er roman de H-P Roché. Après leur rencontre 5 ans avant la réalisation de ce film, il écrira dans les cahiers du cinéma : « L’un des plus beaux romans que je connaisse est Jules et Jim qui nous montre, sur toute une vie, 2 amis et leur compagne commune, s’aimer d’amour tendre et sans presque de heurts grâce à une morale esthétique et neuve sans cesse reconsidérée. » Et ce livre, bien plus qu’un roman était un récit largement autobiographique, une véritable déclaration amoureuse à celle qui deviendra la mère de Stéphane Hessel, Helen Grund, femme libre avant tout. (N.F.)
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MY OWN PRIVATE IDAHO, de Gus van Sant
(US – 1992 – VOST – 1h45)
– Mike et Scott vivent parmi les marginaux de Portland. Ils partagent tout : de al drogue aux hommes et femmes à qui ils se vendent. Mike ne cache pas son amour à Scott qui se refuse pourtant à lui. Ensemble, ils prennent la route pour retrouver la mère de Mike…
Road movie atmosphérique (la fuite des nuages…) et mélancolique dans le milieu des marginaux et de la prostitution masculine. Par le biais d’insertion subtiles de dialogues shakespearien qui se fondent idéalement dans le scénario, ce film assume totalement son côté théâtral à travers les personnages de Scott, fils rebelle du maire de Portland et de Bob, roi des clochards et maître à penser inspiré du personnage de Falstaff.
Difficile d’oublier la beauté irradiante des deux héros, Keanu Reeves à ses débuts, tout en intériorité et retenue et River Phoenix, ange déchu en quête de sa mère, au physique de James Dean. (C.I.)
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SÉRÉNADE À TROIS, d’Ernst Lubitsch
(US – 1933 – VOST – 1h31)
– Deux artistes américains partageant un appartement à Paris tombent tous les deux amoureux de la belle et spirituelle Gilda Farrell qui ne peut se décider entre les deux prétendants. Ils décident alors d’emménager tous les trois.
À l’époque considéré subversif – en même temps qu’est-ce qui ne l’était pas en 1933 ? – Sérénade à trois illustre parfaitement l’art de Lubitsch, en l’occurrence, envoyer paître les convenances : la séduction n’a plus aucune règle, les femmes mènent tout à la baguette et paf : assumons et affichons donc une relation à trois. Badinons toujours, comme Lubitsch aime à le montrer dans ses films, mais n’oublions pas : « Mieux vaut se dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Et tant pis si elle fait mal. » Tellement vrai. (C.B.)
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LA VIE SEXUELLE DE MAMIE, d’Urška Djukić, Émilie Pigeard
(SLO + FR – 2021 – VOST – 13 min.)
– Un voyage dans la jeunesse et les souvenirs intimes d’une grand-mère illustre le statut des femmes slovènes pendant la première partie du 20ème siècle.
Dans ce puissant court-métrage qui a décroché le césar 2023, Urška Djukić et Émilie Pigeard présentent les témoignages de 4 femmes aujourd’hui âgées se remémorant les souvenirs de leurs jeunesses et de leurs vies intimes en Slovénie. En quelques images sobres et brutes toute la violence des relations imposées à ces femmes à qui la doctrine chrétienne prônait la soumission dans le mariage. Des vieux portraits de famille aux dessins enfantins, de l’art naïf pour un propos qui ne l’est pas du tout. (N.F.)
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À MA SŒUR, de Catherine Breillat
(FR + IT – 2001 – 1h33)
– Anaïs, douze ans, se trouve complexée par son poids. Tapie dans l’ombre ou laissée pour compte, elle souffre intérieurement. C’est l’été, la mer, les vacances en famille, l’apprentissage du premier amour. Cet apprentissage, Anaïs le fait en observant sa soeur aînée Eléna.
Cinéaste subversive mais pas sulfureuse (« parce que le soufre, ça sent mauvais »), Catherine Breillat filme depuis plus de 40 ans l’impossible désir des femmes hétérosexuelles. À ma sœur, teen movie sentimental et quasi-horrifique, ne déroge pas à la règle. Sublime plongeon dans l’inconscient adolescent, Fat Girl (cruelle traduction anglaise du titre français) est surtout porté par ses deux interprètes principales, alors débutantes : Anaïs Reboux (depuis hélas totalement disparue de la circulation) et Roxane Mesquida (elle a fait carrière à Los Angeles chez Araki, Dupieux, Marilyn Manson et dans la série Gossip Girl). (G.G.)
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TSUMA, MUSUME, HAHA de Kaori Kinoshita et Alain Della Negra
(FR – 2019 – VOST – 37 min.)
Une poupée grandeur nature, un avatar, une intelligence artificielle peuvent-ils véritablement vous aimer ? Ce film présente des histoires d’amour non-réciproques entre humain et nonhumain, autant de tentatives d’appartenir au monde et de dessiner l’avenir des hommes au Japon.
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HER, de Spike Jonze
(US – 2014 – VOST – 2h06)
– Los Angeles, dans un futur proche. Theodore Twombly, un homme sensible au caractère complexe, est inconsolable suite à une rupture difficile. Il fait alors l’acquisition d’un programme informatique ultramoderne, capable de s’adapter à la personnalité de chaque utilisateur. En lançant le système, il fait la connaissance de ‘Samantha’…
C’est sûr : si Chat GPT avait la voix de Scarlett Johansson, on en tomberait tous·tes amoureux·ses. Une intelligence s’adaptant, flirtant, blaguant et faisant tomber notre timide et reclu Theodore dans l’amour le plus total. Dans ce futur proche, tout ressemble à s’y méprendre à la vie que nous vivons où tout être semble connecté (ou déconnecté de toute relation physique). Au-delà de la joie de revoir un ancien (mais pas si vieux) Spike Jonze sur grand écran, on apprécie grandement la réflexion que ce film offre sur le langage… (C.B.)
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