MEME LES SOURIS VONT AU PARADIS, de Jan Bubenicek, Denisa Grimmovà
(CZE + FR + POL + SVK – 2021 –1h28)
– Après un malencontreux accident, une jeune souris au caractère bien trempé et un renardeau plutôt renfermé se retrouvent au paradis des animaux. Dans ce monde nouveau, ils doivent se débarrasser de leurs instincts naturels et suivre tout un parcours vers une vie nouvelle.
Cette pépite de tendresse nous rappelle en images et en mots que l’amour n’est pas conditionné par l’apparence ou la nature de chacun·e. Les valeurs universelles de tolérance, de compassion et d’acceptation sont merveilleusement illustrées par un binôme aussi inattendu qu’attachant. Doté d’une animation en stop-motion grandiose (et 100% européenne !) et d’une histoire émouvante, Même les souris vont au paradis est une ode à l’amour et à l’amitié. Malgré les différences, ouvrez vos cœurs et célébrez la beauté de la diversité et de l’amour inconditionnel. (M.F.)
Regarder la bande annonce
ZOMBILLÉNIUM, d’Alexis Ducord, Arthur de Pins
(FR + BE – 2017 – 1h18)
– Dans le parc d’attractions d’épouvante Zombillénium, les monstres ont le blues. Non seulement, zombies, vampires, loups garous et autres démons sont de vrais monstres dont l’âme appartient au Diable à jamais, mais en plus ils sont fatigués de leur job, fatigués de devoir divertir des humains consuméristes, voyeuristes et égoïstes, bref, fatigués de la vie de bureau en général, surtout quand celle-ci est partie pour durer une éternité…
Zombillénium, c’est le film idéal à partager en famille pour Halloween ! Plongez dans un parc d’attractions peuplé de monstres où se mêlent (beaucoup) d’humour et (un peu) de frissons. Bien sûr, en cohérence avec notre cycle, c’est également un film qui explore l’amour et en l’occurrence le tabou, lorsqu’Hector craque pour une créature très différente de lui… Cette aventure captivante questionne les préjugés et invite à embrasser la diversité, pour que l’amour triomphe toujours. (M.F.)
Regarder la bande annonce
LA BELLE ET LA BÊTE, de Jean Cocteau
(FR – 1946 – 1h36)
– Pour l’offrir à sa fille, le père de la Belle cueille, sans le savoir, une rose appartenant au jardin de la Bête, qui s’en offense. Afin de sauver son père, la Belle accepte de partir vivre au château de la Bête.
Le 27 août 1945, quand Cocteau entame le tournage de son 1er long métrage, l’horreur de la guerre fait encore trembler le monde et les conditions sur le plateau sont très difficiles mais il est plus que jamais déterminé à réenchanter le monde. Il sût convaincre son équipe et ses acteurs notamment le célèbre Jean Marais de le suivre dans cette aventure. Cocteau est marqué par la honte d’une maladie de peau qui l’oblige à camoufler son visage sous une épaisse barbe et de se protéger sous un masque des lumières des projecteur qui le blessent. Il devient ainsi l’étrange miroir de son protagoniste. Refusant malgré tout ou peut-être à cause de cela d’arrêter le tournage, il frôle la mort.
Pourtant… la photographie est magistralement travaillée pour créer deux univers distincts celui de Belle, lumineux et pictural et celui de la Bête sombre et mystérieux. C’est toute la magie de ce que Cocteau appelait « l’encre de lumière ». Les effets spéciaux sont pour l’époque extraordinairement inventifs, l’illusionnisme étant à la fois l’essence du cinéma et du conte.
Presqu’un an et demi après la pellicule a imprimé cette pugnacité et toute l’inventivité dont il a fallu faire preuve. Ne demeure que le rêve. Il y est parfois teinté d’obscures mystères au plus près de l’esprit des contes, finalement très éloigné de Disney et bien plus proche de Gustave Doré au sujet duquel Cocteau déclarera : « Je faisais mon film sous son signe. » (N.F.)
Regarder la bande annonce
LES NOCES FUNÈBRES, de Tim Burton
(GB – 2005 – VOST + VF – 1h17)
– Au XIXe siècle, dans un petit village d’Europe de l’est, Victor, un jeune homme, découvre le monde de l’au-delà après avoir épousé, sans le vouloir, le cadavre d’une mystérieuse mariée.
Le cinéma de Tim Burton n’est-il jamais meilleur que lorsqu’il se propose de faire se mouvoir des figurines et autres objets inanimés ? C’est ce que cette adaptation d’un vieux conte traditionnel, après Frankenweenie et L’Étrange Noël de Monsieur Jack, pourrait bien nous faire croire. Toute œuvre filmique se doit de nous offrir une fréquentation avec la mort au travail, et voilà une occasion de prendre cela au mot.
Les avatars de ses acteurs fétiches Helena Bonham Carter et Johnny Depp (à qui l’on conseillerait aujourd’hui de se faire en effet attraper et jeter dans les profondeurs d’un cimetière) déambulent donc dans un monde aussi grisâtre qu’éclatant de virtuosité. Le réalisateur avoue plusieurs patronages : l’ennui de sa ville natale de Burbank et son onirique horizon mexicain lui auront fait découvrir la jovialité des squelettes, tandis que le nom de Ray Harryhausen – maître parmi les maîtres de l’animation qui passa une tête lors du tournage – finit sur le piano de la famille de la mariée non cadavérique. (R.S.)
Regarder la bande annonce
CORPS ET ÂME, d’Ildiko Enyedi
(HON – 2017 – VOST – 1h56)
– Mária, nouvelle responsable du contrôle de qualité et Endre, directeur financier de la même entreprise, vivent chaque nuit un rêve partagé, sous la forme d’un cerf et d’une biche qui lient connaissance dans un paysage enneigé.
« Toute l’histoire du film tourne autour de la dualité et de l’unité, de la difficulté d’unir deux personnes si elles ne sont pas en harmonie avec leur propre vie, ce qui est presque toujours le cas. […] Les deux personnages, Endre et Maria, ont la même réaction face à une situation trop forte pour eux : ils se limitent pour se sécuriser, et le fruit de cette limitation, c’est une petite vie très misérable, très grise et en même temps très prévisible. […] Ce sont deux personnes qui se retrouvent face à une situation qui les pousse vers un territoire dangereux, inconnu pour Maria, trop connu pour Endre. La question qui se pose est : vont-ils oser se jeter dans cet inconnu ? »
Interview de la réalisatrice Ildikó Enyedi pour aVoir aLire
Regarder la bande annonce
L’ÉTRANGE AFFAIRE ANGELICA, de Manoel de Oliveira
(POR + ESP + FR – 2009 – VOST – 1h35)
– Une nuit, Isaac, jeune photographe et locataire de la pension de Dona Rosa à Régua, est appelé d’urgence par une riche famille afin de faire le dernier portrait de leur fille Angélica, une jeune femme morte juste après son mariage.
Dès qu’Isaac regarde la morte, elle lui sourit et ne (re)vit que pour lui. Il en tombe instantanément amoureux. Dès lors, Angélica le hantera nuit et jour, jusqu’à l’épuisement. Le charme de L’Étrange Affaire Angélica réside dans la façon dont l’auteur équilibre ce mysticisme avec les affaires de la vie quotidienne : les bavardages de sa logeuse, le travail des paysans, le bruit de la rue…En 2010, à 102 ans, Manoel de Oliveira, avec rigueur et simplicité, signe cette belle histoire de fantômes qui nous met au défi de voir la continuité absolument ininterrompue entre la vie et la mort. (J.F.-P.)
Regarder la bande annonce
MY OWN PRIVATE IDAHO, de Gus van Sant
(US – 1992 – VOST – 1h45)
– Mike et Scott vivent parmi les marginaux de Portland. Ils partagent tout : de al drogue aux hommes et femmes à qui ils se vendent. Mike ne cache pas son amour à Scott qui se refuse pourtant à lui. Ensemble, ils prennent la route pour retrouver la mère de Mike…
Road movie atmosphérique (la fuite des nuages…) et mélancolique dans le milieu des marginaux et de la prostitution masculine. Par le biais d’insertion subtiles de dialogues shakespearien qui se fondent idéalement dans le scénario, ce film assume totalement son côté théâtral à travers les personnages de Scott, fils rebelle du maire de Portland et de Bob, roi des clochards et maître à penser inspiré du personnage de Falstaff.
Difficile d’oublier la beauté irradiante des deux héros, Keanu Reeves à ses débuts, tout en intériorité et retenue et River Phoenix, ange déchu en quête de sa mère, au physique de James Dean. (C.I.)
Regarder la bande annonce
PRINCESS BRIDE, de Rob Reiner
(US – 1988 – VOST – 1h38)
– Pour divertir son petit-fils, alité pour une mauvaise grippe, un homme commence à lui raconter une histoire qu’il a entendue souvent au cours de son enfance : celle de la princesse Bouton d’or. Après la mort de son fiancé Westley, assassiné par des bandits, la belle jure de ne plus jamais aimer personne…
Des blagues, des coupes de cheveux et des répliques politiquement très incorrectes, une princesse infichue d’assommer un Rongeur de Taille Inhabituelle en train de dévorer son bien-aimé alors qu’elle a une bûche à la main et surtout une BO entièrement composée avec le son trompette du meilleur synthétiseur des années 80 : voilà ce qu’il vous faudra assumer devant vos neveux ou nièces, enfants ou petits-enfants ébahis. À part ça, si avant d’y aller iels vous demandent s’il y a de l’action, faites confiance à Columbo et dîtes comme lui : « Oh il n’y a que ça ! : bagarres, duels, tortures, vengeances, géant, monstres, poursuites, évasions, amour Vrai, miracle. »
Et surtout, n’oubliez pas que Rob Reiner est la même personne qui a réalisé Spinal Tap et Stand by me, qu’un conte de fées où la Princesse Fiancée s’entend dire « S’il vous plaît, considérez-moi comme l’alternative au suicide » à un quart d’heure de la fin par son perfide futur époux n’est pas tout à fait un conte comme les autres. (A.B.)
Regarder la bande annonce
LES CHANSONS D’AMOUR, de Christophe Honoré
(FR – 2007 – 1h40)
– Toutes les chansons d’amour racontent la même histoire : « lI y a trop de gens qui t’aiment »… « Je ne pourrais jamais vivre sans toi »… « Sorry Angel ». Les chansons d’amour racontent aussi cette histoire-là.
Les comédies musicales sont rapidement agaçantes. Ou gênantes. Un peu comme les films Disney d’aujourd’hui – avez-vous remarqué que plus on avance dans le temps, plus le temps entre chaque chanson s’amenuise dans les Disney ? Quelques exceptions confirment la règle : Demy bien sûr, et Honoré, enfant de Demy justement, ça a fini par se voir… Pas facile de faire chanter des comédien·nes. Les Chansons d’amour est une franche réussite parce que la bande originale est brillamment composée par Alex Beaupain (qui s’est vu auréolé d’un César pour ce travail). Nous sommes nombreux·ses à avoir acheté l’album après le film et à nous souvenir encore de quelques vers. Et puis, chaque chanson raconte quelque chose que les dialogues ne nous disent pas évitant ainsi les bons sentiments, le pathos, le drame absolu qui est pourtant glaçant : la perte de l’amour d’une vie. L’histoire est réelle puisqu’elle est inspirée de ce qui a vraiment changé la vie d’Alex Beaupain (Honoré et le compositeur sont amis), mais étonnamment jamais plombante parce que teintée de la joie de l’expérience de l’amour. Qu’il soit libre, salvateur ou tenté par les expériences. « Petit salaud, ton jeu est clair, tu veux tout sans rancune… » (C.B.)
Regarder la bande annonce
UNE PASSION, d’Ingmar Bergman
(SWE – 1969 – VOST – 1h50)
– Quatre personnes se rencontrent sur une ile, et un fou tue les animaux.
Bergman ? Passionné par le couple ? C’est peu de le dire. Au sein du Conseil de programmation, nous avons longuement hésité entre Scènes de la vie conjugale – ce sera peut-être pour un futur hypothétique cycle sur les ruptures… qui sait ? – Une leçon d’Amour et cette Passion, moins connue et formellement plus qu’intéressante. Quand la mort d’animaux illustre tout ce qui ne va pas dans le couple, le tout coupé par les interviews des comédien·nes qui parlent des personnages qu’iels incarnent… (C.B.)
Regarder la bande annonce
JULES ET JIM, de François Truffaut
(FR – 1962 – 1h45)
– Paris, dans les années 1900 : Jules, allemand et Jim, français, deux amis artistes, sont épris de la même femme, Catherine. C’est Jules qui épouse Catherine. La guerre les sépare. Ils se retrouvent en 1918. Catherine n’aime plus Jules et tombe amoureuse de Jim.
Truffaut n’a pas 30 ans quand il réalise en 1960 ce classique de la nouvelle vague. Cette jeunesse transparait dans l’une des tragédies les plus joyeuse du cinéma, portée par le charme et la pétulance des acteurs et de Jeanne Moreau en particulier. L’histoire d’un amour tendre et fou, de 2 hommes, l’un français, l’autre allemand pour une femme libre en 1910. Hymne à l’amour libre, c’est aussi le récit d’un drame amoureux, de la douloureuse impossibilité du choix, une histoire de triangle amoureux qui finit mal.
Si ce film est aussi vivant c’est sans doute qu’il est inspiré d’un coup de cœur de Truffaut pour le 1er roman de H-P Roché. Après leur rencontre 5 ans avant la réalisation de ce film, il écrira dans les cahiers du cinéma : « L’un des plus beaux romans que je connaisse est Jules et Jim qui nous montre, sur toute une vie, 2 amis et leur compagne commune, s’aimer d’amour tendre et sans presque de heurts grâce à une morale esthétique et neuve sans cesse reconsidérée. » Et ce livre, bien plus qu’un roman était un récit largement autobiographique, une véritable déclaration amoureuse à celle qui deviendra la mère de Stéphane Hessel, Helen Grund, femme libre avant tout. (N.F.)
Regarder la bande annonce