Au XVIe siècle, le potier Genjuro et le paysan Tobeï abandonnent leur village ravagé par la guerre civile et partent à la ville, laissant leurs femmes derrière eux. De nombreux malheurs vont mettre leurs rêves de fortune et de gloire à l'épreuve.
Un film de fantômes inspiré de la tradition du nō, l'un des chefs-d'œuvre du cinéma japonais. Mizoguchi obtient une reconnaissance européenne avec ce conte cruel et envoûtant (Lion d'argent à Venise), grandiose évocation des expressionnistes allemands, qui confronte le mélodrame à la tentation du fantastique. Une fuite illusoire vers le bonheur, une lutte pour le pouvoir, dont les femmes sont les premières victimes. On trouve dans le cinéma de Mizoguchi tout l'imaginaire occidental de l'Orient japonais : les paysages embrumés, les histoires de fantômes, les fantasmes érotiques. Les Contes de la lune vague après la pluie en est la quintessence. S'inspirant de contes japonais et de nouvelles de Maupassant, le cinéaste y dépeint des personnages aussi archétypaux qu'actuels, prenant comme toujours le parti des femmes. Victime sociale du désir masculin, la femme assume seule la réalité, quand l'homme vit dans l'avidité, l'ambition et le besoin de domination.En 1953, lorsque le film sort et obtient le Lion d'argent à la Mostra de Venise, il installe le cinéma nippon parmi les plus importants du monde, artistiquement. Devenu un classique des plus admirés, il ne cesse d'éblouir tant par la beauté de ses images, d'une poésie surnaturelle sans pareille, que par la précision et l'élégance de la mise en scène, où chaque mouvement des personnages reflète l'expression de leur sentiment. Une fable universelle, un enchantement cinématographique intemporel.
– La Cinémathèque française.