Dans le Paris des années 30, le jeune Hugo est un orphelin de douze ans qui vit dans une gare. Son passé est un mystère et son destin une énigme. De son père, il ne lui reste qu’un étrange automate dont il cherche la clé - en forme de cœur - qui pourrait le faire fonctionner. En rencontrant Isabelle, il a peut-être trouvé la clé, mais ce n’est que le début de l’aventure…
Rob Legato avoue aisément « ne pas reproduire ce que l'on voit mais ce dont on se souvient ». Soit, pour Hugo, le Paris des Années 30, la gare Montparnasse et surtout, Georges Méliès. Une aubaine pour démontrer que le pont spatio-temporel du cinéma est un jeu d'enfant, que la technique est au service de l'étonnement, en 1902 comme en 2011. Il s'agit de reconstituer mais certainement pas de simuler, en atteste la vertigineuse scène d'ouverture en steadicam et 3D, ses cinq plateaux, ses deux acteurs, le tout pour l'illusion d'un seul plan. Tourné en relief stéréoscopique (caméra Alexa/ARRI, encore prototype), Hugo témoigne du calibrage subtil entre un monumental travail de prévisualisation des décors, des mouvements de caméra et des figurants (cinématiques, modélisations et référencements par Nvizage) et une pharaonique post-production (Pixomondo). Le tournage réel – selon Legato, le mérite artistique et la créativité sont analogiques – est ainsi optimisé par la vue simultanée des éléments factices implantés sur moniteur, au contraire d'un tournage en écran vert. Scorsese joue à rebours l'ultra-technicité, reproduisant le grain pellicule, rajeunissant Ben Kingsley, prouesses en 3D. L'automate incarne la gémellité géniale d'Hugo – d'abord carcasse virtuelle assemblée via Mudbox, ensuite maquette réelle utilisée en priorité – puis dévoile la fameuse signature, sous le dessin d'une lune éborgnée par une fusée. Et, merveille, c'est comme si nous le découvrions pour la première fois.
Émilie Cauquy